19. Nov. Epift. 10 Tom. 8 conc. P. 1486.

& tout le refte, comme à la feconde feffion. Le cardi- AN. 879. nal Pierre fit lire la lettre du pape aux évêques dépendans de C. P. & aux autres patriarches, & elle fut lûë par le diacre & protonotaire Pierre: mais elle étoit alterée comme les autres, fur tout à l'endroit où il étoit dit, que Photius devoit demander mifericorde devant le concile : car on y difoit feulement, qu'il ne devoit pas dédaigner de reconnoître devant le concile, la bonté & la mifericorde, dont l'églife Romaine avoit ufé en le recevant. Aprés que cette lettre eut été lûë, le concile declara qu'il la recevoit, excepté ce qui regardoit l'empereur, c'est-à-dire la jurisdiction sur la Bulgarie. Procope de Cefarée releva ce qui touchoit l'ordination des laïques à l'épifcopat, appuyant fur l'autorité du concile de Sardique. Zacarie de Calcedoine parla fur le même sujet, & dit entre autres chofes : La coûtume combat fou- Bevereg.281. vent la regle, pour élever des laïques au facerdoce; & j'en ai la preuve dans le fecond concile œcumenique, non par fes difcours, mais par fa conduite; puifqu'il declara patriarche de C. P. Nectaire qui venoit d'être baptife. Vous avez les exemples du grand Ambroife, d'Ephrem d'Antioche, d'Eufebe de Cefarée, & tant d'autres, qu'on ne les peut compter. Il rapporte un paffage d'une lettre de faint Bafile à Amphiloque; & pour montrer que Photius n'eft pas proprement dans le cas du canon, il foûtient qu'il n'a jamais été homme d'affaires, mais homme de lettres : que fon & fa pere mere ont fouffert pour religion; & que lui-même a converti en Armenie & en Mefopotamie, quantité de perfonnes, qui étoient

la

B.

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281.

dans l'erreur, des nations entieres & des barbares.

On lut enfuite la lettre fynodique à l'empereur du défunt patriarche de Jerufalem Theodofe. Il y exposoit ses miseres, comme les autres, mais en termes generaux; & demandoit du fecours. Il recevoit Photius, & ajoûtoit: Nous avons ordonné fynodaBevereg. p. lement & nous declarons à tout le monde, comme un canon irrévocable, que fi quelqu'un ne reçoit pas de bon cœur nôtre faint & illuftre confrere Photius, patriarche de la ville imperiale, & ne celebre pas avec lui: il foit anathême & déposé par 'autorité des trônes apoftoliques. Aprés la lecture, le concile dit : Nous recevons ce qui a été ordonné fynodalement, par le tres- faint patriarche Theodofe, & nous disons anathême à ceux qui ne font pas de même avis. Les legats du pape demanderent quand cette lettre étoit venue. Elie legat de Jerusalem, dit: Le patriarche Theodofe l'a faite fynodalement en ma prefence; & enfuite quand il en a eu l'occafion, il l'a envoyée par le moine André mon frere; non feulement en fon nom, mais du patriarche d'Antioche, qui en eft d'accord.

MS.

Le cardinal Pierre dit: Tous les patriarches conviennent avec le pape; mais nous examinons ces legats à caufe des précedens, qui étoient envoyez par les Sarrafins, pour racheter des captifs, & fe difoient legats des patriarches. Paul & Eugene legats du pape, ajoûterent: Nous connoiffons André, pour avoir paffé plufieurs jours avec lui; nous l'avons examiné fur la foi, & il nous en a donné fa profeffion par écrit. Photius dit: Il faut oublier le paffé. Je

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m'offrois feul à la perfecution, pour en délivrer tous AN. 879. les autres, & ne point donner ce spectacle aux infideles; mais on ne m'a pas écouté. Il faut tout oublier. Le legat Elie dit: Dieu fait que je n'avois jamais vû le patriarche Photius, que je ne lui avois jamais parlé, ni reçû de fes lettres : mais je fuis venu pour l'interêt de l'églife; à caufe de fon merite, de l'injufte perfécution qu'il a foufferte, & de ces impies, ces faux legats.

Ap Leon.

Allat. de 8. fyn. Phot. p.

221.

