Imágenes de páginas
PDF
EPUB

étoit fon favori, & que ce dieu guériffoit volontiers les malades en fa prefence. On venoit de tous côtez voir ce jeune homme.

pa

Il parut défintereffé, en donnant la moitié de fon bien à fon frere aîné, & diftribuant la plus grande partie de l'autre moitié à ceux de fes rens qui en avoient befoin, enforte qu'il en garda peu pour lui. Il renonça au mariage & fit profeflion de vivre en continence : toutefois il ne put éviter d'être accufé de quelque amour deshonnête. Pendant cinq ans il garda le filence, mais ce n'étoit pas pour fe cacher. Il ne laiffa pas de converfer avec les hommes, & de fe promener dans la Pamphylie & la Cilicie. En cet état il appaifoit les féditions, en fe montrant feulement au peuple: il parloit par fignes, & au befoin il écrivoit quelques mots.

Ce fut après ces cinq ans de filence qu'il vint à Antioche, & commença à parler dans les lieux où il jugeoit les hommes les plus raisonnables, méprifant les autres. Son ftile n'étoit ni d'une élevation poëtique, ni d'une politeffe trop affectée. Il n'ufoit ni d'ironie, ni de détours pour furprendre les auditeurs, comme Socrate avoit fait. Mais il parloit décifivement en ces termes : Je fçai: il me femble: il faut fçavoir. Ses fentences, qu'il prononçoit comme autant d'oracles, étoient courtes & folides : les mots propres & fignificatifs. Je ne cherche pas comme les autres philofophes, difoit-il. J'ai cherché étant jeune;

X.

Converfion de l'eunuque

Ad. VIII. 25.

il n'eft plus tems de chercher, mais d'enseigner: le fage doit parler comme un legislateur, qui ordonne aux autres, ce dont il s'eft perfuadé luimême. C'est ainsi qu'Apollonius fe conduisit à Antioche: & par ces manieres il attiroit les hommes même les plus éloignez des fciences. Ayant remarqué combien la vanité des philofophes les avoit rendu méprifables, il. le prenoit d'un ton plus haut, & faifoit l'homme infpiré & cheri des dieux, traitant ferieufement les religions reçûës du peuple idolâtre.

Il fit enfuite un grand voyage pour converser avec les Brachmanes des Indes, & voir en paffant les Mages des Perfes. A Ninive un nommé Damis s'attacha à lui, & le fuivit par tout, écrivant jufques aux moindres particularitez de fes actions & de fes paroles. Mais de ces relations il ne nous refte que ce qu'en a recueilli le Sophiste Philostrate, qui vivoit deux cens ans après: & il n'y a qu'à lire, pour voir combien cette histoire est fabuleuse, & éloignée de la gravité de l'évangile.

Les apôtres après avoir inftruit Samarie, retournerent à Jerusalem annonçant l'évangile dans Ethiopien. tout le païs des Samaritains. Mais le diacre faint Philippe reçut ordre de Dieu par un ange d'aller vers le midi au chemin de Gaza, ville autrefois illuftre, & alors deferte, depuis qu'Alexandre le grand l'avoit ruinée. Philippe y trouva un eunuque, tréforier de Candace reine d'Ethiopie,

Strabon. l. 16 1.759. C.

c.

Iren. lib. 111.

qui s'en retournoit de Jerusalem, où il étoit venu adorer Dieu, étánt apparemment Juif profélyte. Philippe s'approcha de lui, & prenant occasion d'un paffage du prophete Ifaïe, que l'eunuque lifoit fans l'entendre: il l'inftruifit de la foi de J. C. & l'ayant perfuadé le baptifa. L'eunuque conti- 12. p. 265 D. nua fon chemin plein de joie, & étant arrivé en Ethiopie, il y prêcha l'évangile de J. C. comme il l'avoit appris. Cependant l'efprit de Dieu enleva Philippe il fe trouva à Azot, & de-là passa jusques à Cefarée, prêchant l'évangile dans toutes les villes.

& lib. IV. c.40.

P. 379.

X I. Converfion

de Saul.

4. xx.

Strab. lib. 4-P.

