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Comment avoir cette manie,

Dans un lieu fi beau, fi charmant !
Où trouve-t'on plus d'agrément,
Une plus faine compagnie,

Moins de fafte, moins d'embarras,
De façon, de cérémonie,

Et quels biens n'y trouve-t'on pas?
Que dire de ces païfages

Où l'œil fe plaît à s'égarer;
Non, les Peintres dans leurs ouvrages,
Ne nous prefentent point d'images,
Qu'on puiffe bien leur comparer.
Je crois, pour moi, que la nature
S'eft fait elle-même un plaisir

De nous travailler à loifir
Une fi riante peinture,

C'est elle qui de fon pinceau

Nous a tracé dans ces prairies

Ce

que renferment de plus beau, Les campagnes les plus fleuries, Et nous en a fait un tableau. Tout y paroît grand & nouveau: La fcêne y change, & fe varie; A l'oppofite d'un Château

C'est une fimple bergerie :
Vous voyez dans un même tems
Mille objets, & tous différens,
Que fa main habile apparie :
Elle les confond à nos yeux,
Et fait briller son industrie,
Dans un défordre qui vaut mieux
Que la plus belle fymetrie,

Que j'aime à voir couler ces eaux
Qui trouvant diverfes barrieres,
Entrent dans différens canaux

Et font de nouvelles rivieres!

Mais, ô Dieux! qu'est-ce que je vois

Que de prodiges à la fois,

Quelle merveilleufe ftructure!

Je

me trompe, ou l'art envieux Semble vouloir en ces beaux lieux,

Le difputer à la nature,

N'est-ce point un enchantement,
Qui m'impofe agréablement?

L'onde s'éleve par étage,

Montant par cent tuyaux divers,
Et fe faifant avec courage

* La Machine de Marly.

Un nouveau chemin dans les airs,
S'empreffe d'aller rendre hommage
Au plus grand Roi de l'Univers,
Ici du haut d'une éminence,
Je la vois le précipiter;
Puis fe répandre & ferpenter

2

Dans ce charmant lieu de plaifance,
Ou LOUIS trouve tant d'attraits:
Là redoublant fa violence,

Elle entre en des conduits fecrets,
D'où vers le Ciel elle s'élance
Avec pompe & magnificence,
Et contribuant quelquefois
Au plaifir du meilleur des Rois
Elle en fait à toute la France.

Mufe, en voilà plus qu'il ne faut, Vous prenez votre vol trop haut,

Ce feroit être témeraire

De pouffer les chofes plus loin;
D'autres s'il faut le fçauront faire,
De votre art on n'a pas befoin,
Et vous feriez mieux de vous taire.
L'avis me femble falutaire.

Laiffons donc à d'autres ce foin.

Peut-être que c'est la pareffe,
Qui par surprise & par adreffe
Me fait cette belle Oraifon.
Je me rends pourtant, & je ceffe;
Car il faut que je le confesse,
Pour cette fois, elle a raifon,

A MONSIEUR

I. D. F. A. G. A. P.
Sur la décadence du bon goût,

Depuis un tems, mon filence en fait foi,

Dans vos Cantons n'oferois plus écrire, Grand Magistrat, fi demandez, pourquoi ? Tout bonnement je m'en vais vous le dire, A maint écrit qu'à Paris on admire

Ou

peu s'en faut, ne puis comprendre rien; Le ftyle en eft très-beau, je le vois bien ; Mais tel qu'il eft, fi n'y puis rien entendre, N'ai-je pas lieu d'apprehender qu'au mien Paris auffi ne puiffe rien comprendre?

Grand mal m'en veux, & ne fuis

peu

D'avoir l'efprit fi dur & fi bouché,

touché

Car j'ai beau faire, & hauffer mes lunettes
Et Profe & Vers tout eft fi haut perché,
Qu'également je m'y trouve empêché,
Et c'eft toûjours pour moi lettres fecrettes,
Goutte n'y vois, Oh! que tout a changé

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