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Mais non, ne craignons rien, ils n'ont pu s'y tromper,
Nul terme de travers n'a pû leur échaper;
Et d'ailleurs quand ce Dieu qui t'agite & t'inspire,
Te dicte ces beaux vers que la Province admire,
Doit-on dans les tranfports de ces nobles accès
Sur un mot mal placé t'aller faire un procès ?
Semblable à ces torrens qui du haut des montagnes
Viennent à grand fracas inonder les campagnes
Doit-on te reprocher fi, dans leur majesté,
Tes vers n'ont pas toûjours autant de pureté,
Qu'on voit en ces ruiffeaux qui gardent dans leur

course,

Cette même beauté qu'ils tirent de leur fource?

Et pourquoi m'arrêter à tous ces vains propos? Pourquoi m'épouvanter des cris de ces corbeaux Il faut qu'à haute voix ici je le publie

Oui, j'oferai le dire, en dépit de l'envie,
Habitans d'Hélicon foumettez votre orgueil,
Et rendez en ce jour hommage au grand Santeuil.
Qui de vous comme lui, dans fes vives boutades
Tel qu'un thyrfe à la main s'élançoient les Menades,
Paroît jettant partout des regards furieux,

L'écume dans la bouche & le feu dans les
Est-il à fon abord mortel qui ne frémisse,

yeux ?

Quand on le voit errant d'un air de Pythoniffe,
Porter de tous côtez d'un pas précipité
Le terrible Démon dont il est agité ?

Et cependant, ô ciel! devant toute la terre,
Un jeune homme infolent lui déclare la guerre ;
L'ingrat refpire encor en fon crime endurci :
Quoi donc ! esperes-tu nous échaper ainfi ?
Non tandis que faisi d'une frayeur stérile
En fuyant vers Rouen tu cherchés un azyle,
La Seine engloutiffant ton crime fous fes eaux
Vengera par tá mort l'honneur de fon Héros :
Mais non, ce feroit peu, la peine est trop légere.
Enfin j'en découvre une égale à ma colere ;
Tu vas périr, cruel, le fupplice eft tout prêt;
Frémis en entendant ce redoutable arrêt.. ir

Chargé de rudes fers, dans une humble posture,
Plus mort qu'un criminel qu'on traîne à la torture,
Détestant dans ton cœur ton crime & ton orgueil,
Tu paroîtras, perfide, & tu verras Santeuil,
Qu'il fçaura bien alors punir tón imposture,
Quand armant contre toi fon affreufe figure,
Les deux bras en défordre élancez dans les airs,
Tel qu'il eft quand il fait ou récite des Vers,
Tout prêt à t'engloutir, ouvrant un large gouffre, :

D'où tu verras fortir & la flamme & le fouffre
D'une voix de tonnerre imprimant la terreur,
te dira cent fois, fcélérat, impofteur!
C'est alors qu'éperdu, reconnoiffant ton crime
De Santeuil irrité pitoyable victime,
D'un repentir tardif implorant le fecours,
Tu voudras le fléchir par tes triftes discours;
En vain, pour terminer la peine qui t'eft dûë
Une froide fueur dans ton corps répanduë,
fra glacer ton fang figé dans fes canaux,
Ira durcir tes nerfs, pétrifier tes os

En marbre transformé tu feras dans la France
Un rare monument d'une illuftre

vengeance. Ah! fi fur toi Santeuil lancé un regard mutin, Tu se peux de Niobe éviter le destin.

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PIECES MÊLÉES.

PLAINTES

SUR LA LENTEUR ET LA NEGLIGENCE DU MESSAGER DU MANS.

C

E n'eft point l'interêt, ni l'amour de la

gloire,

Qui me fait en ce jour importuner les

cieux ;

Je n'ai rien à prétendre au temple de Mémoire,
Le vif éclat de l'or n'ébloüit point mes yeux :
De ces foibles honteux mon ame préservée
N'écoutera jamais de fi bas fentimens ;

Tout ce que je demande, eft la
Du Meffager du Mans.

prompte

arrivée

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Déja plus de vingt fois le foleil & la lune
Ont regné tour à tour,

Depuis que je languis dans ma trifte infortune.
Déja la lumiere du jour

A vingt fois pour le moins fait place à la chandelle,
Sans que, durant un si longtems

On ait vû dans ces lieux la noble haridelle
Du Meffager du Mans,

Cependant je languis, & ma douleur profonde
Me fait perdre le jugement:

Qu'avez-vous, me dit tout le monde?

Vous êtes depuis peu tout je ne fçai comment.
Helas! fi l'on fçavoit la cause

De ces maux cruels & preffans!

Si l'on fçavoit ; & quoi? Non, je ne puis, je n'ofe, Et je ne le dirai qu'au Meffager du Mans.

Quel Démon cruel & barbare

Si longtems l'arrête en chemin?

Quel ennemi fecret, quel envieux destin,
L'un de l'autre tous deux fi longtems nous fépare?
Non, je ne puis fouffrir tous ces retardemens,
Je veux moi-même aller le chercher & le fuivre,

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