Imágenes de páginas
PDF
EPUB

& toutes les autres que nous avions : elles font enfuite de celle-ci. Vous en pourrez tirer une grande utilité, car elles font pleines de foi, de patience, & de toute forte d'édification. Faites-nous fçavoir auffi ce que vous fçavez de plus certain touchant Ignace, & ceux qui font avec lui. Je vous écris ceci par Crefcent, que je vous ai déja recommandé, & que je vous recommande encore. Car il a vêcu avec nous fans reproche, & avec vous auffi, comme je crois. Je vous recommande encore fa fœur, quand elle viendra chez vous. Que le Seigneur vous conferve dans fa grace, avec Hier. fcript. tous les votres. Amen. Cette épitre de S. Policarpe fe lifoit encore publiquement trois ans après dans l'église d'Afie.

XIV. Succeflions d'évê

ques.

Id. hift.c. 1.

Le fucceffeur de S. Ignace dans le fiege d'Antioche, fut Heron diacre de la même églife, qui Euf Chr. an. 107. la gouverna vingt ans. Cerdon évêque d'AlexanAn. 107. drie mourut la même année cent fept, après avoir tenu le fiege onze ans. Son fucceffeur fut Euf. Chr. an. 108. Primus qui gouverna dix ans. On croit que le pape Evariste mourut l'année fuivante cent huit : & il eft certain qu'Alexandre lui fucceda, puis Sixte, puis Télefphore qui fouffrit glorieusement le martyre, & dont quelques-uns mettent le commencement l'an cent onze. Car leurs temps font incertains. A Jerufalem l'évêque Jufte mourut 11. Id. 1. hift. l'an cent onze. Son fucceffeur fut Zachée, puis A. III. Tobie, puis Benjamin, puis Jean, puis Matthias puis un fecond Benjamin autrement nommé

S

Euf. Chr. an.

Philippe.

Ado. feftiv.

Philippe. Ces fix évêques ne durerent que treize
ans, tant cette églife fut perfécutée; & on ne
fçait pas combien a duré chacun d'eux, non plus
que ceux de Rome. On rapporte au même temps
de Trajan la mort de S. Onéfime évêque d'Ephe- pt,
fe, difciple de S. Paul. On dit qu'il fut mené à
Rome chargé de chaînes, & qu'il y fut lapidé. On
l'y ensevelit d'abord, mais enfuite ses reliques fu-
rent reportées à Ephese.

Martyrol. 16. Febr.

XV.
Papias.

Euf. 111. hift. c.

En ce même temps vivoit Papias évêque d'Hierapolis en Phrygie, homme très- fçavant en toutes matieres & très-inftruit de l'écriture. Il étoit dif- ult. ciple de Jean le prêtre d'Ephese, & ami de S. Polycarpe. Il n'avoit pas vû les apôtres; mais leurs difciples, & quelques-uns des difciples du Seigneur; & il avoit été très-foigneux de retenir leurs traditions. Je n'aimois pas, disoit-il, comme la plûpart, ceux qui difoient beaucoup de chofes, mais ceux qui enfeignoient la verité : ni ceux qui rapportoient des préceptes étrangers mais ceux qui rapportoient les préceptes que le Seigneur nous a confiez, & qui procedent de la verité même. Que s'il venoit quelqu'un qui eut fuivi les anciens, je l'interrogeois de leurs difcours. Que disoit André, ou Pierre, ou Philippe, ou Thomas, ou Jacques, ou Jean, ou Matthieu, ou quelque autre des disciples du Seigneur : & ce que difoient Ariftion, ou le prêtre Jean l'ancien disciple du Seigneur. Car il me fembloit, que ce que je voïois dans les livres ne me profitoit pas tant, que Tome I. Bb b

ce que j'apprenois de vive voix. Ce font les paroles de Papias: où il faut remarquer comme il distingue le prêtre Jean, de l'apôtre.

Papias avoit écrit cinq livres de l'expofition des difcours du Seigneur. Il y avoit mêlé quelques paroles étrangeres & quelques discours fabuleux; entr'autres il enfeignoit, qu'après la refurrection des morts J. C. regneroit corporellement fur la terre pendant mille ans. Ce qui venoit de quelques traditions qu'il avoit mal entenduës, aïant pris au pied de la lettre des expreffions figurées; car il avoit l'efprit fort petit, comme fes écrits le témoignoient. Cependant fon antiquité & fon amour pour la tradition, lui avoient acquis une telle autorité, que de grands homFebr. Hie. ep. 28. mes l'ont fuivi dans cette erreur des Millenaires: & l'église ne laiffe pas de le compter au nombre

Marturo'. 22.

ad. Lucin.

