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Pl.IV. Tom. I. pag. LVII.

X.De Putter fit 1728.

TERRAIN OÙ L'ON PEUT RANGER EN COLONNES HUIT BATAILLONS, QUOI QU'IL N'EN PUISSE CONTENIR QUE QUATRE DE FRONT.

attaque feroit d'autant plus dangereufe, que la fection F peut donner de tête contre le corps qui attaqueroit, & qui lui prête le fanc.

Si l'ennemi tombe en même tems fur les deux faces de la gauche, il fe trouve expofé aux mêmes difficultez & aux mêmes dangers, ne pouvant s'engager en G, fans efluier tout le feu de M, de la fection E & de F. Voilà un avantage qui ne fe trouve point dans le quarré, ni dans quelque évolution ou figure que ce foit.

Je veux que cette Colonne foit inveftie, envelopée, & choquée de tous côtez par un corps de trois ou quatre mille hommes rangez felon la méthode d'aujourd'hui; croit-on que cette Colonne unie & ferrée, & ne faifant qu'une feule masse bien ordonnée reftera immobile & fans action dans un terrain libre comme le quarré lorsqu'il eft environné? Ce feroit lui refufer & lui dérober ses propriétez naturelles, qui confiftent dans la force & la violence de fon choc, dans la vîteffe & la célérité de fes mouvemens, de fes changemens, & de fes différentes manœuvres en présence de l'ennemi, & pendant le cours même d'un combat, dans la fimplicité de fa figure qui fe rompt & fe remet dans un inftant fans peine & fans confufion. Joignez à cela qu'elle s'accommode à toute forte de fituations de terrain, dans les plaines comme dans les païs couverts, embarraffez & ravineux, montagneux & de défilez, & dans les infultes de poftes & de camps retranchez. Elle combat avec les mêmes avantages par tout, & plus dans les lieux refferrez & de défilez que dans les autres. Car dans ceux qui peuvent à peine contenir deux ou trois bataillons de plus ou dans des trouées, où quelquefois des armées entiéres font obligées de fe former fur un très-grand nombre de lignes, où à peine fix ou fept bataillons peuvent combattre de front, on peut au moins leur oppofer les quatorze Colonnes À, c'est-à-dire le double de bataillons aux fept de l'ennemi B, qui remplit l'ouverture de la trouée par plufieurs lignes redoublées; de forte que ces vingt-fix Colonnes rangées fur deux lignes, font en état de culbuter & de battre un nombre triple de bataillons rangez fur plufieurs lignes; n'eft-ce pas là une évidence palpable? Car quel eft le bataillon qui pourra réfifter & foutenir contre le choc d'une Colonne, & à plus forte raifon contre deux? Je ne prétens pas feulement que ces Colonnes attaquent les bataillons minces; mais ma méthode eft que les Colonnes de la feconde ligne C, paffent en même tems entre les intervalles des Colonnes de la premiére A, & tombent fur la feconde B.

Je ne m'arrête pas au reproche que l'on fait à la Colonne de donner prife fur elle, par l'excès de foibleffe des côtez qui deviennent plus longs & plus minces. Car que répondre à un tel reproche, finon ce qu'Ajax répondit à Vénus: Allez la guerre n'est pas votre métier, mêlez-vons de la faire naître. Peut-on, en effet appeller excès de foibleffe & côtez tongs & minces, un corps de 24. ou de 30. files de tête à queue fur 46. de profondeur? Si ce corps fe trouve attaqué par une de fes faces, l'ennemi doit fe réfoudre à affronter & à pénétrer 24. rangs, c'est-à-dire un corps dont les files des faces font de 24. de hauteur. Où eft donc cet excès de foibleffe? Où font ces côtez minces? Mais quelle eft la nature des corps qui attaqueront cette Colonne tour à tour, & à différentes reprises? Ce ne peuvent être que des bataillons ordonnez, armez, & difpofez felon la façon d'aujourd'hui, fur quatre ou cinq de hauteur. Ne feroit-ce pas une espéce de prodige en matiére de lâcheté, fi des files de 24. hommes fe laiffoient enfoncer & pénétrer par de files de cinq tout au plus?

Je fuppofe que ces bataillons en bon nombre environnent & envelopent cette Colonne de toutés parts, ou plufieurs ensemble; combattant fur un tel principe, ils ne tiennent rien car cinq hommes de file auront alors affaire à douze où à quinze à chaque Tom. I. h

face.