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clate enfin. Les deux flottes Romaines fe trouvant dans des endroits exposez & découverts, en furent fi cruellement maltraitées, qu'il n'en resta pas même une planche dont on pût faire ufage. Cet accident, qui relevoit les affaires des Carthaginois, & affermiffoit leurs efpérances, acheva d'abattre les Romains, déja affoiblis par les pertes précédentes; ils quittérent la mer & tinrent la campagne, cédant aux Carthaginois une fupériorité qu'ils ne pouvoient plus leur disputer, peu fûrs même d'avoir fur eux par terre tout l'avantage.

Sur cette nouvelle, on ne put s'empêcher à Rome & au camp de Lilybée de répandre des larmes fur le malheur de la République; mais cela ne fit pas abandonner le fiége que l'on avoit commencé. Les munitions continuérent de venir par terre, fans que perfonne fe défendit d'en apporter, & l'attaque fe pouffa le plus vivement qu'il étoit poflible. Junius après fon naufrage ne fut pas arrivé au camp, que pénétré de douleur il chercha par quel exploit confidérable il pourroit réparer la perte qu'il venoit de faire. Une petite occafion fe préfenta, il fit des pratiques dans Eryce, qui lui livrérent & la ville & le Temple de Venus. Eryce eft une montagne fituée fur la côte de Sicile qui regarde l'Afrique, entre Drépane & Palerme, plus voisine de Drépane & plus inacceffible de ce côté-là. C'eft la plus haute montagne de Sicile après le mont Etna. Elle fe termine en une plate-forme, où l'on a bâti le Temple de Venus Erycine, le plus beau fans contredit, & le plus riche de tous les Temples de Sicile. Au deffous du fommet eft la ville, où l'on ne peut monter que par un chemin très-long & très-efcarpé, de quelque côté que l'on y vienne. Junius aiant commandé quelques troupes fur le fommet & fur le chemin de Drépane, gardoit avec foin ces deux poftes; perfuadé qu'en fe tenant fimplement fur la défenfive il retiendroit paifiblement fous fa puiffance, & la ville, & toute la mon

tagne.

OBSERVATIONS

Sur la défaite de la flotte des Romains fur la route d'Héraclée.

U

N Ancien fait un raifonnement quelque part, je ne me fouviens pas fi je l'ai lu dans Xenophon ou dans Tite-Live, qu'un Général d'armée, qui peut entreprendre plufieurs chofes à la fois, ne doit pas s'en tenir à une feule: mais aller promptement, & vigoureusement de l'une à l'autre jufqu'à la derniére, qui perfectionne l'auvre, & voit la fin de la guerre. Quel que puiffe être l'Auteur de cette maxime, Grec ou Latin, car peu m'importe, il ne fe peut rien de plus judicieux. C'étoit celle de Céfar, qui comptoit pour rien ce qu'il avoit fait, s'il lui reftoit quelque chofe à faire. M. de Turenne, qui a fait voir par fes grandes actions fes grandes actions que Céfar pouvoit avoir

fon

fon femblable, avoit adopté cette maxime, & s'en trouva toujours bien. Carthalon la pratique dans toute fon étendue dans cette affaire. Il vient de brûler une partie de la flotte Romaine devant Lilybée. Un autre, qui ignoreroit la maxime, fe glorifieroit d'une telle action, s'en contenteroit; il n'iroit pas plus loin. Le Carthaginois habile n'a garde d'en demeurer là, il eft averti que l'ennemi eft en mer, qu'il amene un grand convoi de huit cens vaiffeaux de charge, fous l'efcorte de fix vingt navires de guerre; il Il va au-devant de remercie la fortune qui lui offre l'occafion de remplir la maxime. cette flotte fur la route d'Héraclée, il la joint & l'attaque promptement, de peur de laifpas achefer entre les mains de cette fortune une occafion de défaire ce qu'on n'auroit vé. Il mérite que nous lui appliquions en Latin, après l'avoir dit en François, ce que Lucain attribue au Capitaine Romain:

Nil actum credens, dum quid fupereffet agendum.

