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leur religion, moiennant un certain tribut. C'est celà même, direz-vous, qui empêche de leur prêcher l'Evangile; car ils extermineroient ces pauvres Chrétiens fi on entreprenoit de convertir des Mufulmans. C'eft l'objection la plus fpecieuse que j'aie oui faire fur ce fujet mais je doute qu'elle foit folide, & que les Princes Mufulmans, quand ce viendroit à l'exécution fuffent affez mauvais politiques pour le priver aifément d'une grande partie de leurs fujets. L'objection feroit forte, fi le nombre de ces Chrétiens n'étoit très-grand; & il l'eft en effet, fur tout dans les pays derniers conquis, comme la Grece, où il y en a beaucoup plus que de Mufulmans.

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LXXVIII.

n.25.1.44.

Or quand je propofe de travailler à la con verfion de ces derniers, j'entens qu'on s'y prenne avec une extrême difcretion, comme dans la naiffance de l'Eglife.. Il ne s'agit pas feulement Hift. liv.. de méprifer la mort & fo l'attirer fans fruit, comme ces Freres Mineurs qui fe firent tuer à Maroc & à Ceuta. Saint Cyprien ne les auroit pas reconnus pour martyrs. Pefons bien ces paroles de nôtre divin maître Je vous envoye Matth.16. comme des brebis au milieu des loups: foyez donc prudens comme des ferpens, & fimples comme des colombes. N'allez pas effaroucher ces loups, pour en être devorez avant que d'avoir pû les apprivoifer. Conduifez-vous avec une extrême prudence envers les Infidéles: gardez-vous de les irriter fans neceffité, & ne leur parlez de ma doctrine, que quand vous les verrez difpofez à l'écouter. Mais prenez garde auffi que vôtre prudence ne dégenere en fineffe & en artifice qu'elle foit toûjours accompagnée de fimplicité & de droiture, qui eft l'ame de ma religion.

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Je voudrois donc que ceux qui entrepren droient de prêcher la foi aux Mufulmans fuffent premierement bien inftruits des langues qui ont cours chez eux. L'Arabe qui eft la langue de leur religion, le Ture & le Perfan felon les pays: qu'ils euffent bien lû leurs livres & fuffent bien leur doctrine, leurs hiftoires & leurs fables : en un mot qu'ils euffent les mêmes fecours pour cette controverfe que les Peres de l'Eglife avoient pour celle des anciens Payens. Qu'ils commen çaffent à s'infinuer dans leurs efprits par les veritez dont ils conviennent avec nous : l'unité de Dieu, fa puiffance, fa fageffe, fa bonté & fes autres attributs : les principes de morale qui nous font communs, comme la justice, la mour du prochain. Il faudroit bien fe garder de leur parler trop tôt des myfteres de la Trinité & de l'Incarnation contre lefquels ils font preve nus il faudroit auparavant bien établir l'autori té de l'Evangile, en détruifant l'opinion dont ils font imbus que ce livre qu'ils reconnoiffent pour divin a été falfifié par les Chrétiens. Pour les defabufer fur ce point on pourroit employer utilement le témoignage des Neftoriens & des Jacobites qui vivent parmi eux, feparez de nous deux cens ans avant Mahomet, & qui gardent P'Evangile & les autres Livres faints entièrement conformes aux nôtres.

Ce qu'il faudroit fur tout éviter feroit de dire des injures à Mahomet & d'en parler avec mépris. Les Apôtres mêmes ne difoient point d'injures aux faux Dieux, comme il eft marA. xix. qué expreffément de la Diane d'Ephefe. Mais après avoir bien établi la miffion de JESUSCHRIST on pourroit montrer doucement que Mahomet n'a donné aucune preuve de la fienne & que fa religion s'eft établie par des moyens

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moyens tout humains. Peut-être auffi feroit-il bon de relever les vices des premiers Califes chefs de la religion, & comme les Apôtres des Mufulmans, de leur montrer par leurs propres hiftoires quels étoient Othman, Omar, Moavia, & les autres: leurs débauches, leurs cruautez, leurs perfidies; & fur tout la cruelle re qu'ils firent à la famille d'Ali.

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Će chemin, direz-vous, feroit bien long, & quand même on trouveroit des auditeurs dociles, il faudroit bien du tems pour traiter avec eux cette controverfe. J'en conviens; & je vou drois fur cet article on imitât encore la faque ge antiquité & la difcipline des premiers fiecles de l'Eglife, où l'on faifoit durer fi long-tems l'inruction des catecumenes, tant fur la do&trine que fur les mœurs ; & on éprouvoit fi foigneufement leur converfion avant que de les baptifer. Après tout, c'eft à ceux qui font fur les lieux employez dans les miffions du Levant à juger de ce qui eft praticable en ces matieres: mais pour peu d'Infidéles qu'ils pûffent gagner à Dieu, j'eftime que ces converfions lui feroient plus agréables & plus utiles à fon Eglife, que la mort de tant de milliers dont le fang fut ré pandu dans les Croisades.

TABLE

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XII. Croifades
es du

XXX

XIII. Avantages temporels des Croisades. xxxij XIV. Qu'il vaut mieux convertir les Infidéles.xxxv XV. Qu'on pourroit convertir les Musulmans.xxxvij

APPRO

APPROBATION

'Ai lû par ordre de Monfeigneur le Chancelier, le dix-huitiéme Tome de l'Hiftoire Ecclefiaftique de Monfieur l'Abbé Fleury, compofé des 85. 86. 87. 88. & 89. livres, où il ne m'a rien paru, qui dût en empêcher l'impreffion. Fait à Paris, ce 24. Juillet 1715.

ROBUSTE

JAY û par ordre de Monfeigneur le Chance

lier, un Difcours de M. l'Abbé Fleury, inti tulé: Sixiéme Difcours fur l'hiftoire Ecclefiaftique. Croisades. Fait à Paris, ce 29. Aoust 1715.

ROBUSTE.

LE public peut beaucoup profiter du grand

travail d'un pieux & favant autheur, qui fans diffimuler les divifions & les fcandales qui fe trouvent dans tous les Siecles, sçait écrire l'Hiftoire de l'Eglife avec l'exactitude & la digni té qui lui conviennent. Dieu, dit l'Ecriture n'a pas besoin de nos mensenges, ni que l'on invente des faufletez pour le défendre, & rien, felon faint Auguftin, ne lui plaît que la verité : Non placet: Deo, nifi verum. Au travers des triftes nuages qui s'élevent de tems en tems dans le fein même. de l'Eglife, il fera toûjours aifé de reconnoître les caracteres de l'efprit de fageffe & de verité qui

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