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enfuite miniftre provincial de fon ordre en An A.1278. gleterre, puis maître du palais en cour de Ro me. Il étoit fort zelé pour fon ordre, faifoit bien des vers pour le tems, avoit le gefte & l'expreffion noble, l'efprit doux & le cœur liberal. Le Pape le facra lui-même, & il ne revint en Angleterre que l'année fuivante. Il avoit un canonicat dans l'Eglife de Lion, qu'il garda toute Godemin. de la vie : pour avoir une retraite en cas qu'il fût praful.p.142. exilé par le Roi, auquel il refiftoit fouvent avec grande vigueur. Il tint le fiége de Cantorberi pendant treize ans & demi.

gne.

XVIII. En France les chapitres des cathedrales avoient Concile de fouvent des differens avec leurs Evêques ; & Compie- pretendoient avoir droit de ceffer l'office divia Marlot.to.2. & de mettre la ville en interdit, pour la con1.570. fervation de leurs libertés. Le chapitre de Reims condamna le prévôt de l'Archevêque & quelques uns des fes fergens à affifter à une proceffion, nus piés & nuë tête avec des fenêtres penduës au cou; & mirent enfuite la ville en interdit, jufques à ce que l'Archevêque eût fatisfait à l'injure qu'ils prétendoient auoir reçue. A Noyon au contraire l'Evêque Gui des Prés fit mettre en prifon quelques fergens des chanoines; & étant monté en chaire declara nulle l'ordonance qu'ils avoient faite de ceffer l'office divin.

P.571.

4o. x1. cons. 8. 1031,

Pour remedier à ces fcandales, Pierre Barbet Archevêque de Reims tint un concile provincial à Compiegne, où fe trouverent huit de fes fuffragans, favoir Milon Evêque de Soiffons, Renaud de Beauvais, Gui de Noyon, Boson de Châlons, Enguerran de Cambrai, Philippe de Tournai, Henri de Teroüane, & Gautier de Senlis. Ce concile fit une decret, qui porte: Les chapitres des Eglifes cathedrales de nôtre province s'attribuant un autorité fpirituelle fur neus, qui fommes leurs fuperieurs, nous fufci

tent

tent quelquefois des procès, & quelquefois ceffent l'office divin. C'est pourquoi d'un confen. AN127& tement unanime, nous ordonnons que toutes les fois qu'il furviendra un differend entre quel qu'un de nous & le chapitre de fa cathedrale, nous nous aydions l'un l'autre comme freres : foit pour rétablir la paix s'il fe peut, foit pour la défense de nôtre droit; jufques à faire une contribution pecuniaire à celui qui aura la caufe à foûtenir. Et pour proceder en ces affaires avec plus d'autorité, & ne pas donner à croire que nous agiffons par paffion contre les chapitres : nous nous affemblerons tous les ans à Paris dans la quinzaine de la Pentecôte, pour deliberer fur nos affaires & n'en poursuivre aucune contre les chapitres fans bon confeil, Ce decret eft daté du jeudi avant le dimanche des Rameaux 1277. C'est-à-dire du feptiéme d'Avril 1278. avant Pâques.

Le cardinal Simon de Brie légat en France favorifoit les chanoines, étant lui même du corps on qualité de tréforier de faint Martin de Tours, Merlot,ibide & ayant été pris pour juge d'un procès entre l'Archevêque Pierre Barbet & le chapitre de Reims, il le termina par une tranfaction, que plufieurs faifant allufion à fon nom, appellerent la fimonie des chanoines, comme leur étant entierement favorable. Ce légat declara que le doyen & le chapitre de Noyon avoient par privilege le droit d'excommunier leurs malfaicteurs fans en avoir porté de plainte à l'Evê que; & de les abfoudre fans fon confeptement: or par ces malfaiteurs, il entendoit ceux qui faifoient tort au chapitre en fes biens & en fes droits. Il decida auffi que le chapitre pouvoit interdire la cathedrale & les autres Eglifes de la.. ville, pour une injuftice évidente faite & non Reparée, foit par l'Evêque, foit par le chaftelain. L4

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Le même légat termina auffi un different enAN.1278. tre le Pape Nicolas III. & le Roi Philippe le Hardi, pour un canonicat de l'Eglife de Laon, dont le Pape joüiffoit avant fon pontificat. I avoit mandé au légat de le conferer à un autre ; le Roi s'y oppofa difant, qu'il avoit la collation des benefices qui vaquoient en cour de Rome, pendant la vacance du fiége de Laon mais le Pape ne laiffa pas de difpofer de fa prebende, malgré la refiftance du Roi. Pendant qu'il en joüiffoit; il avoit obtenu du chapitre de Laon, par ordre de Gregoire X. de recevoir le revenu de fa prebende, quoiqu'il ne fût pas foûdiacre & ne refidât point.

XIX.

Caftille.

Rain. n.24.

25.

21.

