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païs-là, j'ai cru que je ne devois pas me laiffer prévenir une seconde fois, & que l'Aus teur ne pouvoit pas trouver mauvais que je réimprimaffe à mes rifques des Pieces qui avoient déja paru, & qu'il femble, par difference où il eft à cet égard, avoir aban données au premier occupant. C'eft pour cela qu'afin de le faire dans les regles, & de me mettre à couvert de toute chicane,& auffi, pour n'être point croisé dans mon entreprise par d'autres Libraires de Paris, que j'étois informé qui avoient le même dessein, j'ai pris la précaution de pourfuivre un Privile ge, qui m'a été enfin accordé, & fous la fauvegarde duquel je crois pouvoir débiter hardiment de l'impreffion de Paris, un Ou vrage qu'on me permet de débiter depuis quatre ans, de l'impreffion de Hollande, & dans lequel il n'y a rien qui puiffe être fujet à la moindre cenfure.

Après avoir rendu compte de la conduite que j'ai tenue à l'égard de cette Edition, ib eft tems de parler de l'Edition même, qui a fans contredit deux grands avantages fur celle de Hollande, le premier, du côté de la correction ; & le fecond, du côté de l'aug mentation.zing

Il eft für que l'Edition de Hollande n'étoit rien moins que correcte, & il étoit même difficile qu'elle le fût davantage. C'eft le fort ordinaire de toutes les Editions qui se font au loin, & fur des copies ramaffées, qui par la negligence ou l'ignorance des Copiftes font toûjours très-défectueufes. C'eft ce qui eft arrivé à l'égard de l'Edition dont je parle, dans laquelle on trouve des vers, ou abfolument omis, ou tranfpofez & hors de leur place, fans compter une infinité de termes entierement eftropiez, de forte qu'on peut dire que tout y fourmille de fautes, & que, quelque ample que foit l'Errata qu'on a mis au bout de l'Ouvrage, il ne comprend que les principales & les plus groffieres.

Il n'en fera pas de même de cette Edition; & après les foins que je me fuis donné pour la rendre correcte, je crois que le Lecteur aura peu de chofe à me reprocher làdeffus. J'ai trouvé heureusement chez un des Amis de l'Auteur un Exemplaire de ses Poëfies, que cet Ami l'avoit engagé à corriger de fa main. C'eft fur cet Exemplaire que j'ai fait mon Edition, que j'ai tâché d'ailleurs de conduire avec toute l'exactitude qui m'a été poffible. Je fçais combien les

Lecteurs font délicats fur ce point, & que la moindre negligence les révolte. Je ne crois pas qu'on en trouve ici de confiderable; du moins puis-je me flater que cette Edition-ci fe trouvera pour la correction fort au deffus de celle de Hollande.

Elle ne l'emporte pas moins du côté du nombre des Pieces, qui vont à plus d'un tiers d'augmentation. J'ai ramaffé pour cela nonfeulement toutes celles qui ont paru du même Auteur, foit dans les Mercures, foit en manufcrit, depuis l'Edition de Hollande,. mais encore une infinité de petites Pieces fugitives, & jufqu'à de petites Epigrammes que j'ai déterrées chez des Amis de l'Auteur, qui n'ont point fait de difficulté de me les communiquer pour en enrichir mon Edition. Je ne répons pas que malgré les mouvemens que je me fuis donnez, & les recherches que j'ai faites, il ne m'en foit encore échapé quelqu'une, mais du moins le nombre n'en fçauroit-il être grand; & ce qui me manque à cet égard ne fçauroit être que de ces fortes de Pieces dont les Auteurs font jaloux, qu'ils ne communiquent qu'avec précaution, ou que, pour des raifons particu lieres, ils ne laiffent gueres fortir de leur porte-feuille, ã iij

Mais la plus confiderable augmentation, & qui doit faire le plus de plaifir au Lecteur, eft la Piece de l'Enfant prodigue, Piece de Theatre imprimée depuis long-tems en Latin, & mife depuis en vers François, mais qui n'avoit point encore été imprimée en cette langue. Comme elle n'eft prefque qu'u ne Traduction un peu libre de la Piece Latine, on a cru ne pouvoir mieux faire que de fe fervir de la Preface Latine même, qu'on a traduite, pour mettre à la tête de la Fran çoife. L'Auteur y rend compte de la manies re dont il a cru devoir arranger fon fujet pour le faire quadrer aux regles du Thea tre, fans s'écarter en rien de la Parabole qui en fait le fond. Au refte, cette Piece a été fi bien reçûë dans les representations diffe. rentes qu'on en a données, & elle eft pleine de fi beaux fentimens & fi bien touchez que je ne crois pas qu'on m'ait trompé, quand on m'a fait entendre, que quand il n'y auroit point d'autre addition dans mon Recueil, celle-ci fuffiroit feule pour le faire rechercher. Je fouhaite que le jugement du Public s'accorde fur cela avec celui des Connoiffeurs que j'ai confultez, & fur la foi def quels je n'ai rien épargné pour recouvrer

une copie exacte de cette Piece. J'avois eu deffein de mettre à la fuite de cet Avis la Préface qui eft à la tête de l'Edition de Hollande, ainfi qu'il fe pratique ordinairement dans les nouvelles Editions d'un

que

Ouvrage qui a déja été imprimé. Mais des perfonnes intelligentes que j'ai confultées, m'ayant fait remarquer, qu'une grande partie de cette Préface fort bigarrée d'ailleurs par le mêlange de ce que le Libraire y dit de lui même, & des Lettres qu'on lui écrivoit de Paris pour l'exhorter à entreprendre l'impreffion de ces Poëfies, ne rouloit fur un détail qui regardoit uniquement la premiere Edition, & qui paroîtroit affez hors d'œuvre dans celle-ci, je me fuis déterminé fur leur avis à ne prendre de cette Préface que ce qui touche précisément les Pieces de l'Auteur, ce qui peut donner quelque idée de leur caractère & de leur merite particulier, & par-là être de quelque utilité & de quelque agrément pour le Lecteur. Je crois qu'il me fçaura gré de m'être borné dans cette vûë à l'Extrait fuivant, fans le fatiguer de la Préface entiere, qui n'auroit pû fervir qu'à groffir inutilement le volume.

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