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A N. 865. che de J. C. Ce ne font pas les conciles qui les ont leges, continue-t-il, font établis de la propre bouaccordez, ils les ont feulement honorez & confervez. Ces privileges font perpetuels : on peut les attaquer, mais non pas les abolir. ils ont été avant vôtre regne & subsisterontaprés vous, tant que le nom Chrétien. durera. Saint Pierre & faint Paul n'ont pas été apportez chez nous aprés leur mort, par l'autorité des princes: comme l'on a fait chez vous, où l'on a enlevé aux autres églifes leurs protecteurs, pour enrichir C, P. de leurs dépouilles. Saint Pierre & faint Paul ont prêché l'évangile à Rome, & l'ont confacré par leur fang. Ils ont acquis l'eglife d'Alexandrie par faint Marc un de leurs enfans: comme faint Pierre par fa prefence avoit déja acquis l'églife d'Antioche. C'est par ces trois principales églifes, que faint Pierre & faint Paul gouvernerent toutes les autres. Et enfuite:

P. 316. E.

Vous nous avez écrit de vous envoyer Theognofte, que nôtre frere Ignace a fait exarque des monafteres de quelques provinces : vous demandez auffi d'autres moines, comme vous ayant offenfé. Nous favons bien que vous ne les demandez que pour les maltraiter : quoique vous ne les ayez peut-être jamais vûs & ne connoiffiez pas leur conduite. Quelques uns d'eux ont fervi Dieu à Rome dés leur jeuneffe, & Theognofte ne nous a jamais dit que du bien de vous. Il a trouvé ici quelque repos, comme une infinité d'autres, Car il vient tous les jours tant de milliers d'hommes fe mettre fous la protection de faint Pierre, & finir ici leurs jours: que l'on voit

à Rome toutes les nations raffemblées à propor- AN. 865.tion comme dans l'églife univerfelle. Croyez-vous donc jufte, que nous en livrions quelqu'un aux princes, dont ils ont méprifés les graces, ou éprouvé l'indignation? Les payens mêmes ne le feroient pas. Outre que nous avons droit d'appeller à nous, non feulement des moines, mais des clercs de tous les diocéfes, pour l'utilité de l'église. Que fi vous croyez que Theognofte nous dife du mal de Photius & nous recommande Ignace : fachez qu'il ne nous a dit de l'un ni de l'autre, que ce que tout le monde en dit : & ce que nous en avons appris d'une infinité de perfonnes, qui venoient à Rome d'Alexandrie, de Jerufalem, de C. P. du mont Olympe : enfin par vos envoyez & vos propres lettres.

Vous femblez vouloir nous épouvanter, en nous menaçant de ruiner nôtre ville & nôtre païs. Mais nous nous confions en la protection de Dieu; & tant que nous fubfifterons, nous ferons nôtre devoir. Quel mal vous avons nous fait ? Nous n'avons pas ravagé la Sicile, ni conquis une infinité de provinces foûmises aux Grecs : nous n'avons point brûlé les fauxbourgs de C. P. On ne fe vange point des infideles, qui ont commis tous ces excez, & on nous menace, nous qui, graces à Dieu, fommes Chrétiens. C'eft imiter les Juifs, qui délivroient Barrabas, & mettoient à mort J. C.

P. 319.

Il poursuit en demandant, qu'Ignace & Photius viennent à Rome: s'ils ne peuvent y venir en per- p. 320. Di fonne, qu'ils en disent la raison par lettres; & qu'ils envoyent des députez: de la part d'Ignace, les ar

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AN. 865. chevêques Antoine de Cyzique, Bafile de Theffalonique, Conftantin de Lariffe, Theodore de Syracufe, Metrophane de Smyrne, & Paul évêque d'Heraclée de Pont. Les abbez Nicetas de Chryfopolis, Nicolas de Stude, Dofithée d'Ofidium & Lazare prêtre & moine furnommé Cazare. Si vous ne les envoyez, ajoûte le papé, vous vous rendrez suspect : parce que ce font ceux qui peuvent nous faire connoître la verité. Photius & Gregoire de Syracufe peuvent envoyer qui il leur plaira, & vôtre majesté P. 321. D. deux perfonnes de fa cour. Nous vous prions aufsi de nous renvoyer les lettres originales que nous envoyâmes par Rodoalde & Zacarie: afin que nous voyons fi on les a alterées. Envoyez-nous auffi les originaux des actes de la premiere déposition prétenduë d'Ignace, & de ceux qui nous ont été apportez par le fecretaire Leon.

