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noître. Un jour il traversoit à pied une forêt dans le Rouergue, où un homme venoit d'être tué par des voleurs; le prévôt rencontre le Bâtard, il le voit en habit de soldat, et lui trouve mauvaise mine; il lui demande d'où il vient? - Que vous importe? - N'êtes-vous pas de ceux qui ont tué cet homme? - Quand cela seroit, qu'en voulez-vous dire? Le prévôt l'arrête, et le mène au prochain village pour lui faire son procès. Ah! disoit le Bâtard pour toute défense, vous vous jouez donc à moi! A la bonne heure je vous laisse faire. Le prévôt croyant qu'il le menaçoit de ses complices, n'en fut que plus ardent à instruire sommairement son procès; il veut l'interroger et commence par lui demander son nom. On vous l'apprendra, répond le Bâtard; ah! vous êtes un pendeur de gens! Le prévôt regardant ces discours comme un aveu du crime, le condamne en effet à être pendu, et le fait conduire au gibet. Le Bâtard triomphoit et ne cessoit de dire Ah! vous pendez les gens. « Par le « corbicu, monsieur le prévôt, vous ne pendistes ja« mais homme qui vous coútát si cher. Ah! vous vou«<lez savoir qui je suis, vous le saurez, vous le sau« rez, je vous en réponds ». Plus il bravoit, plus le prévôt pressoit l'exécution, afin de prévenir l'arrivée des voleurs, dont il se croyoit menacé. Le bourreau alloit faire son office, et le patient toujours menaçant, étoit déjà sur l'échelle, lorsqu'un homme qui se trouva là par hasard, et qui avoit beaucoup vu le Bâtard à la Cour, le reconnut, et se mit à crier : Que faitesvous, monsieur le prévôt? C'est un tel. Mot, mot, de par le diable, s'écria le Bâtard, laissez faire monsieur le prévôt, je veux qu'on lui apprenne à pendre les

Cent Nou

gens.

Le Bâtard n'eut point cette satisfaction; le prévôt ayant entendu son nom, le fit promptement descendre. Eh non, lui disoit le Bâtard, faites-moi pendre, monsieur le prévôt, je vous en prie; et toi, que ne le laissois-tu faire? dit-il à son libérateur, on lui eút appris à pendre les gens.

On trouve dans les cent Nouvelles nouvelles, et velles nouv., dans le baron de Foeneste, l'histoire d'un soldat du 75. nouv. Baron de parti bourguignon, qui, pour faire réussir une entreFoeneste, liv. prise contre la ville de Troyes, alors au pouvoir des 1, ch. 12.

Armagnacs, se fait prendre par les habitans comme espion, dans l'espérance qu'on le conduira aux fourches patibulaires placées hors de la ville, où le peuple occupé de ce spectacle, sera aisément surpris et restera sans défense, lorsque les Bourguignons, cachés dans un bois voisin, viendront fondre sur lui; cette périlleuse folie fut justifiée par le succès.

PORTRAIT EMBLÉMATIQUE DE FRANÇOIS I.

Feu M. le comte de Caylus a donné, en 1765, au cabinet des estampes du Roi, un portrait original de François I, peint par Nicolo dell'Abbate, élève du Primatice. Le tableau a neuf pouces de haut sur six pouces de large. François I y est représenté debout; il tient d'une main l'épée de Mars, de l'autre le caducée de Mercure, dont il a aussi les talonnières; il porte sur la poitrine l'égide de Pallas, sur les épaules le carquois de l'Amour; au-dessous est la trompe de Diane. Le peintre a voulu représenter sous ces cinq emblêmes les principaux caractères qui distinguoient son héros.

Ronsard a rendu l'idée du peintre dans ces huit vers.

François en guerre est un Mars furieux,
En paix Minerve et Diane à la chasse,
A bien parler Mercure copieux,

A bien aimer vrai amour plein de grâce;
O France heureuse! honore donc la face
De ton grand Roi qui surpasse nature.
Car l'honorant tu sers en même place
Minerve, Mars, Diane, Amour, Mercure.

