Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& les pafteurs du troupeau. Cet éloge de la dignité AN. 685. épifcopale, eft remarquable en la bouche d'un pape fi jaloux de la fienne. Il continue: Direz-vous qu'il n'y a que les affaires des métropolitans qui foient des causes majeures? Mais ils ne font pas d'un autre ordre que les évêques, & nous n'exigeons pas des témoins ou des juges d'autre qualité pour les uns que pour les autres. C'eft pourquoi nous voulons que les causes des uns & des autres nous foient refervées. Et enfuite se trouvera t-il quelqu'un affez déraisonnable, pour dire que l'on doive conferver à toutes les églifes leurs privileges, & que la feule église Romaine doive perdre les fiens? Il conclut en leur ordonnant de recevoir Rothade & le rétablir.

Sup. liv.

XLIV. n. 22.

[ocr errors]

Evar. ep. 2. 1. Conc. p. 34

$38. A.
Anic. ep. c. 3.
Eleuth. ep.

C. 2.

Ces decretales que le pape Nicolas foûtient avec tant de chaleur font celles de la collection d'Ifidore Mercator, dont j'ai parlé en fon lieu : qui font aujourd'hui reconnuës pour fauffes. Il eft vrai qu'elles établissent nettement, que les évêques ne peuvent être jugez définitivement, que par le faint fiége. Il est vrai encore, que de n'être pas dans le corps des canons, n'étoit pas une raifon fuffifante pour les rejetter. Mais il falloit examiner fi elles étoient veritablement des papes dont elles portoient les noms; & c'eft ce que l'ignorance de la critique ne permettoit pas alors. Dans le fonds, les évêques de France avoient raison ; & le lecteur peut voir par tout ce qu'il a lû jufques ici dans cette hiftoire, s'il y avoit un autre tribunal ordinaire pour juger les évêques que le concile de la province. Nic.epift.25. Arfene fut encore chargé de quelques autres let- & ibi Sirm.

AN. 865.

Ep. 26.

P. 402, C:

Pontific. R. de Cor. reg.

Ep. 10. op. 1.

P. 494.

tres. Une au roi Charles, pour l'exhorter à la paix
avec l'empereur son neveu: fans lui difputer le royau-
me de fon frere le jeune roi Charles, mort deux ans
auparavant. Il y avoit une lettre à même fin pour
les évêques du royaume de Charles le Chauve. Le
pape les prie d'exhorter le roi à garder les fermens;
& ajoûte ces paroles remarquables : Que l'empereur
ne foit pas obligé de tourner contre les fideles le
glaive qu'il a reçû du vicaire de faint Pierre, pour
s'en fervir contre les infideles. Qu'il lui foit permis
de gouverner les royaumes qui lui font échus par
ceffion, confirmée par l'autorité du faint fiége, &
par la couronne que le fouverain pontife a mise sur
fa tête. On voit que
le pape vouloit tirer à conse-
quence la ceremonie du couronnement & la tradi-
tion de l'épée qui en fait partie. Il ajoûte une menace
de la colere de Dieu, à quiconque ofera attaquer
l'empereur? & déclare que lui même le défendra de
tout fon pouvoir.

fuc

Quant à l'affaire du roi Lothaire, le pape écrivit tom. 8. conc. aux évêques de fon royaume, de lui parler avec la liberté épifcopale, pour l'obliger à chaffer Valdrade; & le menacer s'il ne le fait, de n'avoir plus de communion avec lui. Il les exhorte à agir de concert avec Arfene. Il y exhorte auffi Adon archevêque de Vienne, par une lettre, où il dit d'abord: que le concile qui avoit été propofé, n'a point été celebré à Rome; parce que les évêques François qui l'avoient euxmêmes demandé n'y font pas venus. C'est-à-dire, que ce concile n'avoit pas été auffi nombreux que le pape esperoit ; car il eft certain qu'il en tint un à Ro

me à la fin de l'année précedente où Rothade fut ré- A N. 865. tabli. Il fe juftifie enfuite du bruit que l'on répandoit, qu'il eut rétabli Theutgaud & Gonthier, & ajoûte à la fin : J'ai trouvé ridicule une expreffion de vôtre lettre, dont vous dites que le porteur eft un prêtre du comte Gerard. Ce comte l'a-t-il ordonné prêtre? eft-il de fon diocéfe? On ordonne des prêtres pour une église de la ville ou de la campagne, ou pour un monastere: mais non pas pour les maisons des laïques. C'est peut-être un des abus que nous devons reformer quand nous nous assemblerons. Ces paroles font voir que les ordinations vagues, les ordinations vagues, n'étoient pas encore en ufage.