P. 324. B.

Il conclut, en exhortant l'empereur à ne point entreprendre fur les droits de l'églife, comme l'églife n'entreprend point fur ceux de l'empire. Avant J. C. dit-il, il y avoit des rois qui étoient auffi prêtres, comme Melchifedec. Le diable l'a imité en la perfonne des empereurs payens qui étoient fouverains pontifes: mais aprés la venue de celui qui est veritablement roi & pontife: l'empereur ne s'eft plus attribué les droits du pontife, ni le pontife les droits de l'empereur. J. C. a féparé les deux puiffances : enforte que les empereurs chrétiens cuffent besoin des pontifes, pour la vie éternelle : & que les pontifes fe ferviffent des loix des empereurs pour les affaires temporelles.

P. 325. D.

Aprés la lettre finie, le pape ajoûte: Quiconque AN. 865. lira cette lettre à C. P. & en diffimulera quelque chofe à l'empereur Michel, ayant accés auprés de lui: qu'il foit anatheme. Quiconque la traduira & y changera, ôtera ou ajoûtera quelque chofe, fi ce n'eft par ignorance, ou par la neceffité de la fraise Grecque, qu'il foit anatheme. C'étoit une précaution contre les falfifications, par lesquelles on avoit alteré fes lettres précedentes.

Peu de tems aprés les chofes changerent de face

XLII.

Mort de

à C. P. Le Cesar Bardas eût un fonge qui l'épouventa Bardas. & qu'il raconta ainfi à Philothée fon ami: Je croyois Nic. vita cette nuit aller en proceffion avec l'empereur à la Ign. p. 1222. grande églife, & je voyois à toutes les fenêtres des arcanges qui regardoient en dedans. Quand nous fumes auprés de l'ambon parurent deux eunuques. de la chambre, cruels & farouches, dont l'un ayant lié l'empereur, le tira hors du cœur du côté droit, l'autre me tira de même du côté gauche. Alors je vis tout d'un coup dans le trône du sanctuaire, un vieillard affis tout femblable à l'image de faint Pierre, ayant debout auprés de lui deux hommes terribles, qui paroiffoient des prevôts. Je vis devant les genoux de faint Pierre, Ignace fondant en larmes : enforte que l'apôtre en paroiffoit attendri. Il crioit: Vous qui avez les clefs du royaume des cieux, vous favez l'injuftice qu'on m'a faite, consolez ma vieilleffe affligée. Saint Pierre répondit: Montrez 1.Cor. x. 13. celui qui vous a maltraité, & Dieu tournera la tentation à vôtre avantage. Ignace fe retournant, me montra de la main, & dit : Voilà celui qui m'a le plus

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A N. 866.

fait de mal. Saint Pierre fit figne à l'officier qui étoit à fa droite, & lui donnant un petit glaive, il dit tout haut: Prends Bardas l'ennemi de Dieu, & le mets en pieces devant le vestibule. Comme on me menoit à la mort, j'ai vû qu'il disoit à l'empereur le menaçant de la main: Attends fils dénaturé. Ensuite j'ai vû qu'on me coupoit effectivement par pieces.

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Bardas racontoit ainfi fon fonge tranfi & pleurant. Philothée lui dit : Epargnés, feigneur, ce pauvre vieillard penfez au jugement de Dieu & ne lui faites plus de mal, quand il l'auroit merité. Mais Bardas au lieu de fuivre un confeil fi sage, envoya auffi-tôt un parent de Photius nommé Leon, accompagné de foldats, à l'ifle où étoit Ignace : avec ordre de le garder fi étroitement, qu'il ne pût abfolument celebrer la liturgie; & que perfonne n'entrât chez lui, ni n'en fortît. C'étoit au commencement du carême l'an 866. c'est-à dire à la fin de Février, & Ignace demeura trois mois ainfi renfermé. Au mois d'Avril, l'empereur Michel s'étant mis en campagne, Poft Theoph. pour aller attaquer l'ifle de Crete: on lui rendit tel1. 1v. n. 40. lement fufpect le Cefar Bardas qui l'accompagnoit Baf.n. 17. p. en ce voyage, qu'il réfolut fa mort. Bardas voyant entrer les meurtriers l'épée à la main dans la tente de l'empereur, fe jetta à fes pieds pour lui demander grace: mais on le tira dehors, on le mit en pieces, & on porta par dérifion au bout d'une pique quelques uns de fes membres. Ainfi finit Bardas le vingtneuvième d'Avril 866. indiction quatorziéme. Aufsitôt l'empereur Michel rompit fon voyage & retourna à C, P. où il adopta & déclara maître des Offices Bafile Macedonien,

P. 128 Ibid.

148.

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