Imágenes de páginas
PDF
EPUB

tion de leur ordre, & qu'on ne doit point obéïr au pape, quand il appelle quelqu'un à un concile, dont C. 1z. le fujet eft manifeftement mauvais.

dit

Il dit que Formofe ne peut plus être jugé aprés c. 20 avoir été presenté au jugement de Dieu. Mais, l'agreffeur : Aprés fa dépofition il n'a pû être évêque & encore moins pape. Le défenfeur répond: Comme il a été déposé par l'autorité du faint fiége, il a été reconcilié par la même autorité. L'agreffeur: Quand il a été dépofé, il a juré fur les faints évangiles de ne jamais rentrer dans Rome, & ne jamais reprendre fon évêché: il n'a donc pû être reconcilié. Le défenseur : Un tel ferment feroit jugé détestable par les payens mêmes jurer de ne venir jamais aux tombeaux des apôtres demander sa reconciliation : quelle cruauté L'agreffeur : Le pape a-t-il dû reconcilier un homme, qui s'eft condamné de fa propre bouche; Le défenfeur : Il ne l'a fait que par crainte mais il fuffit qu'enfuite il a été reconcilié par l'autorité du faint fiége. L'agreffeur : Soit, Formofe c. zzi a été reconcilié: mais enfuite le défir de la gloire lui a fait quitter fon évêché. Le défenfeur : Il eft incertain fi c'est l'ambition qui l'a fait monter fur le faint fiége: c'eft pourquoi il faut le laiffer au jugement de Dieu. Cependant toute la ville de Rome & les pays circonvoifins difent, qu'il a été d'une grande fainteté, hors un tres-petit nombre qui le décrie.

:

L'agreffeur: Mais voici une objection fans re. C. 16 plique. Quand Formose eft venu pour être ordonné pape, il s'eft fait impofer les mains, comme s'il MMmm iij

C. 27.

C. 29.

C. 30.

étoient

n'eut point été évêque; & par là, non-feulement il n'a pas acquis la dignité papale, mais il a perdu l'épifcopale. Le défenfeur: J'ai interrogé ceux qui prefens, quand Formofe fut intronisé; & ils m'ont dit, qu'il étoit tres-faux, que dans cette translation il ait reçû l'imposition des mains : mais comme des voyageurs font des prieres en marchant; ainfi, difent-ils, en priant nous le conduifimes au fiége apoftolique, & l'intronisâmes avec l'oraison convenable. L'agreffeur : Il y a encore plufieurs perfonnes dignes de foi, qui temoignent que Formofe fe fit réïterer l'imposition des mains. Le défenseur : Et moi je fai certainement, comme plufieurs autres, qu'il n'y a que les ennemis de Formofe, qui le difent. Or les loix divines & humaines rejettent le témoignage des ennemis.

prou

L'Agreffeur: Au concile de Ravenne, on a déclaré valable l'ordination de Formofe: mais nous comptons pour rien ce decret, qui n'a été qu'à force d'argent. Le défenfeur : Vous ne le fauriez ver: mais il eft plus clair que le jour, que prefque tous les évêques d'Italie ont affifté à ce concile. C'eft pourquoi s'il plaît à Dieu que l'empereur affemble un concile univerfel, que jugera-t-on de vous, qui rejettez les decrets de tant d'évêques? L'agreffeur: Eftienne qui a été le troifiéme pape aprés Formofe, l'a tellement jugé coupable; qu'il à fait tirer fon cadavre du tombeau, & traîner dans un concile; où aprés l'avoir dépouillé de ses habits, on le couvrit d'un habit laïque, on lui coupa deux doigts de la main droite, on l'enterra dans une fepulture d'étran

gers, & peu de temps aprés on le jetta dans le Tibre. Le défenfeur : Ils ont agi comme des bêtes feroces, fans humanité, où l'ont-ils appris ces miserables? Quand cette tranflation d'un fiége à un autre auroit été illicite, il faloit la tolerer avec la douceur ecclefiaftique, fans l'exagerer par des cruautez inoüies: puis défendre dans un concile general, que jamais à Rome on fit rien de femblable. Il foûtient ensuite, qu'on doit obferver le ferment prêté par force, pourvû qu'il n'engage à aucun peché.