XV I.

An. 115.

des Saints.

La dix-huitième année de Trajan, cent quinze Guerre des Juifs. de J. C. les Juifs comme tranfportez d'un efprit féditieux, fe révolterent dans Alexandrie, dans toute l'Egypte & la Cyrénaïque, sous la conduite d'un nommé André ou Andrias : & commencerent à faire main baffe fur les Romains & fur les Grecs. Non contens de les tuer, ils mangeoient leur chair, fe ceignoient de leurs inteftins, fe frotoient de leur fang; & se revêtoient de leurs peaux. Ils en fcierent plufieurs par le milieu, depuis la tête : ils en donnerent d'autres aux bêtes, & en forcerent quelques-uns à fe battre l'un con

Epis. Dion. Traj.
P. 254.F.EM. IV.

[ocr errors]

tre l'autre. Ils firent ainfi périr plus de deux cens vingt mille personnes. Dans l'ifle de Chypre ils en tuerent environ deux cens quarante mille, sous la conduite d'Artémion. Ce qui attira une loi par laquelle il fut défendu à aucun Juif d'aborder en Chypre, fous peine de la vie. Enforte que ceux mêmes qui y alloient innocemment, fans fçavoir la loi, ou qui y étoient jettez par la tempête étoient punis de mort.

L'année suivante dix-neuviéme de Trajan,cent Euf. ibid. feize de J. C. fous la gouvernement de Loup pré- An. 116. fet d'Egypte, il fe donna un combat où les Juifs curent de l'avantage. Ce qui obligea les gentils à fe retirer promptement à Alexandrie, où ils fe faifirent des Juifs qui y demeuroient, & les firent mourir. Les Juifs de Cyréne privez du fecours de leurs freres d'Alexandrie, fe mirent à piller & à ravager l'Egypte, fous la conduite de Lucua qu'ils reconnoiffoient pour roi. L'empereur envoïa contr'eux Marcius Turbo, avec de l'infanterie, de la cavalerie & des vaiffeaux. La guerre fut assez longue, & il y eut plufieurs combats, où Turbo tailla en pieces une infinité de Juifs, qui étoient venus au fecours de Lucua, non feulement de Cyréne, mais d'Egypte. L'empereur donc craignant que les Juifs de Méfopotamie ne se jettassent sur les habitans de ce païs-là, donna ordre à Lucius Quiétus d'en délivrer la province. Il leur livra bataille, & en tua une très-grande multitude. Pour recompenfe de cette action, l'em

[ocr errors]

XVII.

Adrien empe

reur.

Epit. Dion.

An. 117.

pereur le fit gouverneur de la Judée. Ainfi les Juifs s'attiroient de jour en jour de nouveaux malheurs :. tandis que l'églife de J. C. devenoit plus étenduë & plus floriffante.

L'empereur Trajan mourut l'an de J. C. cent. Mort de Trajan. dix-fept, après avoir regné dix-neuf ans, fix mois. & quinze jours. Il eut pour fucceffeur Elius Adrien.. fon fils adoptif, fils d'Adrien Afer fon cousin germain. L'empereur Adrien fut extrémement curieux & attaché à toutes les fuperftitions du pagaEpit. Dion. nisme. Il fit mourir plufieurs perfonnes à Rome au commencement de fon regne, & on peut croire qu'il y eut des chrétiens de ce nombre..

ques.

XVIII.

Id. Chr. an. 125.

Primus évêque d'Alexandrie mourut l'an cent Succeffion d'évê- dix-huit de .J C. Juste lui fucceda, & tint le fiége Euf. Chr. onze ans. Il y en a qui mettent l'an cent vingtAn. 118. deux le martyre du pape S. Thélefphore: à qui Enf. 1v. hift. c. s. fuccéda Hygin, puis Pius, puis Anicet. A Jerufalem après Philippe, Séneque fut évêque, l'an.cent vingt-cinq, Puis Jufte, puis Levi; puis Ephrem., puis Jofé ou Jofeph, puis Judas ; le quinziéme & le dernier des circoncis. Ces fept évêques ne durerent que douze ans, & on ne fait point les années de chacun en particulier..

An. 125.

XIX. Hérétiques,

[ocr errors]
[ocr errors]

Du temps de l'empereur Adrien s'éleverent pluSaturnin. Bafilide. fieurs herétiques, dont les principaux furent SaEuf. IV. hist. turnin, Bafilide & Carpocras difciples de Menandre, difciple de Simon le magicien. Saturnin étoit d'Antioche, & enfeignoit en Syrie. Il difoit, comme Ménandre, qu'il y avoit un feul Pere in

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »