C CONTE. Ertain vieillard natif de baffe Normandie 'Paffoit à bien plaider joyeusement fa vie. Jadis de fes parens il avoit herité,⠀ Non des Châteaux, des Terres, des Domaines, Mais beaux & bons procès, tous en maturité ; Il en devoit maint autre à fa capacité, A fes talens; le bien ne s'acquiert pas fans peine. Heureux dans la plûpart, à force de procès Il devint riche, & riche avec excès. Tout plaideur cependant, il est bon de le dire, Ou pour Car autrement je ne répons des frais. Exempt de tous les maux que la vieilleffe apporre, Notre vieillard avoit l'œil vif & le teint frais. L'estomac bon, & la voix forte. Si la fièvre venoit, mon homme au moindre accès, Au lieu de Quinquina, couroit d'abord aux plaids : Bartole étoit fon Hippocrate, Contre tous maux de cœur, ou de tête, ou de rate; Une cause jamais n'étoit bien assortie, Ou comme défendeur Le réfolu vieillard n'y tenoit sa partie, Touché de fa vieilleffe & de fon éloquence, Penfa prefque expirer : adieu le teint vermeil Accablé du coup qui l'affomme, A la bonté du Prince il a recours en fomme, Rendez-m'en tout au moins cinq ou fix, je vous. prie. On ne vit point hors de fon élement; Le Ciel crea la mer pour la gent aquatile, Comme l'air pour la volatile, Le procès pour le bas Normand. DE prévoyante & fage économie La Fourmi tient Academie. Elle l'enseigne en cent façons; C'eft ce que fit dans un certain canton Un peu de fucre, un peu de macaron, Serra le tout, & s'amufa, Comme l'on dit à la moutarde, Toute fiere de fon butin La bonne Dame un beau matin Eh bien, dit-elle, ma commere, Comment vont vos greniers pour le quartier d'hy ver? Affez bien, dit l'autre, & j'efpere Que durant le tems des frimats Le grain, s'il plaît à Dieu, ne nous manquera pas, Du grain, bon Dieu, du grain! y pensez-vous, ma chere? Et fi du grain! qu'on a chez vous Et pafferai l'hyver très-délicatement. Ah! grand bien false à votre Seigneurie, Du refte, excusez, je vous prie, |