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K. De Putter fecit.

ORDRE DE BATAILLE DES IMPÉRIAUX ET DES SUÉDOIS À LUTZEN.

K

Pl. XIV. Tom. I.Pag. XCII.

joint encore à ce qui lui reftoit de la défaite, il lui feroit aifé de paffer fur le ventre d'une armée déja fatiguée & diminuée du dernier combat. On remarche aux ennemis, ceux-ci qui voient de près tous ces mouvemens, les attendent en bonne posture & de bonne grace. On en vient aux mains, & cette plaine s'illuftre par deux combats d'infanterie, ou pour mieux dire par deux batailles rangées, les plus furieufes, les plus rudes & les plus obftinées qu'on ait vû depuis long-tems.

Les Suédois, plus foibles encore qu'ils ne l'étoient auparavant, mais toujours plus forts par l'avantage de l'ordre bien plus redoutable que celui du nombre, ne fe découragent point. Ils foutiennent le choc avec toute la fermeté poffible, contre des forces fi fupérieures. Les Impérieux firent des efforts extraordinaires. Les Suédois commencent à perdre de leur terrain, les Impériaux qui s'en apperçoivent, redoublent de force & de vigueur, & les pouffent jufqu'à une batterie enclouée dont ils fe rendent les maîtres; cet avantage ne fut pas de longue durée. Les Suédois, peu accoûtumez à ces fortes de mouvemens retrogrades, & prefque accablez par le nombre de leurs ennemis, comprirent bien qu'à moins d'un effort extraordinaire, ce fecond combat alloit tourner à leur honte après la gloire du premier; ils fe déterminent à cet effort de néceffité, reffource toujours falutaire dans les actions de campagne, où il périt plus dé monde dans un terrain que l'on perd & que l'on céde, que dans celui que l'on maintient, , que l'on conferve, & que l'on opiniâtre.

S'il faut ajouter foi à l'Officier Général dont j'ai déja parlé, comme fans doute il mérite toute créance, les deux lignes de l'infanterie Suédoise se joignirent & s'enchâfférent l'une dans l'autre par les intervalles des corps, & n'en formérent plus qu'une, ferrée & condensée comme une phalange, les huit Colonnes pouffées en avant, & débordant le front de la ligne. Cet ordre eft le plus terrible & le plus redoutable de tous ceux dont on ait ouï parler depuis les Anciens. Alors les foldats font ferme à cet endroit, & par je ne fcai quel inftinct & quelle boutade, comme s'ils s'étoient donnez le mot, cette phalange s'ébranle toute entiére & tout d'un tems, fe jette tête baiffée fur l'ennemi, & le pouffe avec d'autant plus de force & de violence, qu'elle attaque avec l'avantage de l'ordre. Les Impériaux font enfoncez de toutes parts, de cette fecouffe tout céde, tout plie & tout s'enfuit; l'on vit alors une confufion terrible de combattans. Le victorieux, fans leur donner aucun relâche, les fuit & les taille en piéces ; & fi la nuit ne fut furvenue au milieu de tous ces défordres, les Généraux ennemis fe fuffent trouvez très-embarrassez de faire retraite. Ils la firent à la faveur des ténébres, ou pour mieux dire ils partagérent leur fuite par différentes routes: les Suédois ne pouvant les poursuivre, à cause de l'obscurité, restérent maîtres du champ de bataille, de leurs bagages, de leurs canons, de leurs morts & de leurs bleffez, dont la terre fut toute

couverte.

Ce qu'on trouvera de bien furprenant dans cette bataille, j'ai lû ceci dans un Hiftos rien, c'eft que les Impériaux s'en attribuérent ridiculement la gloire, quoique leur défaite fût marquée de tous les maux & de tous les titres des vaincus. Non feulement les Suédois les renvoiérent avec tous ces titres, mais ils ruinérent encore les deux tiers de l'armée Impériale, dix à douze mille hommes reftérent fur le champ de bataille, les principaux Chefs furent prefque tous tuez, bleffez, ou pris prifonniers. Quelle plus grande marque que de voir fuir Walstein jufqu'à Léipzig fans débrider, & de là à Leutmérick fans attendre le jour. Ce n'eft pas encore affez, le victorieux marche à Leipzig, le prend, & plufieurs villes fe rendent, pendant que les Impiaux confernez s'enfuient jufques dans la Bohéme: malgré tout cela, on chante le Te Deum à Vienne, à Madrid & à Bruxelles, comme pour une bataille gagnée.

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CHAPITRE XI.

Commandemens pour former la Colonne, & la maniére de combattre dans cet ordre.

C

Ette évolution n'eft pas fort difficile, puifqu'il ne s'agit que de doubler, tripler, quadrupler & quintupler les files; c'eft-à-dire les hauffer ou les baiffer felon la force & la foibleffe des corps. Il y a différentes méthodes toutes fort aifées & fort promptes. La plus fimple eft, ce me femble, de divifer le bataillon en autant de fections, & fur autant de files, ou de rangs de front, qu'on en veut mener à la charge: je fuppofe ici le bataillon de cinq cens cinquante fufeliers, les grenadiers compris, (qui eft le nombre le plus parfait) fur cinq de hauteur, qui eft la moindre qu'on puiffe lui donner pour le choc.

Suppofant l'armée en bataille à l'ordinaire fur deux lignes, & une réferve, la cavalerie fur les aîles, & l'infanterie au centre, les bataillons fur cinq de hauteur; la diftribution & l'ordonnance des troupes, & le choix des corps qui doivent former les Colonnes fur le front de la premiére étant fait, on féparera les grenadiers de chacun de ces corps. On commencera par ce commandement.

