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EPITRE III.

A MONSEIGNEUR

L'EVÊQUE D'ANGERS.

Sur ce qu'il avoit mandé à l'Auteur, que n'entendant point parler de lui il l'avoit crû mort, & avoit dit nombre de De profundis à fon intention.

D

E vos nombreux & beaux De profundis;
Seigneur Prélat, bien grandmerci vous dis
Toûjours ai fait grand cas de vos prieres,
Toûjours de même en veux faire grand cas §
Mais celles-ci font un peu meurtrieres,
J'en ai tremblé, je ne cele pas.

De ma frayeur, peut-être allez-vous rire;
Et vous direz que je m'alarme à tort;
A tout cela je n'ai qu'un mot à dire,
Deprofundis, femble appeller la mort;
Et réciter dans la forme ordinaire
Avant le temps ce Pfeaume mortuaire,
C'eft réveiller, comme on dit, chat qui dort

Car que fçait-on ? lamort peu charitable,
Qui lors peut-être à moi ne pensoit pas,
Au trifte fon d'un Verfet lamentable,
fur fes pas;

Peut, revenant tout d'un coup

Se ravifer ; & comme il n'eft que chance,
Si la camarde alloit, fans autre avis,
Dire en portant contre moi la fentence:
Hapons toûjours celui-ci par avance,
Il eft loti de fes De profundis;

Seigneur Prélat, vous en auriez fans doute
Quelque regret, où je vous connois mal,

Et vous diriez dans le cœur il m'en coûte
Un ferviteur zelé, certe, & loyal.

Mais cependant j'en tiendrois pour mon compte
Et quand là-bas la mort nous a reclus,
Ne faut penfer qu'ici haut on remonte;
Depuis long-tems la mode n'en eft plus.
Bien eft-il vrai, fi l'on en croit l'hiftoire,
Qu'aux tems paffez il s'eft vû des Prélats,
A qui le Ciel pour couronner leur gloire
Permit d'ouvrir les portes du trépas.
Aux faints devoirs, comme eux, toujours fidele,
Vous poffedez leurs vertus & leur zele;
Comme eux auffi vous feriez, je le croi,

En un befoin quelque prodige infigne,
Du Toutpuiffant l'affiftance benigne
N'en voudroit pas démentir votre foi:
Mais s'il falloit, comme j'en fuis peu digne,
Que tel indult ne tombât pas fur moi,
Que mes méfaits y miffent quelque obftacle,
Je pourrois bien refter dans le grabat;
Pour le plus fûr mieux vaut, Seigneur Prélat,
Vous épargner la façon d'un miracle. bo!
Laiffons la mort fans lui hocher le frein,
Paifiblement paffer fon droit chemin;
Allez déja fur nos jours elle rogne:
De fes fourriers le dangereux effain
N'amenera que trop tôt notre fin,

tôt notre fin, benso co

Ne hâtons point, s'il vous plaît la befogne

Dès qu'une fois, de fa fatale main,

La mort viendra terminer ma carriere, ola

Et que garni d'un furtout de fapin,

Elle m'aura, narguant le Medecin,

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Tout de mon long mis dans fa gibéciere A
Chantez alors & Pleaumes & Leçons ob
Répons, Verfets, & Profes, & Vigilesnin
Et Requiem de toutes les façons,

Pour les défunts ce font meubles utilesį simman D

Et j'en veux bien quand le cas écherra s
Mais à préfent treve de Libera.

Graces au Ciel qui formant ma machine,
Me prémunit d'un bon temperament,
Je ne connois eftomac ni poitrine,
Et rien encor chez moi ne fe dément.
Si c'est en moi la bile qui domine,

Si c'est le fang, ou le flegme, & comment ?
Que qui voudra le cherche & l'examine,
Je ne m'en mers en peine nullement.
Toûjours mon pous de même pas chemine,
Et dans fon cours eft troublé rarement.
Contre la fiévre, & fa fureur mutine
Sans employer ni drogue ni racine,
La diete eft tout mon retranchement,
J'honore fort toute la médecine,
Et par respect j'en use fobrement.
Conclufion, je me porte à merveille
Or fur cela, voici mon compliment:
Tant qu'ici-bas bien mangeant, bien dormant,
Je jouirai d'une fanté pareille,

;

De vos nombreux & beaux De profundis,
Seigneur Prélat, bien grandmerci vous dis.

Madada da HaMaMo. EPITRE IV.

A MONSIEUR***

EN ai promis, le fait est tout conftant

JE

De le nier je ferois grand fcrupule,

Promis des Vers, bon ou mauvais, s'entend,
Tout de nouveau je les promets d'autant,
Voire s'il faut, vous en ferai cedule
Mais que cela foit de l'argent comptant,
Nenni Déa, non, ne foyez fi crédule.
Ce font deux points que promettre & tenir

Quant au premier, j'y confens avec joye
Pour le prefent, comme pour l'avenir
Les prometteurs Dieu puiffe-t-il bénir
Promeffes font des paroles de foye,
Chiche n'en fuis, j'en ai toûjours en voye,
A tout venant je fuis prêt d'en fournir
Onc pour fi peu ne me ferai honnir,
Tant qu'on voudra j'en donne & j'en envoye
Mais à l'effet fi l'on prétend venir,

Je n'y fuis plus, c'eft une autre monnoye.

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