Et fe fçavoit très-bon gré dans le cœur,
De n'avoir point mis à plus forte épreuve
Une vertu fi fragile & fi neuve,
Il en pouvoit arriver du malheur.
Il en frémit, & fur cette pensée,
Croyant l'affaire affez avant pouffée,
Sort vers la Dame, avec un ris mocqueur,
Un revenant eût fait moins de frayeur,
Et vîte & vite, on fe fauve, on détale,
Mais à pieds nuds, l'on ne court pas fi fort;
Le mari joint la Dame dans la falle,
Hé bien, dit-il, dès le premier abord,
Que penfez-vous de la pomme fatale ?
Eve, à present, a-t'elle si grand tort?

ODE A MARS

SUR LA NAISSANCE

DE MONSEIGNEUR
LE DUC

DE BRETAGNE

True Dies des

Oi que tout le monde détefte,

Cruel Dien des fanglans combats,

Qui te fais un plaifir funefte
Du renversement des Etats;
Dans le fouci qui m'intereffe,

Mars, c'est à toi que je m'adresse
Sufpens ton courroux rigoureux;
Quand devant toi tout fuit, tout tremble
Il doit t'être affez doux, ce femble,
Que j'ofe t'adreffer des vœux.

Je fçai qu'à ceux que je vais faire
Ton cœur d'abord va s'alarmer ;
Peut-on efperer de te plaire,
En tachant de te défarmer?
Garde-toi de m'en faire un crime,
C'est ton intérêt qui m'anime,
Mon zele cherche à se fervir;
Et fi tu confens à m'entendre,
Tu t'emprefferas de nous rendre
Les armes qu'on te veut ravir.

* En 1707.

ODE GALLICE AD MARTEM IN NATALIBUS

SERENISSIMI

BRITANNIA DUCIS

INTERPRETATIO.

INvifum populis atque exitiabile Numen

Bellorum dire inventor, quem funditus alta Dejeciffe juvat fatali turbine regna; Hîc ego te fupplex, nec curâ preffus inani Armipotens compello! atros fufpende furores Et profit quod dum gladios flammafque ferentem Attonitæ fugiunt gentes, ego pronus ad aras Te venerer, votifque vocare haud territus aufim.

Illa quidem vultu primum indignatus acerbo Excipies reor; ecquis enim te fperet amicum, Dum tibi de manibus tentat convellere tela? Ne tamen hoc habeas fufpectum nomine vatem Infidiafve tibi blandâ fub voce parari

Credideris, decus ipfe tuum, tua commoda curo; Tantùm audi, quodque invito pia cura laborat

Extorfiffe manu ferrum, fponte ipfe remittes.

La Renommée a pû t'inftruire Du don charmant & précieux Que pour le bien de cet Empire A nos climats ont fait les Dieux. Ce don vaut mieux qu'une conquête : Mais pour en celebrer la Fête, De tes armes bannis l'effroi ; Tu le dois par reconnoiffance: Un Prince qui naît à la France, C'est un Héros qui naît pour toi.

Son Pere! tu peux le connoître, Foudroyant & victorieux, Sur le Rhin tu l'as vû paroître, Digne du nom de fes ayeux. Comme il a fçû fuivre la trace Marquée aux Princes de fa Race Par le Dauphin, après LOUIS; Digne Eleve de ces grands Mattres Ce qu'il apprit de fes Ancêtres Il fçaura l'apprendre à fon Fils.

Inftruit par des leçons fi belles Tu verras ce Héros naiffant, Se regler fur les grands modeles Qu'il aura trouvez dans fon Sang.. De fes Peres vivante image Il tachera par fon courage D'égaler leurs exploits fameux; Comme eux il aimera la gloire, Et de lui parlera l'Hiftoire, Comme elle parle déja d'eux.

Felix nempe tuas rumor pervenit ad aures Dulcia quàm nobis pretiofaque munera Divi Fecerunt, certam Regno latura falutem. Et jam præ tanto levis eft victoria dono: Fefta placet celebrare & juftos folvere honores At belli ftrepitum gratus removere memento. Quifquis enim Francorum alto de Sanguine Princeps Nafcitur Imperio, fimul & tibi nascitur Heros.

Burgundus tibi teftis erit ; quem fulmina dextrâ Torquentem vidiffe datum eft, Rhenique fub oris Victorem populorum & avito nomine dignum. Utque fuis calcata priùs veftigia preffit, Delphino monftrante viam, quam maximus olli Signarat Lodoix, tantis quæcunque magiftris Hæres magnorum non inficiandus avorum Præftitit, hæc eadem natus quoque difcet ab illo. Talibus inftru&tum ftudiis miraberis olim Virtutes & facta fequi memoranda Parentum. Majores refert non degener: inftar in ipfo Quantum erit! ut fimili conabitur æmulus arte Et patrium decus & veteres æquare triumphos. Nec minus egregio laudis tangetur amore; Atque ut Avos celebrant non uno nomine Fasti Sic tenerum dicent ventura in fæcla Nepotem.