Le Pape Nicolás preffoit toûjours l'accommoAffaire de dement entre le Roi de France & celui de Caftille, & avoit marqué la ville de Toulouse pour les conferences de leurs ambaffadeurs, comme 14. 1279. n. la plus commode à l'un & l'autre. A la tefte de cette négociation étoient deux Cardinaux & un patriarche les Cardinaux étoient Gerard Bianchi du titre des douze Apôtres, & Jerôme d'Afn.80.1278. coli general des freres Mineurs. Le Patriarche étoit Jean de Verceil general des Freres Prêcheurs, que le Pape pourveut cette même anPapebr.to.4. née du titre de l'Eglife de Jerufalem, vacant par le decés de Thomas de Lentin dès l'an 1276.. Jean de Verceil refufa cette dignité ; & le Pape Nicolas lui fit des reproches de fon peu de foù-miffion, & de fon peu de zele pour la confervation de la terre fainte. La lettre eft du premier d'Octobre 1278. Mais les affaires de ce pays étoient tellement defefperées, que Jean de Verceil n'avoit que trop de raifon; & le Pape fe rendant enfin à fes inftances, le déchargea Box.1279. de cette dignité fi onereufe, par une lettre du quatriéme de Fêvrier 1279. Ensuite & la même Rain. eod. n. année le Pape Nicolas donna à Elie le titre de 47. patriarche de Jerufalem.

p. LIX.

7.12.

Le

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Le Roi de France accepta la ville de Touloufe pour le lieu des conferences, mais le Roi de AN.1278. Caftille la refufa, fous pretexte qu'elle étoit Rain.n.25. fous la domination du Roi de France, & pour d'autres mauvaises raifons que le Pape refuta n.27. fortement lui fit de grands reproches de fon mépris pour le faint Siege & les Cardinaux & de fon éloignement pour la paix; & l'exhorta à envoyer au premier jour de Mars fes ambaffadeurs en Gafcogne, où les Cardinaux marqueroient le jour & le lieu de la conference. La lettre eft du vingt-neuviéme de Novembre 1278. Mais toutes ces diligences du Pape pour procurer la paix entre ces deux Rois furent inutiles.

XX.

Mineur.

Pendant que le cardinal Jerôme d'Afcoli étoit à Paris pour cette negociation, on lui defera Roger B2frere Roger Bacon Anglois religieux de fon or con Frere dre docteur en théologie de la faculté d'Oxford, Vading. que l'on accufoit d'enfeigner quelques nouveau- 1278.7.26. tés fufpectes. C'étoit un homme très-curieux,

d'un efprit très-fubtil, & qui avoit embraffé Id. 1266. n toutes fortes d'études : la grammaire, non feu- 14.&fcript lement Latine, mais Grecque & Hebraïque, la P. 309. poétique, la retorique, l'hiftoire, les mathematiques, la philofophie, la medecine, la chimie, la jurisprudence, la théologie. On l'appelloit le docteur Admirable. Il avoit efté difciple & ami de faint Edme de Cantorberi, & connu particulierement du Pape Clement IV. Sa doctrine étant donc deferée au cardinal d'Ascoli general de l'ordre, il la condamna de l'avis de plufieurs freres, défendit à tous de la fuivre, & fit mettre l'auteur en prifon. Roger vécut encore fix Id. 1284. 7. ans, & mourut en 1284. à Oxford, laiffant 12. v. Care. un grand nombre d'ouvrages, dont quelques P513. uns font imprimés, les autres encore manuf crits dans les bibliotheques: mais aucun n'est

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affés

la Broffe.

affes fameux pour repondre aux louanges que AN.1278. lui ont donné les auteurs plus modernes. XXI. Pierre de Benais Evêque de Bayeux s'étoit reDifgrace tiré auprès du Pape, à caufe de la difgrace de de Pierre de Pierre de la Broffe fon patron, ce qui merite d'être expliqué. Pierre de la Broffe homme de baffe naiffance avoit été chirurgien de faint Louis, Duchefne. & devint chambellan, c'eft-à-dire valet de cham→ to.5.p.529. bre de Philippe le Hardi, qui en fit fon favori: en forte que les plus grands Seigneurs lui faifoient la cour; & ce fut par fon credit que Pierre de Benais parent de fa femme devint Evêque 1.532. de Bayeux. En 1276. mourut Loüis fils aîné du Roi Philippe & de fa premiere femme Ifabelle d'Arragon, & le bruit courut qu'il avoit été empoisonné. Le Roi foupçonna Pierre de la Broffe d'être l'auteur de ce mauvais bruit, qui tendoit à charger de cette mort la Reine Marie de Brabant fa feconde femme; & on difoit qu'elle en vouloit faire autant aux deux autres fils du 536. premier lit. Quelque tems après on apporta au Roi des lettres de la Broffe, fur lesquelles il le fit mettre en prifon & enfuite pendre au gibet commun de Paris, fans que le public fut informé de la caufe de fa mort. C'étoit en 1277. Or fi-tôt que l'Evêque de Bayeux apprit qu'il étoit arrêté, il fortit du royaume & fe retira en cour hr. Nang, de Rome où il demeura long-tems comme to.x1.Spicil, exilé fous la protection du Pape.

P.567.

Bainan. 34°

Le Roi envoya à Rome un chevalier du temple demander au Pape que le procès fût fait à l'Evêque, comme complice de la calomnic avancée contre la Reine; & cependant il prétendoit faifir fon temporel. Toutefois le Templier fon envoyé, declara devant le Pape & les Cardinaux, qu'il ne prétendoit paint fe porter partie contre P'Evêque, ni en fon nom, ni au nom du Roi. Sur quoi le Pape écrivit au Roi une lettre, où

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