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n. 54.

LI.

fujet à Michel roi de Bulgarie, l'exhortant à fe fe- A N. 878. parer des Grecs: de peur d'être entraîné dans les herefies où ils tombent fouvent, par l'autorité de leurs patriarches ou de leurs empereurs: enfin il écrivit au Ep. 76. comte Pierre, qui avoit été envoyé à Rome par le Sup.. L. n. même roi du tems du pape Nicolas. Ces lettres font $4. liv. 11. du feizième d'Avril, indiction onzième, qui eft l'an 878. & furent toutes données aux legats Paul & Eugene. Le pape y en ajoûta une à l'empereur Bafile, Ep. 81. portant créance pour ces mêmes legats : qui lui devoient expliquer de vive voix la perfecution qu'il fouffroit, & ce qui venoit d'arriver à Rome, afin d'attirer fon fecours.

Le pape parloit, fans doute, de la violence exercée par Lambert duc de Spolete. Ce Seigneur avoit été envoyé en Italie par l'empereur Charles, pour mener du fecours à Rome contre les Sarrafins; & le pape le regardoit comme entierement uni à lui. Mais dés le mois d'Octobre de l'année precedente 877. Lambert ayant demandé des seigneurs Romains en oftage de la part de l'empereur, & le pape l'ayant declaré en pleine affemblée, la propofition fut rejettée avec indignation. Le pape écrivit donc à Lambert: Il n'eft point à propos que vous veniez à Rome, jufqu'à ce que ce trouble foit appaifé. Et dans une autre lettre: La perfecution que nous fouffrons depuis deux ans de la part des payens & de plufieurs autres, nous oblige à aller en France trouver le roi Carloman. On nommoit France tout l'empire François, tant en Germanie qu'en Gaule. C'eft pourquoi, ajoûte le pape, je vous avertis, de n'exercer cependant aucun acte Tome XI. Hhh

XLIX.

Violences de

Lambert à
Rome.

Chr. Caff

A N. 878,

Ep. 73.

Ep. 84.

878.

d'hoftilité dans tout le territoire de faint Pierre, fous
peine d'être feparé de la communion du faint fiege.
Et encore: Nous avons appris, que vous voulez
donner du fecours à nos ennemis : c'étoit l'évêque
Formofe & Gregoire maître de la milice; & que
vous les voulez ramener à Rome & rétablir dans leurs
biens. C'est pourquoi, nous vous prions comme
ami, & par la confiance que nous avons en vous, de
ne point venir à prefent à Rome, où nous ne pou-
vons vous recevoir avec l'honneur convenable. Les
évêques Gauderic & Zacarie, que nous vous en-
voyons, vous en diront davantage. Quant au mar-
quis Adalbert, foyez affuré que s'il vient à nous, nous
ne le recevrons point : c'eft nôtre ennemi declaré.
Enfin, Lambert ayant écrit au pape une lettre; où,
au lieu de dire: Vôtre fainteté, il difoit: Vôtre no-
bleffe, comme à un feculier, & trouvoit mauvais,
qu'il envoyât des legations, fans fa permiffion : le
pape lui en fit des reproches, & lui declara, qu'il re-
nonçoit à fon amitié.

Nonobftant tous ces avis, Lambert vint à Rome avec Adalbert & une armée, qui ravagea les environs. An. Fuld. Le pape le reçut à faint Pierre, comme ami, mais Lambert fe faifit des portes de Rome, & fe rendit maître de la ville. Il retint le pape à faint Pierre, qui étoit encore dehors; fans permettre, ni aux grands, ni aux évêques, ou aux prêtres, ni à fes domestiques de l'aller trouver, qu'aprés s'en être fait beaucoup prier. Il empêchoit même, qu'on ne lui portât des vivres. Des évêques, des prêtres & des moines venant à faint Pierre en proceffion, pour y offrir le sacrifice

1

furent chaffez à coups de bâton. Pendant un mois, A N. 878. l'autel demeura nud & l'églife fans luminaire, fans aucun office, ni jour ni nuit; les ennemis du pape, c'eft-à-dire Formofe & ceux qu'il avoit condamnez avec lui furent ramenez dans Rome.

Ep.90.

Ep. 85.88.

Ann. Fuld.

Lambert disoit, qu'il agissoit ainsi par ordre du roi Carloman; & en effet, il fit prêter ferment à ce prince, par les grands de Rome : mais on difoit, qu'il fe vouloit faire empereur lui-même. Aprés qu'il fe fut retiré, le pape fit porter au palais de Latran le trefor de faint Pierre, dont il couvrit l'autel d'un cilice, fit fermer toutes les portes de l'églife, ceffer l'office; & ce qui parut de plus horrible, renvoyer les pelerins, qui y venoient de tous les païs du monde. Le pape excommunia Lambert & fes complices; & Ep. 84. refolut d'aller trouver Carloman & les autres rois des An. Bert. 878. François, pour se plaindre de cette violence: mais comme Lambert lui fermoit les chemins par terre, il s'embarqua fur la mer de Tofcane. Avant que de partir il écrivit à Anfpert archevêque de Milan, qu'il vouloit tenir en France un concile univerfel, pour Ep.82. remedier aux maux de l'églife, ne pouvant le tenir en Italie; & lui ordonna de s'y trouver avec tous fes fuffragans. Il écrivit auffi à Jean archevêque de Ravenne, lui donnant part de tout ce qui s'étoit Ep. 84. passé, afin d'en instruire fes fuffragans, & que perfonne n'entrât dans le parti de Lambert.