Saul continuoit de perfecuter les difciples de J. C. ne refpirant que les menaces & le fang. Il étoit de la tribu de Benjamin, né à Tarfe ville métropole de Cilicie, où il avoit pû s'inftruire des sciences des Grecs, qui s'y enfeignoient comme à Alexandrie & à Athenes. Il étoit venu à Jerufa- 673. D. lem s'instruire de fa loi & des traditions des Juifs fous le docteur Gamaliel: il fuivoit la fecte des pharifiens & étoit zelé pour fa religion, autant qu'aucun autre Juif. Il demanda des lettres au fouverain pontife, pour les fynagogues de Damas, afin que s'il trouvoit des difciples de J. C. il les amenât prifonniers à Jerufalem.

A&t. XXIX. 6.

Comme il approchoit de Damas, tout d'un coup en plein midi, il fut environné d'une lu- XXVI. 13. miere venant du ciel, & plus éclatante que celle du soleil,qui le fit tomber & tous ceux qui étoient avec lui. Alors il entendit une voix, qui lui dit

en hebreu : Saul, Saul, pourquoi me persecutestu? Saul répondit: Qui êtes-vous, Seigneur? La voix lui dit: Je fuis JESUS que tu perfecutes. Saul dit en tremblant: Seigneur, que voulez-vous que je faffe? Leve-toi, dit le Seigneur, entre dans la ville, & on te dira ce que tu dois faire, car je t'ai apparu afin de t'établir ministre & témoin de ce que tu as vû, & de ce que je te ferai connoître. Je te délivrerai du peuple & des nations à qui je t'envoye maintenant pour leur ouvrir les yeux, les ramener des tenebres à la lumiere,& de la puiffance de fatan à Dieu, afin qu'ils reçoivent la remiffion des pechez, & la part avec les faints, en

croïant en moi,

Ceux qui accompagnoient Saul étoient épouvantez, voïant la lumiere & oïant une voix confuse, fans entendre les paroles, ni voir celui qui parloit. Lui s'étant relevé, ne voïoit point, quoiqu'il eût les yeux ouverts. On le mena par la main à Damas, où il demeura trois jours fans voir • & fans boire ni manger. Pendant ces trois jours étant en prieres, il crut voir un homme nonìmé Ananias qui entroit & lui impofoit les mains pour lui rendre la vûë, Cet Ananias étoit un difciple de J. C. qui demeuroit à Damas, & qui par fon ordre vint trouver Saul, dans la maifon où il logeoit, lui impofa les mains, & lui dit : Mon frere Saul, regardez. Le Seigneur Jefus, qui vous a apparu en chemin, m'a envoyé, afin que vous recouvriez la vûë,& foïez rempli du Saint-Efprit.

Auffi

[ocr errors]

Auffi-tôt tomberent des yeux de Saul comme des écailles, & il regarda Ananias, qui lui dit: Le Dieu de nos peres vous a destiné pour voir le Jufte, c'eft-à-dire, J. C. & apprendre la volonté de sa bouche: car vous rendrez témoignage pour lui à tous les hommes, de ce que vous avez vû & oüi, & maintenant que tardez-vous ? levez-vous,recevez le baptême, & lavez vos pechez par l'invocation de fon nom.

A. xx11. 14.

Gal. 1. 17.

Saul fut batifé, & prit enfuite de la nourriture. Il demeura quelques jours avec les difciples qui étoient à Damas; & commença auffi-tôt à prêcher dans les fynagogues, que Jesus étoit le fils de Dieu, & le Chrift, & à confondre les Juifs. Tous admiroient fon changement. Après avoir paffé quelque tems à Damas, il alla dans l'Arabie voisine, d'où il revint à Damas & y demeura long-tems; Saul ne fut pas le feul que les Juifs chargerent de perfecuter les Chrétiens. Ils choifirent des hommes, qu'ils envoyerent de Jerusalem par toute la terre, pour dire que cette fecte étoit Juftin. Triphi fans Dieu, & répandre contre les fideles des calomnies, qui trouverent créance chez les payens. On peut croire qu'ils prirent occafion de la coûtume qu'ils avoient d'écrire en tous lieux, pour avertir les autres Juifs des criminels qu'ils avoient condamnez & executez à mort.

P. 234. D. Sanhedr. c. Li n. 4.

XII. Relation de

C'étoit auffi la coutume chez les Romains,que les gouverneurs des provinces fiffent leur rapport Pilate. Mort de à l'empereur des executions remarquables. Ainsi Tibere.

Tome I.

D

« AnteriorContinuar »