Voilà le caractére d'un véritable Chef d'armée, l'humeur d'un vrai Conquérant qui Les Généne veut point laiffer de queue aux guerres, ou du moins à une campagne. raux d'une humeur toute différente fe contentent du moins lorfqu'ils peuvent le plus, fuppofé qu'ils le connoiffent, ils cherchent l'éclat, & non le folide. Il ne faut pas douter qu'ils ne frapaffent de grands coups, s'ils croioient étre auffi heureux aujourd'hui qu'ils l'ont été le jour précédent. Car on cherche naturellement à s'illuftrer, & une victoire ne fuffit pas pour cela. La victoire, dit Tite-Live, n'eft pas toujours une marque de la valeur & de l'intelligence. Qui fait s'ils ne craignent pas qu'un fecond combat ne leur faffe perdre la gloire du premier? Qui fait fi ne fe défiant de rien de ce côté-là, ils n'ont pas un deffein fecret d'allonger la guerre de quelques campagnes, pour fe rendre plus néceffaires? Il y a telle campagne qui acheveroit une guerre, fi les Généraux, pour leur profit particulier, au préjudice de celui du Prince, ne fourniffoient adroitement des reffources à l'ennemi pour la continuation de la guerre. Gabinius prenoit à toutes mains, pillant indifféremment amis & ennemis. Ces fortes de fupercheries faites aux Souverains font fans nombre dans l'Hiftoire ancienne & moderne. Les Généraux, qui font la guerre comme un métier uniquement pour amaffer de l'ar. gent, deshonorent les armes. Cela me fait fouvenir d'un paffage d'Aulugéle, qui vaut la peine d'être rapporté. Cornelius Rufinus étoit brave & grand Capitaine, mais d'une avarice & d'une rapacité prodigieufe. Il choifit un tems où les affaires des Romains étoient en danger, pour demander le Confulat. Ses Compétiteurs étoient des gens qui fe trouvoient auffi peu chargez de mérite que de capacité pour la guerre. Fabricius le haïffoit extrêmement. Il ne laiffa pas que de briguer pour lui, & très-fortement. On lui en demanda la raifon: c'eft, répondit-il, que j'aime mieux être pillé que vendu. Revenons aux Généraux qui ne font pas femblables à ceux-ci, & qui font le moins lorfqu'ils pourroient fort bien pouffer au plus je croirois volontiers qu'ils font capables d'une bonne affaire, & de la gagner pleinement & fans équivoque; mais leur perpétuelle défiance & leur incertitude naturelle ne leur permettent pas de tenter une feconde fois la fortune, & encore moins une troifiéme, qui peut terminer & finir la guerre.

Il eft pourtant furprenant que les plus grands Capitaines aient été fujets à cette forte de défaut avec les qualitez du monde les plus rares, & qui y fembloient les plus oppofées. Nous en connoiffons un bon nombre, anciens & modernes ; ils peuvent fe confoler de ce défaut, puifque tant d'autres plus grands qu'eux y ont été fujets. On croiroit, en lifant leurs faits & leurs geftes, qu'ils ne favoient que fe battre ; ils font à l'abri de tout reproche fur ce point, braves au-delà de tout ce qu'on peut dire, fe battant très-bien & très-vigoureufement pour la victoire: à deux pas de là ils fe délaffent,

fe

fe repofent, & s'endorment très-profondément pour tout le refte de la campagne, fans rien faire, & fans tirer le moindre fruit de leurs victoires; & cette activité, qu'on remarque d'abord en eux dans une action décifive, n'eft qu'un feu de peu de durée qui s'éteint & qui s'épuife. C'étoit le défaut du grand Annibal. On fe fouviendra du compliment qui lui fut fait après la bataille de Cannes, il n'étoit pas fans fondement. Vincere fcis Annibal, fed victoria uti nefcis. Rien ne l'empêchoit de tirer droit à Rome, comme Adherbal, auteur du compliment, lui confeilloit après un fi bon coup : s'il y eût marché, ne s'en rendoit-il pas le maître? En prenant ce parti il fe fût difpenfé de donner par la fuite tant de combats & tant de batailles, qui ne décidérent ja

mais rien.

Guftave-Adolphe, un vrai Annibal, ne fe rendit pas moins digne du compliment après la bataille de Lipfick: en allant droit à Vienne, il chaffoit l'Empereur, effraié & confterné de la déroute de fon armée prefque exterminée. Ferdinand n'avoit pas plus de troupes à lui oppofer, que les Romains n'en avoient à Rome. Il négligea de le faire. S'il eût couru à cette conquête, il fe fût épargné une grande journée, très-belle & très-glorieuse, à la vérité, qui fut celle de Lutzen; mais il y périt: ce qui ne lui fût pas arrivé, s'il eût profité de la précédente.

M. de Turenne difoit qu'il eftimoit plus un Général qui confervoit un païs, après une bataille perdue, que celui qui l'avoit gagnée, & n'avoit pas fû en profiter. Il avoit raifon. Ceux de cette derniére efpéce ne font pas rares. Apparuit nefcire eos victoria uti, dit Tite-Live; mais ceux qui pouffent les avantages d'une victoire auffi loin qu'ils peuvent aller, comme M. le Prince & M. de Turenne, ne fe trouvent pas par tout. D'où vient cela? C'eft que ceux dont la hardieffe n'a point de bornes, ont l'efprit borné à cet égard-là, & que les autres, qui ont affez de génie, de capacité & d'expérience, manquent de courage. Il s'en trouve beaucoup encore qui voudroient entreprendre les chofes hardies, mais très-peu qui ofent les commencer, plutôt par ignorance que par timidité: car la hardieffe, quelque grande qu'elle puiffe être, n'eft jamais dépourvûe de cette capacité qui nous fait voir la poffibilité de la chofe qu'on entreprend.

