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« d'un juge, dont la première démarche est de se << parjurer».

Aspice quid speres à judice, limine in ipso

Quem non ulla Dei vox metuenda ferit.

Tout cela est trop fort; il n'y a point de parjure où l'on ne veut tromper personne; mais l'usage de ce serment étoit absurde, et l'on a bien fait de le supprimer.

C'est à l'occasion de la vénalité, qu'en 1522 François I, selon Pasquier, mit sus le trésorier des parties casuelles, inconnu à tous ses prédécesseurs.

GUERRE.

François I aima trop la guerre, c'est un de ses torts; mais si les passions humaines rendent nécessaire cet art cruel, c'est un mérite de le perfectionner. Le choix des troupes, le choix des armes demandent toute l'attention d'un guerrier philosophe : le barbare ne veut que détruire, tous les moyens lui sont bons; le guerrier combine des opérations, et choisit les moyens.

Nous avons assez parlé de cette généreuse noblesse qui formoit la cavalerie françoise; il s'agissoit de se procurer dans la nation même une infanterie qui l'égalât. Charles VII avoit établi les francs-archers, ainsi nommés à cause des franchises et privilèges qu'il leur accorda. Chaque paroisse entretenoit un homme de ce corps, et le Roi, au besoin, mettoit sur pied en peu de jours quarante - deux mille hommes d'assez bonne infanterie. Louis XI, qui n'eut si souvent qu'une

fausse politique, négligea cette institution, parce que son père en étoit l'auteur; il aima mieux payer des Suisses. Charles VIII s'en servit aussi ; il eut pourtant Pasq. Rech. quelque infanterie françoise. Louis XII s'étant brouillé 1. 4, ch. 7. avec les Suisses, prit des Lansquenets, et augmenta un Franc. Daniel, Mil. peu l'infanterie nationale. François I, d'abord ennemi Dubos, Lig. des Suisses, prit des Lansquenets, puis ayant fait avec les Suisses la paix perpétuelle de Fribourg, il prit prélimin. à la fois des Lansquenets et des Suisses, et cependant il augmentoit encore l'infanterie françoise.

Outre les Lansquenets, les Suisses, et le peu d'infanterie nationale régulière qu'on avoit alors, les guerres d'Italie avoient formé des compagnies irrégulières de fantassins, nommés Aventuriers, à qui le pillage tenoit lieu de solde pendant la guerre, et le brigandage pendant la paix. C'étoient de semblables aventuriers que Charles V avoit envoyés détrôner le roi de Castille pour qu'ils laissassent respirer la France. François I eut beaucoup de peine à réprimer les désordres de leurs successeurs; il rendit contre eux des ordonnances sévères.

Jusqu'à lui l'infanterie n'étoit pas régulièrement séparée en corps différens. On donnoit à divers capitaines tantôt cinq cents hommes, tantôt mille, tantôt deux mille à commander. Dans le loisir que lui donna la paix de Cambrai, François I, instruit par la lecture des anciens, conçut en 1533 un nouveau plan d'infanterie nationale régulière; c'étoient des légions formées sur le modèle des légions romaines. Il en créa sept, chacune de six mille hommes; il désigna les provinces où elles devoient être levées; une en Normandie, une en Bretagne, une en Picardie, une en

de Cambr.

Dissertat.

Bourgogne; la Champagne et le Nivernois réunis devoient en fournir une, ainsi que le Dauphiné, la Provence, le Lyonnois et l'Auvergne, pareillement réunis. Le Languedoc devoit fournir la septième. On devoit en lever une huitième dans la Guyenne, mais seulement pour la garde des places du côté de l'Espagne.

Ces légions furent divisées en six compagnies de mille hommes chacune, commandée par un capitaine, deux lieutenans et deux enseignes. Pour qu'elles fussent toutes prêtes à marcher au premier ordre, les capitaines devoient avoir des rôles qui continssent le nom, le surnom et la demeure de chaque soldat. François I accorda aux légions les mêmes privilèges que les francs-archers avoient eus sous Charles VII. Il fit à l'occasion de l'établissement de ces légions un traité de la Discipline militaire, dont les guerriers et les savans ont dit beaucoup de bien, même depuis sa

mort.

