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D'avides étrangers transportés d'allégreffe,
Engloutiffent déja toute cette richeffe,

Ces terres "

ces palais de vos noms annoblis. Et que vous refte-t'il en ces momens fuprêmes? Un fépulchre funébre, où vos noms, ou vousmêmes.

Dans l'éternelle nuit ferez enfevelis.

Les hommes éblouis de leurs honneurs frivoles,
Et de leurs vains flateurs écoutant les paroles,
Ont de ces vérités perdu le fouvenir.

Pareils aux animaux farouches & ftupides,
Les loix de leur inftin&t font leurs uniques guides,
Et pour eux le present paroît fans avenir.

Un précipice affreux devant eux se préfente;
Mais toujours leur raifon foumife & complaifante,
Au devant de leurs yeux met un voile impofteur.
Sous leurs pas cependant s'ouvrent les noirs abîmes,
Où la cruelle mort les prenant pour victimes
Frape ces vils troupeaux dont elle eft le pafteur.
Là s'anéantiront ces titres magnifiques,
Ce pouvoir ufurpé, ces refforts politiques,
Dont le jufte autrefois fentit le poids fatal.
Ce qui fit leur bonheur, deviendra leur torture;
Et Dieu, de fa juftice appaifant le murmure,
Livrera ces méchans au pouvoir infernal.

Juftes, ne craignez point le vain pouvoir des hommes;

Quelque élevés qu'ils foient, ils font ce que nous fommes.

Si vous êtes mortels, ils le font comme vous. Nous avons beau vanter nos grandeurs paffagères, Il faut mêler fa cendre aux cendres de fes peres; Et c'est le même Dieu qui nous jugera tous.

O DE IV.

TIREE DU PSEAUME XLIX.

Sur les difpofitions que l'homme doit apporter à la Prière.

L

E Rci des cieux & de la terre

Defcend au milieu des éclairs:
Sa voix, comme un bruyant tonnerre,
S'eft fait entendre dans les airs.
Dieux mortels; c'est vous qu'il appelle.
Il tient la balance éternelle

Qui doit pefer tous les humains.
Dans fes yeux la flâme étincelle,
Et le glaive brille en fes mains.
Miniftres de fes loix auguftes.
Efprits divins qui le fervez,
Affemblez la troupe des juftes
Que les œuvres ont éprouvez;
Et de ces ferviteurs utiles
Séparez les ames ferviles,
Dont le zèle oifif en fa foi,
Par des holocauftes ftériles
A cru fatisfaire à la loi.

Allez, faintes intelligences,
Exécuter fes volontés:

Tandis qu'à fervir fes vengeances
Les cieux & la terre invités
Par des prodiges innombrables,
Apprendront à ces miférables
Que le jour fatal eft venu,
Qui fera connoître aux coupables
Le Juge qu'ils ont méconnu.

Ecoutez ce Juge févère,

Hommes charnels, écoutez tous.
Quand je viendrai dans ma colére
Lancer mes jugemens fur vous,
Vous m'alléguerez les viâimes
Que fur mes autels légitimes
Chaque jour vous facrifiez :
Mais ne penfez pas que vos crimes
Par-la puiffent être expiez.

Que m'importent vos facrifices;
Vos offrandes & vos troupeaux?
Dieu boir-il le fang des géniffes?
Mange-t'il la chair des taureaux ?
Ignorez-vous que fon empire
Embraffe tout ce qui refpire
Et fur la terre & dans les mers?
que fon foufle feul inspire
L'ame à tout ce vaste univers

Et

Offrez, à l'exemple des Anges,
A ce Dieu votre unique appui,
Un facrifice de louange,
Le feul qui foit digne de lui.
Chantez d'une voix ferme & fûre,
De cet auteur de la nature

Les bienfaits toujours renaiffans:
Mais fachez qu'une main impure
Peut fouiller le plus pur encens..

Il a dit à l'homme profane :
Ofes-tu, pécheur criminel,

D'un Dieu dont la loi te condamne,

Chanter le pouvoir éternel?

Toi, qui courant à ta rune,
Fus toujours fourd à ma do&rine;
Et malgré mes fecours puiffans,
Rejettant toute difcipline,
N'a pris confeil que de tes fens.

Si tu voyois un adultére,
C'étoit lui que tu confultois.
Tu refpirois le caractére
Du voleur que tu fréquentois.
Ta bouche abondoit en malice;
Et ton cœur pétri d'artifice,
Contre ton frere encouragé,
S'applaudiffoit du précipice
Où ta fraude l'avoit plongé.

Contre une impiété fi noire
Mes foudres furent fans emploi:
Et voilà ce qui t'a fait croire
Que ton Dieu penfoit comme toi.
Mais apprend, homme déteftable,
Que ma juftice formidable
Ne fe laiffe point prévenir,
Et n'eft pas moins redoutable
Pour être tardive à punir.

Penfez-y done, ames groffières.
Commencez par régler vos mœurs.
Moins de fafte dans vos prières,
Plus d'innocence dans vos cœurs.
Sans une ame légitimée

Par la pratique confirmée
De mes préceptes immortels,
Votre encens n'eft qu'une fumée

Qui déshonore mes autels.

O DE V

TIREE DU PSEAUME LVII.
Contre les hypocrites.

S

I la loi du Seigneur vous touchc
Si le menfonge vous fait peur,
Si la juftice en votre cœur

Régne auffi-bien qu'en votre bouche;
Parlez, fils des hommes, pourquoi
Faut-il qu'une haine farouche

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Préfide aux jugemens que vous lancez sur moi
C'est vous de qui les mains impures
Trament le tissu détesté,

Qui fait trébucher l'équité
Dans le piége des impoftures:

Lâches, au cabales vendus,

Artifans de fourbes obfcures,

Habiles feulement à noircir les vertus..
L'hypocrite, en fraudes fertile,
Dès l'enfance eft pétri de fard:
11 fait colorer avec art
Le fiel que fa bouche distile;
Et la morfure du ferpent

Eft moins aiguë & moins fubtile,
Que le venin caché que fa langue répand..

En vain le fage les confeille,
lls font infléxibles & fourds.
Leur cœur s'affoupit aux difcours
De l'équité qui les réveille:
Plus infenfibles & plus froids,
Que l'afpic qui ferme l'oreille

Aux fons mélodieux d'une touchante voix.

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