Le

L.

pape Jean

en France.

Etant arrivé à Gennes, il écrivit aux quatre rois, Loüis-le-Begue & les trois fils de Louis le Germanic; & chargea de ces lettres Anfpert archevêque Ep. 89. de Milan, qui s'étoit rendu auprés de lui. Dans la

A N. 878. premiere, le pape nomme Lambert membre de l'an-
techrift, & l'accufe d'avoir envoyé à Tarente, pour
Ep. 87.
Ep.88.89.90. traiter avec les Sarrafins & en recevoir des troupes.
Il prie Louis-le-Begue d'envoyer les trois autres let-
tres aux rois fes coufins; & lui declare, qu'il le fait
fon confeiller, comme étoit l'empereur fon pere, lui
donnant pouvoir d'affembler des conciles. Il le ren-
voye à un écrit ou manifeste, dans lequel il avoit ex-
pliqué plus au long toutes fes plaintes. Le pape ar-
riva à Arles le jour de la Pentecôte, onziéme de May
Ann. Bertin. 878. & il y fut reçû avec beaucoup d'amitié par. le
prince Bofon & Hermengarde fon épouse, fille de
l'empereur Louis. Le pape en témoigna fa recon-
noiffance à l'imperatrice Angelberge, mere de cette
princeffe, ajoûtant, qu'il defiroit élever son gendre
Bofon à de plus grands honneurs. C'est-à-dire le cou-
ronner roi, comme il le fut l'année fuivante. A la
priere de ce prince, à qui il ne pouvoit rien refuser,
il accorda à Rostaing archevêque d'Arles, non feu-
lement le pallium, mais la qualité de vicaire apofto-
Ep.93 94-95. lique dans les Gaules; en forte que les évêques ne

Ep. 92.

pourroient s'éloigner fans fa permiffion : qu'il affem-
bleroit les conciles & décideroit, au moins avec
douze évêques, les queftions de foy ou autres impor-
tantes, & renvoyeroit au pape les plus difficiles :
qu'il empêcheroit les métropolitains de faire des or-
dinations,avant que d'avoir reçû de Rome le pallium.

Le comte Bofon conduifit le pape jufques à Lion,
d'où le pape envoya prier le roi Louis-le-Begue, qui
étoit à Tours, de le venir trouver au lieu qui lui feroit
le plus commode. Le roi lui envoya des évêques,

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pape

pour le prier d'aller jufques à Troyes, où fe devoit AN. 878. tenir le concile, & le fit défrayer par les évêques de son royaume. Le étant à Châlons fur Saone, on lui déroba la nuit des chevaux; & dans le mo- Ep. 97. naftere de Flavigni, les gens d'un prêtre qui lo servoit, déroberent une écuelle d'argent. Il publia une excommunication contre les auteurs de ces facrileges & leurs complices. Pendant le chemin il écrivit à douze archevêques, pour amener leurs fuffragans au Ep.98.99. concile : favoir Roftaing d'Arles, Oftram de Vienne, Aurelien de Lion, Robert d'Aix, Teutram de Tarantaise, Sigibod de Narbonne, Aribert d'Embrun, Hincmar de Reims, Ansegise de Sens, Frotaire de Bourges, Jean de Rouen, & Actard de Tours. Il écrivit en particulier à Hincmar, comme étant bien informé de fon merite, & defirant ardemment de le voir. Il appella auffi au concile trois archevêques d'Allemagne, avec leurs fuffragans, favoir Luitbert de Mayence, Guillebert de Cologne & Bertulfe de Treves les priant d'exhorter le roi Louis de Germanie & les rois fes freres à s'y trouver. C'étoit apparemment ce qui avoit fait choifir la ville de Troyes, afin que les princes & les prelats d'au-delà du Rein, puffent y venir plus aifément.

:

LI. Concile de Troyes.

Ils n'y vinrent point toutefois, non-plus que leurs rois, que le pape en avoit preffez inftament; & en ce concile convoqué avec tant d'appareil, nous ne Ep. 117.118. voyons en tout que trente évêques : favoir le pape Tom. 9.conc. Jean & trois évêques Italiens, qui l'avoient accom- P.31 3. pagné, Valbert de Porto, Pierre de Foffembrune, & Pafcafe d'Amerie. Puis huit archevêques, de Reims,

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