Il me femble pourtant qu'une victoire complette & décifive, qui laiffe la campagne toute nue, & fans une ame ennemie qui y paroiffe, devroit nous faire courir au loin & au large, & produire un débordement d'un bout à l'autre d'un païs qui fe trouve fans aucune défenfe, ou nous mener à d'autres victoires: car une feule occafion eft la fource de plufieurs autres, rien n'eft plus fujet à propagation, & rien ne doit être moins négligé. Une entreprise qui s'offre à la fuite d'une autre, devient plus aifée à éxécuter, quoique plus difficile que ne l'a été la premiére; c'eft un fujet de crainte, de terreur & d'étonnement au vaincu, & cette opinion applanit les difficultez, & léve tous les obftacles.

Carthalon étoit un de ces hommes rares dont j'ai parlé plus haut. Il furprend la flotte Romaine, enléve quelques vaiffeaux, en brûle un nombre d'autres: il eût brûlé le tout, fi l'armée de terre ne fût venue au fecours; il laiffe l'affaire indécife, parce qu'il ne put la pouffer plus loin. Il court à une autre que la fortune lui offre, & en vient à bout: voilà qui eft d'un Capitaine qui a le génie, la capacité & le courage de faifir les occafions qui fe préfentent.

Se fervir de l'occafion eft une marque infaillible de l'habileté & du courage d'un Général d'armée. L'occafion, dit Tacite, eft la mére des grands événemens. Opportu nos magnis conatibus tranfitus rerum. En effet une victoire décifive & complette nous conduit à une foule d'entreprises & de grands deffeins, qui résultent tous de la premié

re

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!

re victoire. Si nous nous en tenons à la maxime de Céfar, quoi de plus aifé que de la mettre à profit?

Une armée n'eft pas abimée & anéantie pour avoir perdu & abandonné le champ de bataille, fon canon, fes morts, fes bleffez & fes équipages. Ceux qui fuient à travers les campagnes ne font pas morts; ils font diffipez aujourd'hui, ils peuvent fe réunir de main, trois ou quatre jours après, quinze ou vingt, fi l'on veut, fe rallier, reprendre de nouvelles forces, de nouvelles efpérances, & revenir plus mauvais & plus réfolus qu'auparavant, par la honte de leurs défaites, ou par l'adreffe de leurs Généraux. Que ne faut-il pas pour rendre une bataille décifive & complette? Elles ne le font prefque jamais. On voit l'ennemi en fuite, atterré, vaincu, foulé aux pieds. Il fe reléve en peu de tems, on diroit que le victorieux n'a marché que fur des refforts. L'avanture furprenante des Ducs de Weimar & de Rohan dans la plaine de Rhinfelt par les Bavarrois, est une preuve bien démonftrative que le vaincu qui fuit n'eft pas un être anéanti, & que les trophées érigez fur un champ de bataille ne font pas toujours de longue durée. Weimar & Rohan, les deux plus grands Capitaines de leur fiécle, per I dirent tout à cette malheureuse journée, hors le courage & la confiance de leurs foldats, aufquels il ne refta que leurs feules armes, & le défir d'avoir leur revanche. C'eft beaucoup, lorfqu'ils ont à leur tête des Généraux vifs, hardis & brayes, & à qui la cervelle ne tourne pas aifément. Une partie de cette armée avoit été prife, ou taillée en piéces: l'autre s'enfuit, & ne borna fa courfe qu'à cinq ou fix lieues du champ de bataille. C'est là que le Duc de Weimar recueillit les triftes débris de fon armée. Le voilà défolé. Il fe voit fans vivres, fans équipages, fans munitions: en un mot réduit dans l'état du monde le plus défefpérant. Que faire? Que devenir? Le Duc de Rohan, l'homme du monde le plus fécond en expédiens & en reffources hardies & vigoureufes, lui dit qu'il n'y a rien de défefpéré avec de fi braves foldats. H propofe Weimar de remarcher aux ennemis. Celui-ci goûte cet avis, qu'il trouve digne de fon courage, de fa vertu, de l'extrémité où il fe voioit réduit. On fonde la volonté des Officiers des corps, & ceux-ci celle des foldats : ils répondent tous unanimement, qu'ils font prêts à tout faire. On les rallie, & chacun joint fon drapeau: l'on force une marche de nuit avec une incroiable diligence. On arrive au point du jour fur l'ennemi, qui ne s'attendoit à rien moins qu'à une telle vifite: on le furprend, & fans lui donner le tems de fe reconnoître, il eft attaqué & battu fans prefque aucune réfiftance: tout s'enfuit, tout s'en va, & rien ne demeure: le canon, les bagages, les munitions de guerre, rien n'échape à l'avidité du vainqueur. A-t-on jamais oui parler d'un événement femblable? Je m'étendrai plus particuliérement fur cette bataille, lorfque l'occafion s'en préfentera dans le cours de cet ouvrage. L'efquiffe, que j'en donne ici, n'eft que pour faire voir aux gens du métier que la perte de la plupart des batailles eft plus dans l'opinion que dans la chofe même; les hommes braves, audacieux & entendus, s'élèvent dans les plus grandes infortunes, bien loin d'y fuccomber: rien ne manoù il y a du courage.

