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Dieu feul, & prêts à tout fouffrir, plûtôt que d'obéir à un homme. Ainfi de quelque vertu qu'ils fiffent profeffion, ils étoient bien au-deffous des difciples de J. C.

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Entre ceux qui vendirent leurs héritages pour 4. IV. 3% en apporter le prix aux apôtres, fut Joseph levite, natif de Chipre, que les apôtres furnommerent Barnabé. Mais un nommé Ananias de concert avec Saphira fa femme, ayant vendu un heritage, retint une partie du prix, & apporta le reste aux apôtres. Saint Pierre lui dit : Ananias pourquoi t'es-tu laiffé tenter par fatan, de mentir au faint-Efprit? Ananias mourut fur le champ. Sa femme vint trois heures après : & faint Pierre lui ayant demandé combien ils avoient vendu la terre, elle répondit comme fon mari. Saint Pierre lui dit: Vous avez donc concerté tous deux de tenter l'efprit de Dieu. Ceux qui viennent d'enterrer ton mari t'enterreront auffi. Et elle tomba morte à fes pieds. Ce miracle causa une grande crainte dans toute l'églife & dans tous ceux qui l'apprirent. Les fideles s'affembloient d'ordinaire pour prier au temple, dans la galerie de Salomon, ainfi nommée, parce qu'Herode l'avoit bâtie au lieu que Salomon l'avoit comblé autrefois. Le reste du peuple n'ofoit fe joindre à eux, par la crainte des plus puiffans; mais les loüoit & les honoroit, & la multitude des fideles croiffoit tous les jours. Les apôtres faifoient une infinité de miracles. On mettoit les malades fur des lits

"Act. v. 17.

V.

le long des ruës, afin que l'ombre de faint Pierre portât fur eux quand il pafferoit; on apportoit des villes voifines les malades & les poffedez du démon, & tous étoient guéris.

Le fouverain pontife avec deux de son parti, qui étoient les Saducéens, fit encore mettre les apôtres en prison : mais un Ange les délivra. Le Sanedrin affemblé les ayant envoyé querir dans la prison, on ne les y trouva point quoiqu'elle fût bien fermée : ils étoient dans le temple qui enfeignoient. On les amena dans le confeil, & le pontife leur dit : Nous vous avions dé-fendu d'enseigner en ce nom. Pierre & les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plûtôt qu'aux hommes; & commencerent à leur foûtenir que Jefus étoit le fauveur : les Juifs déchirez de rage vouloient les faire mourir. Mais un docteur venerable nommé Gamaliel, de la fecte des Pharifiens, leur confeilla de les laiffer faire, difant : Si cette entreprise vient des hommes, elle fera diffipée : Si elle vient de Dieu, vous ne pouvez lui réfifter. Ils fuivirent fon avis: & toutefois en renvoïant les apôtres ils les firent foüetter & leur défendirent encore de parler au nom de JESUS. Les apôtres s'en allerent joïeux d'avoir été trouvez dignes de recevoir pour lui cet affront. Ils ne ceffoient tous les jours d'enseigner dans le temple & par les maifons.

Le nombre des disciples croiffoit toûjours, & Election des il y avoit une grande quantité de facrificateurs.

diacres.

A8. VI. 7.

Entre tant de fideles étoient plufieurs Hellenistes, c'est-à-dire des Juifs, qui étant nez entre les Grecs ne parloient point la langue fyriaque, comme ceux de Palestine; mais feulement la langue grecque. Ceux-ci se plaignirent, que dans les diftributions ordinaires leurs veuves étoient mé- 4. vi. 1. prifées. Les douze apôtres affemblerent la multitude des difciples & leur dirent : il n'eft pas jufte que nous quittions la parole de Dieu pour fervir aux tables: Choififfez d'entre vous fept hommes de bonne réputation pleins du S. Efprit & de fageffe, que nous établiffions pour cette œuvre : Et pour nous, nous nous appliquerons à la priere & au miniftere de la parole. Ils choifirent Étienne, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parmenas & Nicolas profélite d'Antioche. Leurs noms font tous Grecs, & l'on peut croire qu'ils étoient la plûpart Helleniftes. Ils les préfenterent aux apôtres qui prierent & leur impoferent les mains. Ce furent les premiers diacres. Ils avoient foin de la nourriture des pauvres, & de la diftribution de ce qui étoit nécessaire à chacun pour sa fubfistance, dans cette églife où tous les biens étoient en commun. Mais de plus ils fervoient à la table facrée, c'est-à-dire, à l'adminiftration de l'eucharistie: même ils prêchoient l'évangile dans les occafions.