L'estampe de ce tableau eût trouvé naturellement sa place à la tête de cet Ouvrage; deux raisons n'ont pas permis qu'elle y fût placée; l'une est que la réduction auroit été trop considérable, et que les traits de la figure étant extrêmement fins, seroient devenus difficiles à saisir dans le tableau ainsi réduit; l'autre est que Chenu vient de graver ce portrait avec grâce et avec force dans la même grandeur que l'original.

TITRE DE GRAND DONNÉ A FRANÇOIS I.

On ne peut douter que ce titre de Grand n'ait été donné à François I, puisque des auteurs contemporains nous l'apprennent et nous en disent même la raison. Théodore de Bèze, qui avoit vingt-huit ans à la mort de François I, dit que ce nom de Grand lui fut donné après sa mort. Plus haut il dit : Que d'un tacite consentement de tous, ce surnom fut attribué à François I pour la protection qu'il accorda aux lettres, plutôt que pour aucun autre exploict. Il faut observer que Théodore de Bèze n'est nullement favorable à François I, qui avoit persécuté sa secte, mais il rapporte un fait dont il a été le témoin.

Théod. de Bèze, Hist. des Egl. réf.

de Franc.l.1.

Brantôme, qui avoit environ vingt ans à la mort de François I, dit : Que ce nom de GRAND lui fut donné, non tant pour la grandeur de sa taille et corpulence, qui étoit très-belle, et majesté royale trèsriche, comme pour la grandeur de ses vertus, valeurs, beaux faits et hauts mérites, ainsi que jadis fut donné à Alexandre, Pompée, et à d'autres.

Pasquier, qui avoit aussi dix-neuf ou vingt ans à la mort de François I, l'appelle le Clément et Zélateur des bonnes-lettres.

Parmi les auteurs plus modernes, Mézerai et plusieurs autres l'appellent le Grand Roi et le Père des lettres.

Bayle parle aussi du titre de Grand incontestablement donné à ce prince, mais qui ne lui resta pas. On convient assez généralement que, s'il le mérita, ce fut surtout par son amour pour les lettres.

FIN DE L'HISTOIRE DE FRANÇOIS I.

TABLE

GÉNÉRALE ET RAISONNÉE

DES MATIÈRES.

N. B. Le chiffre romain indique le volume, le chiffre arabe la page; l'abréviation Voy. signifie voyez et renvoie à un autre article.

A

ADAM (Villiers de l'Isle ). Voy. VILLIERS.

ADORNE (Antoine), doge de Gênes, gouverneur pour Charles VI.
Malheurs qui affligèrent Gênes sous son gouvernement. 1, 72.
ADRIEN VI. Son élévation à la papauté après la mort de Léon X, 11,
50. Il prend possession de la tiare. 100. Son caractère, sa politique.
Ibid. et suiv. Sa mort. 159.

AGRIPPA (Henri-Corneille), littérateur distingué. Sa vie errante. v,
215. Sa naissance. Ibid. Il fut secrétaire de l'empereur Maximilien,
puis militaire, docteur en droit, médecin, théologien. Ibid. Son
traité de l'Excellence des Femmes. Ibid. François I lui accorde une
pension; il entre au service de la duchesse d'Angoulême en qualité
d'astrologue et de médecin. 216. Ses ouvrages et sa vie. Ibid. Sa
mort. Ibid. Sa bizarrerie et ses contradictions en matière de reli-
gion. 217.

AIGUES-MORTES. Entrevue de l'empereur Charles V et de Fran-
çois I dans cette ville. 111, 274.

AIX-LA-CHAPELLE. Charles V y fut couronné empereur. 1, 263.
L'empereur Charlemagne y fixa son séjour. 345.

ALBANIE ( le duc d'). Sa plaisanterie à l'entrevue de Marseille entre
le pape Clément VII et François I. v,

259.

ALBE (le duc d') combat l'opinion de l'évêque d'Osma pour la reddition de François I, prisonnier à la bataille de Pavie. 11, 283.

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