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A ce commandement, premiérement la manche du centre du bataillon rentre dans celle de la droite; le premier rang derriére le premier, le fecond derriére le fecond, & ainfi des autres.

En même tems la manche de la gauche rentre dans les deux manches jointes enfemble, le premier rang derriére le premier de la manche du centre, le deuxieme derriére le deuxième, & ainfi du refte; de forte que chaque bataillon fe trouve à quinze de hauteur, étant rare qu'il y ait des furnumeraires. Je fuppofe ici la Colonne fur trente files de front, que j'aimerois infiniment mieux fur vingt-quatre de profondeur.

A ce même commandement les deux ou les trois compagnies de grenadiers, fuppofé que la Colonne foit de plus de deux bataillons, fe porteront à la queue de la derniére fection, chacune à cinq ou à fix de hauteur.

Si l'on veut former deux Colonnes d'une feule, ou la couper en deux de tête à queue, on fait ce commandement.

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Ce commandement fe fait lorfqu'après avoir percé une ligne l'on cherche promptement à profiter de cet avantage pour tomber à droit & à gauche fur les flancs des bataillons qui font à côté, & qui foutiennent encore contre ceux qui leur font opposez, mais ce mouvement ne doit fe faire que lorfque la premiére ligne tient ferme encore aux en

droits où il n'y a pas de Colonnes. Pour peu que le foldat foit dreffé à cet éxercice, il fçait affez ce qu'il a à faire en femblable occafion.

Lorfque la Colonne s'eft ouvert un paffage, & qu'elle a rompu le corps qui lui eft oppofé, on peut alors lâcher les grenadiers fur les derriéres de l'ennemi, pendant que la Colonne qui s'eft partagée en deux lui gagne le flanc. Si la feconde ligne ennemie s'avançoit au fecours de la premiére, ou qu'on le craignît, on doit fe conferver en Colonne fans la partager de tête à queue, mais lâcher une fection ou deux fections de chaque Colonne, pendant que la troifiéme achevera la défaite de la premiére, & les bataillons qui combattent entre les Colonnes; pendant ce tems on fait avancer la feconde ligne, ce qu'on expliquera en différens endroits, & dans le cours de mon Commentaire, où l'on verra les différens mouvemens & les diverfes manœuvres des Colonnes dans l'attaque comme dans la défense, entremêlées dans une ligne, ou formant feules une ou deux lignes de bataillons rangez de la forte.

On doit regarder comme une maxime conftante, que toute armée qui eft percée & ouverte en plufieurs endroits fur tout le front de la ligne, & même à un feul, ne fçauroit trouver de reméde contre les corps qui l'ont pénétrée, parce que les bataillons ou les efcadrons qui font à côté ne fçauroient leur donner du fecours. Si l'on fait avancer la réferve, que peut-elle faire contre des Colonnes? Outre que celui qui veut foutenir fon avantage fait avancer la fienne: fi l'ennemi a recours à fa feconde ligne après la déroute de fa premiére, il ne gagne rien; il fe trouve alors en tête deux bonnes lignes contre une feule. Ce raifonnement n'eft pas difficile à comprendre, & on le comprendra encore mieux dans notre nouveau Systême de tactique, dont il fera aifé de reconnoître la folidité dans nos Obfervations fur les batailles que notre Auteur rapporte : car après avoir donné le plan felon la defcription qu'il en fait, nous en ajoutons un fecond, que nous accommodons au tems, aux lieux, à la nature de nos armes, au génie de la nation, & aux principes de tactique que nous nous fommes formez; ainfi l'on pourra voir tout le jeu de nos Colonnes.

Lorfqu'une Colonne eft attaquée, foit par fa tête ou par fes faces, ou que fe trouvant environnée elle eft obligée de faire front de tous côtez, ou par fes faces, & de tirer de pied ferme, quoiqu'il lui foit aifé de percer tout & d'aller fon chemin, il me femble meilleur de le faire par rangs en commençant par le centre: les autres rangs faifant genoux à terre ainfi de rang en rang, ou de deux rangs en deux rangs jufqu'aux deux premiers de chaque aîle, fuppofé qu'on n'eût point à craindre une attaque brufque: car en ce cas ils doivent conferver leur feu. Comme il fe peut trouver des maladroits qui pourroient tirer trop bas, & caffer la tête à ceux qui font devant eux genoux à terre, il faut qu'ils fe baiffent prefque le nez contre terre.

Cette maniére de tirer par deux rangs & par trois, n'est trois, n'est pas nouvelle pour les corps qui combattent fur beaucoup de hauteur: Montécuculi nous la propofe dans fes Mémoires, c'eft celle du quarré folide, c'eft-à-dire à centre plein. Il est très-difficile de foutenir longtems contre un feu fi violent & fi bien fuivi. Il me refte une remarque à faire qui mérite attention, à l'égard de l'éxercice d'un grand corps, ou de toute une armée, & des commandemens qu'on eft obligé de faire dans des occafions, où la voix de Stentor feroit à peine entendue.

Toutes les evolutions & les mouvemens qui fe pratiquent parmi le fracas des armes, ne fçauroient être commandées par la voix; on devroit les faire au fon du tambour, pourvû que les évolutions fuffent diftinguées par les différens roulemens. Qu'on ne me parle pas de l'éxercice au fon du tambour tel qu'on le fait aujourd'hui, il eft trop ridicule, puifque les évolutions ne font pas diftinguées. Je dis donc que dans une affaire générale, ou dans un combat, le bruit des autres tambours,

celui

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