:

Dans le troifiéme écrit l'accusateur infifte fur ce que l'ordination de Formofe étoit illicite, aprés le ferment qu'il avoit fait, de ne jamais monter fur le faint fiége; & l'acteur, c'eft à-dire le défenfeur en convient ; mais il foûtient que cette ordination n'a pas laiffé d'être valable, à cause de l'utilité de l'églife qui doit être préferée au ferment d'un particulier. Or l'utilité publique y étoit, en ce qu'il 1 fe trouvoit perfonne fi digne de remplir le faint fiége. Il fait ainfi l'éloge de Formofe. Il a donné pendant toute fa vie un tel exemple de gravité, qu'il n'a ja mais bu de vin, ni mangé de chair, & qu'il a gardé la virginité, ayant vécu jufques à quatre-vingt ans. Il a converti les Bulgares, foûtenant sa prédication par la fainteté de fa vie. C'eft ce qui m'a paru de plus remarquable dans les écrits d'Auxilius.

C. 32.

Anal. tom.

4. p. 610.

P. 619

XLIV.

Troflé.

En France Hervé archevêque de Reims fut confulté par Viton archevêque de Rouen, comment il Concile de en devoit user avec les payens convertis, qui aprés le baptême étoient retournez à leurs fuperftitions; &. avec ceux qui n'avoient pas encore été baptifez. C'é

AN. 909.

toit des Normans qui pour s'établir en France, comFlei. 1v. hift. mençoient à fe faire Chrétiens. Hervé envoya pour réponse un recueil de plufieurs autoritez de faint Gregoire, d'autres peres & de quelques hiftoires peu autentiques, divifez en vingt-trois articles.

C. 14.

Tom.g.conc.
P. 484.

p. 520.

Hervé tint plufieurs conciles avec les évêques de Tom. 9.conc. fa province : mais nous n'avons les decrets que de celui qu'il tint à Troflé prés de Soiffons, le vingtfixiéme de Juin 909. indiction douzième. Ses fuffragans y affifterent, & on y voit les foufcriptions de douze prelats: Hervé archevêque de Reims, Viton ou Gui de Rouen, Raoul évêque de Laon, Erluin de Beauvais, Robert de Noyon, Letolde de Châlons, Abbon de Soiffons, Eftienne de Cambrai, Hu bert de Meaux, Otfrid de Senlis, Eftienne de Teroüane & Oger d'Amiens. Les decrets de ce concile font diftribuez en quinze chapitres ; qui font plutôt de longues exhortations, que des canons, & qui font voir le trifte état de l'églife.

P. 522. A.

P. 523.

Dés la preface on en parle ainfi : Les villes font dépeuplées, les monafteres ruinez ou brûlez, les campagnes reduites en folitude. Enfuité: Comme les premiers hommes vivoient fans loi & fans crainte, abandonnez à leurs paffions; ainfi maintenant chacun fait ce qui lui plaît, méprifant les loix divines & humaines, & les ordonnances des évêques : les puiffans oppriment les foibles, tout eft plein de violences contre les pauvres & de pillages de biens ecclefiaftiques. Et afin qu'on ne croye pas que nous nous épargnons, nous qui devons corriger les autres; nous portons le nom d'évêques, mais nous

n'en

n'en rempliffons pas les devoirs. Nous négligeons AN. 909. la prédication : nous voyons ceux dont nous fommes chargez abandonner Dieu & croupir dans le vice, fans leur parler & fans leur tendre la main; & fi nous les voulons reprendre, ils difent, comme dans l'évangile, que nous les chargeons de fardeaux infupportables, & n'y touchons pas du bout du doigt. Mat.xx111; Ainfi le troupeau du feigneur perit par nôtre filen- 4 ce. Songeons quel pecheur s'eft jamais converti par nos difcours qui a renoncé à la débauche, à l'avarice, à l'orgueil. Cependant nous rendrons compte inceffamment de cette négotiation qui nous a été confiée, pour en apporter du profit.

Dans la fuite on décrit ainfi la décadence des monafteres. Les uns ont été ruinez ou brûlez par les payens, les autres dépouillez de leurs biens, & prefque reduits à rien: ceux dont il refte quelques veftiges ne gardent plus aucune forme de vie regulicre. Les moines, les chanoines, les religieufes n'ont plus de fuperieurs legitimes, par l'abus qui s'est introduit de les foûmettre à des étrangers: c'eft pourquoi ils tombent dans le déreglement des mœurs, partie par pauvreté, partie par mauvaise volonté. Ils oublient la fainteté de leur profeffion, pour s'appliquer à des affaires temporelles. Quelques-uns preffez par la neceffité, quittent les monafteres, & bon gré malgré, fe mêlant avec les feculiers, vivent comme eux : ils n'ont aucun mérite qui les diftingue du peuple, & la baffeffe de leurs Occupations les rend méprifables. Nous voyons dans les monafres confacrez à Dieu des abbez laïques, avec leurs Tome XI.

NNnn

C. 34

« AnteriorContinuar »