le

Aprés qu'Arfene fut parti & vers la fête de Pâque qui cette année 865. fut le vingt-deuxième d'Avril, pape Nicolas reçût des lettres des deux rois Loüis & Charles, où ils s'excufoient de n'avoir pas envoyé leurs évêques au concile de Rome. Le pape témoi- Epift. 27. gne être peu content de leurs excuses; fur tout de ce que le roi Charles difoit, que la plufpart des évêques de fon royaume étoient obligez à veiller jour & nuit avec les autres fujets contre le pirates maritimes, c'est-à-dire les Normans. C'eft, dit-il, aux guerriers du fiecle de porter les armes, & aux évêques de vaquer à la priere. Et enfuite: vous dites que vous avez averti Lothaire, & qu'il vous a fouvent mandé, qu'il vouloit venir à Rome, & fe raporter à nous de l'affaire de fon mariage. Il nous l'a mandé lui-même par les ambaffadeurs de l'empereur; mais nous lui avons défendu, & lui défendons absolument, de fe mettre en chemin dans les dispositions où il est. Nous avons

[ocr errors]

AN. 865. attendu jusques ici fa converfion, & avons differé de publier la cenfure contre lui, pour éviter les guerres & l'effufion du fang: mais s'il leve les cornes & méprife nos avertiffemens & les vôtres, il fera deformais tenu pour tel, que nous avons marqué dans la lettre dont Rothade & Jean étoient chargez. C'està-dire, qu'il fera excommunié. Le pape ordonne enfuite de confacrer un évêque à Cologne à la place de Gonthier, & à Cambray à la place d'Hilduin. On y en ordonna en effet un nommé Jean. Le pape ajoûte: Nous n'avons pas fait écrire cette lettre à la maniere accoûtumée, parce que vôtre envoyé ne pouvoit attendre; & que nous n'avons pu avoir nos fecretaires, occupez à d'autres devoirs pendant les fêtes de Pâques. C'est-à-dire, que ces fecretaires étoient des clercs, qui faifoient leurs fonctions dans l'églife.

Tom. 12.

C. I.

Ce fut auffi depuis le départ d'Arfene, que le paSpicil. p. 42. pe Nicolas répondit à Arduic archevêque de Befançon, qui l'avoit confulté fur divers points de difcipline. Le pape aprés avoir loüé fon obéïffance & fon attachement au faint fiége, lui donne les décisions fuivantes. Ceux qui ont époufé deux freres ou deux fœurs, ne peuvent enfuite fe remarier à d'autres, ni être reconciliez qu'à la mort. En general, tous ceux qui ont contracté des mariages illicites, pour cause de parenté, ne peuvent en contracter d'autres: fi ce n'eft par indulgence, en cas qu'ils foient encore jeunes. Un évêque une fois élû canoniquement par le clergé, du confentement des premiers de la ville, ne peut plus être rejetté, Les corévêques ne peuvent confacrer

C. 2.

C.4.

C.S.

C. 6.

C.1.

confacrer des églifes, ni donner la confirmation re: A N. 865. fervée à l'évêque feul. Un prêtre une fois tombé, ne peut plus être rétabli dans les fonctions de fon ordre. Qui a tué fon parent, doit être excommunié jufques à la mort. Le pape renvoye l'archevêque à fon legat Arfene, pour les autres difficultez qu'il pourroit avoir.

Au fortir de l'Italie, Arfene prit fon chemin par l'Allemagne; mais avant qu'il y arrivât, elle perdit fa plus grande lumiere faint Anfcaire archevêque de Hambourg & de Breme. Il vécut encore fix ans depuis l'union de ces deux églifes,s'apliquant fans relâche au gouvernement de fon troupeau. Il mêloit dans fes prédications la feverité & la douceur : enforte que par fon visage & par fes paroles il étoit terrible aux pecheurs, principalement aux puiffans & aux rebelles mais il étoit doux aux bons, affable au gens mediocres comme un frere, & aux pauvres comme un pere. Ses aumônes étoient immenfes : il fonda à Breme un hôpital, où l'on traitoit les malades, & on recevoit les paffans. Il avoit un foin particulier des anacoretes hommes & femmes, & les vifitoit fouvent. Le carême il nourriffoit quatre pauvres tous les jours; & dans ses vifites, il ne fe mettoit point à table qu'il ne les eût fervis.

Il avoit un zele particulier pour racheter les captifs. Les Nordalbingues, quoique chrétiens, prenoient ceux qui fe fauvant de chez les payens, fe retiroient chez eux. Ils s'en fervoient comme d'efclaves, ou les revendoient même à des payens. Saint Anfcaire l'ayant appris,étoit en peine comme il pourTome XI,

N

XXXVIII.

Fin de faint Anfcaire.

t

Sup. liv. XLIX. Vita S. Anfch.n.

6.

Act. B. p.10.

n. 614

n. 66.

« AnteriorContinuar »