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Ps. 117,

<< ne faut que casser un alambic pour les mettre au «< compte de la bonne femme ».

Rabelais, livre 1, chapitre xxxIII, cite une farce du Pot au Lait, où un cordonnier calcule comme la laitière de Des-Perriers. M. de la Monnoye, sur ce conte de Des-Perriers, cite plusieurs autres contes qui paroissent en être imités.

Le fameux conte des Lunettes, dans La Fontaine, est tiré de la nouvelle 64, de Bonaventure DesPerriers.

Tout le monde sait l'histoire d'un homme, qui, n'ayant pu être reçu membre d'une compagnie, en devint le chef par un coup d'autorité, et qui s'appli quant ce verset:

Lapidem quem reprobaverunt ædificantes, hic vers. 21. factus est in caput anguli.

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« La pierre qui avoit été rejetée par ceux qui bâtissoient, est devenue la principale pierre de l'angle », reçut à l'instant, pour réponse, le verset

suivant :

A Domino factum est istud, et est mirabile in

oculis nostris.

<«< C'est le Seigneur qui l'a fait, et nos yeux le voient << avec admiration ».

Des-Perriers fait de cette histoire le sujet de sa cent vingt-sixième nouvelle. Il prétend qu'un jeune homme qui avoit eu l'agrément du Roi pour une charge de conseiller au Parlement, ayant été refusé deux fois, fut enfin reçu par ordre exprès de François I, qui dit aux députés de la compagnie : Quand vous aurez un fol parmi vous, n'êtes-vous pas assez sages pour vous

et pour lui? Mais le conte est mal fait, car pour que l'application des deux passages fût juste, il auroit fallu que ce jeune homme eût été fait premier président.

Parmi les difficultés recherchées de ce temps-là, on peut compter l'usage introduit par Marot des réponses par monosyllabes rimés. En voici un exemple.

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Sur ce modèle, Bonaventure Des-Perriers, nouvelle soixante, suppose un moine, qui trouve l'occasion d'un bon souper, occasion toujours trop rare pour son goût et son appétit, et qui, ne voulant pas perdre un coup de dent, est pourtant obligé de répondre aux questions dont on l'accable tout exprès : il prend le parti de répondre à tout par monosyllabes, et l'auteur prépare tellement les réponses par les ques tions, que tous ces monosyllabes sont rimés.

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Bonaventure Des-Perriers et Henri-Etienne, racontent qu'un grand seigneur, qui croyoit savoir le

Latin, se mêlant d'interpréter à François I une lettre latine de Henri VIII, lui dit que le roi d'Angleterre envoyoit à Sa Majesté douze mulets, et demanda ce présent pour lui. Le Roi, fort étonné d'un pareil envoi, dit qu'il ne concevoit rien à ce présent de mulets, et qu'il les vouloit voir. Cependant il donna la lettre à lire à quelques savans, qui virent que c'étoient douze dogues d'Angleterre, duodecim molossos, que Henri VIII envoyoit au Roi; le premier interprète crut bien réparer sa méprise en disant qu'il avoit lu muletos au lieu de molossos. La sottise de ce seigneur prouve cependant la révolution que l'exemple du maître commençoit à opérer. Ce grand, qui, pour plaire à François I, vouloit paroître savoir ce qu'il ignoroit, trente ans auparavant se seroit peut-être piqué d'ignorer même ce qu'il savoit.

Telle étoit, sous François I, la littérature nationale avec tous ses agrémens et toutes ses imperfections. Finissons par observer que sous ce même règne, Amyot s'illustroit déjà, et que Montagne se formoit.

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Mémoires sur quelques hommes célèbres dans les lettres sous François I.

Nous consacrons ce chapitre à un petit nombre

choisi de littérateurs célèbres, dont nous n'avons point encore parlé, ou que nous n'avons pas eu occasion de faire connoître suffisamment.

Parmi les premiers s'offre d'abord Henri Corneille Agrippa. Cette homme singulier, qui a vécu partout, comme il arrive à ceux qui ne peuvent vivre nulle part, a vécu assez en France pour pouvoir être mis au nombre des auteurs françois. L'énumération seule de ses voyages, de ses divers séjours et de ses différentes professions suffit pour peindre son inconstance. Né à Cologne, le 14 septembre 1486, d'une famille noble, il fut secrétaire de l'empereur Maximilien, puis militaire, docteur en droit, médecin, théologien. Il étoit en France avant 1507, en Espagne en 1508, à Dole en Franche-Comté en 1509. Là, se voyant persécuté par les moines, il voulut leur opposer les femmes ; il fit un traité en leur faveur; il l'intitula, de l'Excellence des Femmes. La persécution fut la plus forte; il s'enfuit en Angleterre (1510), où il travailla sur les épîtres de saint Paul; il revint à Cologne; il alla faire la guerre en Italie, puis il se fit théologien du concile de Pise (1511). Il se réconcilia ensuite avec les papes qu'il avoit mortellement offensés par cette seule qualité; il alla enseigner la théologie à Pavie et à Turin (1515); sur quelque nouvel orage, il se sauva de cette dernière ville et vint à Metz, où il fut syndic et orateur de la ville (1518). Les moines, qui vouloient qu'il n'y eût qu'une Madeleine, vouloient en revanche que sainte Anne eût eu trois maris, et le Févre d'Etaples, qui avoit trouvé trois Madeleines, ne trouvoit qu'un mari à sainte Anne. Double hérésie, selon les moines. Agrippa prit parti pour le Févre, et de peur d'être Bayle, art. brûlé, il quitta Metz et revint à Cologne (1520); il Agrippa. alla ensuite à Genève (1521), puis à Fribourg en

Suisse (1523); enfin il vint à Lyon (1524), obtint

une pension de François I, et entra au service de la duchesse d'Angoulême en qualité de médecin et d'astrologue; il étudia ses goûts et ses foiblesses pour les contrarier. La duchesse, qui croyoit à l'astrologie, lui demanda son horoscope; il ne voulut jamais la tirer. Elle haïssoit le connétable de Bourbon; il fit l'horoscope du connétable, et lui promit toute sorte de triomphes. On le chassa, et on le raya de l'état des pensions; il s'en vengea par des satyres où il appeloit la duchesse d'Angoulême Jézabel. Il voulut se retirer dans les Pays-Bas; il lui falloit un passeport du duc de Vendôme, qui le refusa long-temps, en disant : Je ne veux rien signer pour ce sorcier, et qui le donna enfin d'assez mauvaise grâce. Agrippa vint à Anvers en 1528. Marguerite d'Autriche le fit historiographe de l'Empereur; mais bientôt prévenue contre lui par des moines (1), elle alloit le chasser, lorsqu'elle mourut. Agrippa fit son épitaphe. Il fut mis en prison à Bruxelles (1531); il en sortit et revint à Cologne, puis il alla à Bonn (1533). Il lui prit fantaisie alors de revenir à Lyon (1535). Un foible souvenir de ses anciennes insolences, contre la mère du Roi, le fit arrêter, mais cette princesse étoit morte; Agrippa fut bientôt libre; il alla enfin à Grenoble, où il mourut, et même, selon quelques-uns, à l'hôpital. Il avoit vécu errant et malheureux, querellant les hommes et se fuyant lui-même, troublant la société, s'agitant dans la solitude. On l'a cru Luthérien, parce qu'il disoit quelquefois du bien des Réformés, en haine des Catho

(1) Il dit lui-même que, si elle ne fût pas morte, il alloit périr comme criminel de lèse-capuchon. Monachalis majestatis sacræque eucullæ reus.

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