que

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Si le Maréchal de Boufflers eût été de l'humeur du Duc de Weimar, après la perte de la bataille de Malplaquet, fi tant eft qu'une bataille obftinément foutenue, cédée enfin fans perte, & qui ne finit que par la bleffure du Général, & la lâcheté de quelques corps qui abandonnent leurs poftes, peut être mife au rang des batailles que Fon ne peut revendiquer: fi, dis-je, le Maréchal de Boufflers, un des plus braves hommes, & le meilleur Citoien que la France ait jamais eu, fans écouter les confeils de certaines perfonnes, dont l'excès de prudence étoit un effet de nos infortunes paffées, eût marché quelques jours après cette bataille droit aux ennemis qui affiégeoient Mons, il les

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eût furpris, & leur eût fait boire, le même vin que les Bavarrois bûrent à Rhinfelt.

Une bataille n'eft complette & décifive qu'autant qu'on en fait profiter dès l'inftant que la victoire s'est déclarée, fans nulle équivoque, qu'aucun corps ne refte en entier, que tout s'enfuit, que tout court à la débandade. Le Général victorieux doit bien fe garder alors de faire un lieu de repos du champ de bataille; mais imiter ce que fit Céfar dans toutes ses victoires, & particuliérement dans celle de Pharfale. Il n'a pas plutôt vaincu Pompée, que tout fur le champ il marche à l'infulte de fon camp, qu'il emporte; ce n'eft pas encore affez, il le fuit fans relâche, & à marches forcées. Il l'oblige de monter fur mer; il y monte auffi, & avec la même promptitude, de peur qu'il ne lui échape: belle leçon pour les victorieux, qui ne le font jamais qu'à demi.

On doit laisser là tous les bleffez, les gros bagages, la groffe artillerie, enfin tout ce qui peut retarder la marche d'un feul moment, camper fur les traces des vaincus, afin qu'ils n'aient pas le tems de fe reconnoître, & de recourir aux reffources.

Ordinairement une armée battue cherche fon falut par différentes routes & diverfes retraites: on doit partager fon armée en plufieurs corps dans un très-grand ordre, les envoier aux trouffes des fuiards, tâcher de les atteindre pour les accabler, & ruiner le tout. Si les vaincus fe réuniffent & fe raffemblent fous le canon de la place la plus voifine, l'attaquer brufquement à la faveur de la nuit, ou dans le plein jour: on effuie un feu de paffage, mais dès qu'on en eft aux mains ce feu n'a plus lieu. Combien l'Histoire nous fournit-elle d'éxemples de ces fortes d'entreprises? Sans épuifer cette matiére, fur laquelle nous ne taririons pas, on doit feulement confidérer qu'il y a certaines bornes d'où l'on ne fauroit s'écarter après une victoire : c'eft en quoi confifte l'habileté du Général. Il y a un certain point jusqu'où il eft permis de pourfuivre fes avantages. Ce n'est pas connoître fes forces, ni même celles de fes ennemis, que de n'ofer aller jufques-là, ou de vouloir aller plus loin, lorfque la défaite n'eft pas entiére. Bien des Généraux ont été battus après une victoire, faute de connoître la jufte étendue qu'ils auroient pû

lui donner.

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Prife d'Erite par Amilcar. Différentes tentatives des deux Généraux l'un contre l'autre. Amilcar affiége Eryce. Nouvelle flotte des Romains commandée par C. Lutatius. Bataille d'Egufe.

L

A dix-huitiéme année de cette guerre, les Carthaginois aiant fait Général de leurs armées Amilcar, furnommé Barcas, ils lui donnérent le commandement de la flotte. Celui-ci partit auffi-tôt pour aller ravager l'Italie; il fit le dégât dans le païs des Locriens & des Bretiens: de là il prit avec toute la flotte la route de Palerme, (a) & s'em

(a) Et s'empara d'Eryce, place fituée fur le bord de la mer.] Nous ignorons aujourd'hui son éxiftance, ou du moins n'en fommes-nous pas trop

para affurez: c'étoit une ville de Sicile. La defcription que Polybe en fait ne fent point la négligence des Anciens Auteurs. Il étoit d'une extrême

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