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EPITRE XIV

A MONSIEUR PAJOT DES MARCHES

En 1711.

Il fept cent onze eft une bonne année,

ΜΕ

Mil fept cent douze aura lieu dans fon temps, Et vaudra bien peut-être fon aînée.

Mil sept cent treize entre après fur les rangs;
Puis mil fept cent quatorze & quinze & feize t
De feize à vingt le chemin n'eft fi long;
Et le ferez je crois bien à votre aife,
Joignons-en cinq pour faire un compte rond:
De vingt & cinq irez bien jufqu'à trente.
Quand y ferez, le bidet fut-il las,
Faudra pourtant encor doubler le pas
Jufques à tant que foyez à quarante.
Or mil fept cens quarante étant venu,
Bien étoffé, gros comme pere & mere,
Je fuis d'avis, fi n'avez mieux à faire,
Que de nous deux un chacun foit tenu

De comparoître à certaine journée
En certain lieu qu'on appelle Viri,

Pour décider de la meilleure année
De ces vingt-neuf: la chofe examinée,
Ce fera celle où vous aurez plus ri.
Jufqu'à ce temps, fi m'en

Et

croyez,

beau Sire, Rirez toûjours, ne fçauriez faire mieux, pour cela je fupplîrai les Dieux De vous donner fouvent fujet de rire. Sur-tout ces ris bien revûs en détail Pour le paffé l'affaire étant regléc, Nous fongerons à faire un nouveau bail : Votre famille y doit être appellée, Et fur cela ne vous plaindra fes foins. Puis ne voulant rien faire à la volée, Il fera bon d'avoir quelques témoins. Nous prendrons donc mes amis & les vôtres Tous bonnes gens, & tels qu'il nous les faut, S'y trouvera qui le voudra des autres, Et plaie à Dieu que n'y faffe défaut.

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EPITRE X V

Q

A MONSIEUR

A ** DE M

U'eft-ce donc, entre-nous, que cette fluxion, Qui fur vos pieds fe coulant par surprise, Les a mis depuis peu fous fa fujettion ? En vain fur ce point-là mon esprit fubtilise; Après un jour entier de méditation, Cette importante question

Chez moi refte encore indécife.
Je compatis beaucoup à votre affliction;
Mais comment,s'il vous plaît,faut-il qu'on la baptifex
On attend fur cela votre décifion.

Ne feroit-ce point une entorce?
Les Medecins difent que non.

Je les contredirois, fi j'en avois la force;
Pourtant faut-il que ce mal ait un nom.
Ne le pourroit-on pas qualifier d'enflure?
Ce nom qui conviendroit, ce me femble, affez bien,
Met à couvert de la cenfure

Et n'engage d'ailleurs à rien.

On pourroit même encor, s'ajuftant au theâtre,
Le décorer du nom de crampe opiniâtre,
De foulure de nerfs, de maligne tumeur,
Je ne fçais de ces noms lequel eft le meilleur.
Vous me direz, & que m'importe ?

La douleur qui m'accable occupe tous mes foins;
Qu'on baptise mon mal ou d'une ou d'autre forte,
Couché fur mon grabat je n'en fouffre pas moins.
Fort bien; mais ai-je tort pourtant, quand je suppose
Qu'un beau nom dans nos maux foulage notre ennui?
Quelque douleur
que le mal caufe,

J'ai cru fouvent remarquer qu'aujourd'hui
On s'inquiete plus du nom que de la chofe.
Mais lorsque vous aurez obtenu guerifon
De ce mal douloureux que fous maint fynonyme
J'indique doucement & qu'enfin pour raison
Dans mes vers je laiffe anonyme;

Informez-vous un peu, fi, comme je le crains,
Mon payeur que je crois galant homme fans doute,
N'auroit point par hazard, je ne dis pas la goute,
Mais du moins quelque crampe ou quelque enflure

aux mains.

PIECES CRITIQUES.

LA VALISE DU POËTE, On caprice au voyage de Lucienne proche de Marly.

ORSQUE je parts pour

la campagne,

Je fais toûjours de grands projets :
Poëtes font affez fujets

A bâtir châteaux en Efpagne,
pen de frais.

Et bâtiffent à

Pour moi d'abord je me figure,
Que quand je verrai des forêts,
Des colines, de la verdure,
Et que j'entendrai le murmure
Des ruiffeaux qui dans les Guerets,
Vont promener leur onde pure,

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