Quant aux armes, l'Histoire générale de la guerre nous offre quelquefois une espèce d'équilibre entre l'attaque et la défense, entre l'art de détruire et l'art de conserver, entre les armes offensives et les défensives. Quand une industrie infernale a inventé quel→ que nouvel instrument de destruction, une industrie bienfaisante s'applique à en chercher le remède. Chez les anciens, il n'y avoit point d'arme contre laquelle le guerrier n'eût une défense suffisante; c'étoit à l'adresse à en faire usage. L'adresse, la force, et l'audace sans laquelle il n'y a ni force ni adresse, décidoient seules du succès. Même dans des temps modernes, le gendarme invulnérable et immobile, opposoit à tous les coups, des remparts d'acier que rien ne pouvoit forcer. Les ar

quebuses à croc commencèrent à les entamer; cette arme étoit fort en usage sous François I. Bayard et Vandenesse en furent accablés à la retraite de Romagnano, et les progrès de l'artillerie ont insensiblement rompu l'équilibre, et détruit toute proportion entre l'attaque et la défense. Il n'y a plus de défense contre l'artillerie, que l'artillerie même lorsqu'elle démonte des batteries; elle a fait cesser l'usage des armes défensives et celui des machines de guerre, parce qu'elle est tout à la fois et une arme absolument inévitable, et la plus puissante de toutes les machines de guerre. Plus destructive que celles-ci, elle est pourtant, dit-on, moins meurtrière que les armes blanches, dont elle a aussi rendu l'usage moins fréquent,

Il y eut encore sous François I un grand maître des arbalétriers. C'étoit un des grands officiers de la couronne, qui avoit la surintendance des machines de guerre, avant l'invention de l'artillerie. La liste de ces grands maîtres commence sous saint Louis et finit sous François I. Lorsque l'artillerie fut inventée, l'usage des machines de guerre ne cessa point encore. Ce furent les grands accroissemens que reçut l'artillerie sous François I, par les soins de Galiot de Genouillac, qui le firent cesser. Aymar de Prie fut le dernier Milic. Franc. grand maître des arbalétriers, et dans la suite il n'y eut plus que des grands maîtres de l'artillerie. On a remarqué qu'à la bataille de Pavie, François I avoit jusqu'à quatre mille chevaux pour son seul parc d'artillerie; aussi Galiot de Genouillac, qui avoit déjà eu tant de part à la victoire de Marignan, auroit-il gagné seul avec son artillerie, la bataille de Pavie, si le Roi l'avoit laissé faire.

MARINE, NAVIGATION, COMMERCE.

L'état de la marine en France a beaucoup varié. II ne paroît pas qu'avant François I on se fût proposé de la rendre perpétuelle, du moins ce projet n'a point été suivi. Ce furent toujours les ennemis de la France qui la forcèrent d'avoir une marine, comme les Carthaginois y avoient forcé les Romains.

Sous la race mérovingienne, Théodoric, fils de Thierri I, remporte une victoire navale sur Cochiliac, roi des Danois, et Gontran, roi de Bourgogne, est battu par Leuvigilde vers les côtes de Galice; on trouve aussi sous cette même race, une expédition maritime de Charles Martel contre les Frisons.

Sous Charlemagne, où nulle partie de l'administration n'est négligée, la marine est florissante. Ce grand prince avoit pleuré, en voyant d'une ville maritime du Languedoc, les navires des pirates normands infester la Méditerranée et menacer les côtes de la France. Sa vigilance suspendit les maux que sa prévoyance redoutoit; il avoit des vaisseaux armés à l'embouchure de toutes les rivières et dans tous les endroits exposés à des descentes. Pour subjuguer les Abares, et pousser ses conquêtes jusqu'aux extrémités du Danube, il vouloit joindre l'Océan avec la mer Noire, par un canal de communication entre le Danube et le Rhin.

Les successeurs de Charlemagne firent comme ceux Dan. Mil. d'Alexandre, ils divisèrent et détruisirent tout ce que Franç. Charlemagne avoit réuni et formé.

Les premiers rois de la troisième race n'eurent

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