Les legats Paul & Eugene dirent: Nous n'agiffons ni par prévention, ni par interêt; & le cardinal Pierre dit à Photius: Vous accompliffez cette parole de l'évangile: Je ne cherche point ma gloire: un autre la cherche, & juge ; & le tems a éclairci la verité fur tout cela. Mais s'il plaît au concile qu'on Joan.vi.so. life l'inftruction qui nous a été donncé par le pape Jean, & qui nous a été foufcrite par tous nos évêques. Le concile dit: Qu'on la life. Le cardinal Pierre se leva, & la fit lire en grec par l'interprete Leon, telle que je l'ai rapportée. Aprés la lecture du dixiéme Sup. n.8. article, qui portoit abrogation des conciles contre Photius, le Concile dit: Nous avons déja abrogé, rejetté & anathematifé, par les effets, ce prétendu concile, en nous réuniffant au trés-faint patriarche Photius. Ils entendent le concile de C. P. en 869. & nous disons anathême à ceux qui ne le rejettent pas. Elie métropolitain de Martyropolis, & Elie legat de Jerufalem, dirent:Et comment peut-on appeller concile, ce qui a rempli l'église de tant de schismes? où les députez des Sarrafins ont été affis comme juges : qui a ofé faire le contraire de tous les conciles; qui a Ooo iij

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Jerem. 1.7.

condamné les innocens fans examiner, & renverfé toutes les loix ecclefiaftiques & civiles ? C'est pour cela que les faints fiéges d'Orient en ont caffé & anathematisé les actes. Call T

Aprés que l'on eut achevê de lire l'inftruction, le concile dit: Nous voyons que vous avez fuivi en tout l'inftruction du pape; un fi grand pontife devoit avoir de tels legats. Nicetas métropolitain de Smyrne dit: Dieu vous a fait trouver les chofes en tel état, que fi quelqu'un vouloit aller contre l'ordre de Dieu, & l'inftruction du pape, il n'en auroit pas de prétexte. Les legats du pape dirent: Le prophete dit: Tuiras par tout où je t'envoyerai. Nous ne fommes venus que pour accomplir la volonté de Dieu & du pape. Le concile dit: Nous voyons clairement que vous l'accompliffez. Photius dit: C'est la volonté de Dieu, qui est descendu du ciel, & a pris nôtre nature,pour reconcilier à fon pere le genre humain. Vous voyez que tout concourt à la volonté du pape, & que rien n'y refifte. Les legats dirent: C'eft nôtre devoir de nous réunir à vôtre églife par nos combats & nos travaux. C'est pour cela que nous avons fouffert tant de fatigues dans le voyage: mais c'eft par leurs travaux, que les faints ont plû à J.C. Photius dit: Auffi Dieu vous réferve de grandes récompenfes dans fon royaume. Le cardinal Pierre dit: Voici les foufcriptions des évêques,pour montrer comme ils ont été d'accord de recevoir le tres-faint patriarche Photius avec toute l'églife Romaine. On lut les foufcriptions, qui étoient au bas de l'inftruction des legats: puis le cardinal Pierre demanda fi

le concile en étoit content. Le concile dit, qu'oüi; AN. 879. & principalement des foufcriptions : & on finit là feffion par les acclamations ordinaires.

24. Dec.

XVII. Quatrième

La quatrième fut tenue le jeudi vingt-quatriéme de Decembre, veille de Noël, dans la grande feffion. fale fecrete, où avoit été tenuë la premiere feffion. Bevereg.p. Pierre diacre & protonotaire, dit: Le métropolitain 282. F.293. de Martyropolis vient d'arriver de la part du patriarche d'Antioche, dont il eft legat ; il apporte auffi des lettres du patriarche de Jerufalem; &il eft à la porte.. On le fit entrer. Il fe nommoit Bafile, & dit, qu'il ms. apportoit des lettres de Theodofe patriarche d'Antioche, & d'Elie nouveau patriarche de Jerufalem:* ajoûtant, que ni l'un ni l'autre n'avoit jamais eu part à ce qui s'étoit fait contre Photius. On lût la lettre du patriarche d'Antioche à Photius, qui contenoit en fubftance les mêmes chofes que les précedentes; entr'autres la condamnation de Thomas de Beryte & d'Elic, qui font traitez de faux legats. Aprés que le concile eut donné fon approbation à cette lettre, on lût celle du nouveau patriarche de Jerufalem à Photius, dont la fubftance étoit encore la même, & elle fut de même approuvée par le concile, qui ajoûta: Nous favions bien que les fiéges d'Orient avoient toûjours reconnu Photius. Elie legat de Jerufalem dit: Ce confentement vient du ciel. Les Sarrafins mêmes ont envoyé à Photius ; les uns pour demander l'inftruction, les autres pour demander le baptême, & fe foûmettre à l'empereur.

Lecardinal Pierre dit: Deux patrices, qui s'étoient féparez de Photius, font revenus aujourd'hui, de