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ann. 34.

Alors, comme l'on croit, l'apôtre faint Jacques Eufeb. Chron. furnommé le jufte fut établi premier évêque de Jerufalem. On le nommoit encore le frere du Sei

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gneur, parce qu'il étoit parent de J. C. fils d'Alphée & de Marie fœur de la fainte Vierge. Ce furent faint Pierre & les deux fils de Zebedée, faint Jacques & faint Jean qui le choifirent évêque; fans lui difputer cet honneur, ni fe prévaloir des marques de préference que le feigneur leur avoit données. On dit que pour marque de fa dignité il portoit fur le front une lame d'or. Il fut faint, c'est-à-dire, confacré à Dieu dès le ventre de fa mere: il ne but jamais de vin, ni ne mangea d'aucun animal: le rasoir ne passa point sur sa tête : il ne se baignoit, ni ne fe frottoit point d'huile : grande aufterité en pays chaud. Il avoit feul permiffion d'entrer dans le fanctuaire, parce qu'il ne portoit point de laine, mais feulement du linge. Dans le temple on le trouvoit à genoux demandant pardon pour le peuple, ce qu'il faisoit si continuelsement, que fes genoux s'étoient endur

cis comme ceux d'un chameau. L'excellence de fa vertu le faifoit nommer le jufte, & en fyriaque Oblia, c'est-à-dire le rempart du peuple, ou plutôt Ophila, la fortereffe de Dieu. Il gouverna l'église de Jerufalem vingt-neuf ans.

S. Etienne le premier des diacres étant plein de grace & de force faifoit de grands miracles, & prêchoit librement J. C. Quelques Juifs des provinces s'éleverent contre lui. Il y en avoit de libertins, c'est-à-dire en latin affranchis, & l'on croit qu'ils portoient ce nom, parce qu'ils avoient été emmenez en Italie efclaves des Romains, &

Jofeph. contr. 4p. lib. 2 p.

1603. F.

depuis mis en liberté. Il y en avoit de Cyrenéens, defcendus de ceux que le premier des Ptolomées avoit transferé à cette partie d'Afrique. Il y en avoit d'Alexandrie, de Cilicie & d'Alie. Comme ils ne pouvoient résister à S. Etienne dans la difpute, ils fufciterent des faux témoins, qui l'accuferent d'avoir blafphemé contre Moïfe & contre Dieu, & d'avoir dit : que Jesus de Nazareth détruiroit le lieu faint & changeroit les traditions. Il fut pris & amené dans le confeil, où il rendit compte de fa doctrine, montrant par l'histoire du a. v11. peuple de Dieu depuis Abraham, & par les témoignages des prophetes: que la religion n'étoit point attachée à la terre fainte, ni au temple: que les Juifs avoient toûjours rejetté ceux que Dieu leur avoit envoïés, pour les délivrer, & lui avoient toûjours Levit. XXIV. 14. réfifté. Ce difcours les mit en fureur: ils le traînerent hors la ville & le lapiderent. C'étoit le fupplice des blafphémateurs & des féducteurs.

Un des plus échauffez contre lui étoit un jeune homme de Cilicie nommé Saül. Il gardoit les manteaux des témoins; qui fuivant la loi jettoient les premieres pierres contre celui qu'on lapidoit. S. Etienne en mourant fe mit à genoux & cria à haute voix : Seigneur ne leur imputez pas ce peché. Ce fut le premier martyr, c'est-à-dire en Grec, témoin, parce qu'il fut le premier qui mourut pour le témoignage de la doctrine de J. C. Des hommes pieux l'enfevelirent & firent un grand deüil pour lui, montrant ainsi qu'ils

Cod Tal. San. c. VII. ?. 4.

Deuter. XVII. 7. Sax. v. v. n. 4.

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