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connu à tous, qui avoit fait les anges, les archanges les vertus & les puiffances: mais que fept anges avoient fait le monde, & l'homme même. Que le Dieu des Juifs étoit un de ces anges, qui s'étoient révoltez contre le Pere. Pour détruire ce Dieu des Juifs, le Chrift qui étoit inconnu & incorporel, avoit paru en figure humaine : afin de perdre les méchans hommes, & fauver les bons. Car il difoit, que les anges avoient fait des hommes de ces deux fortes. Il condamnoit le mariage & la generation, comme étant une invention de fatan; qu'il difoit être un ange oppofé aux auteurs du monde. Plusieurs de fes fectateurs ne mangeoient rien d'animé : & cette apparence d'aufterité impofoit aux fimples. Il attribuoit les propheties, partie aux anges auteurs du monde, partie à fatan partie au Dieu des Juifs..

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Bafilide étoit d'Alexandrie, & enfeignoit en clem. vII. StromiEgypte. Il fe vantoit d'être difciple de Glaucia interprete de S. Pierre. Il inventa de nouvelles fables, & des misteres plus relevez, à ce qu'il prétendoit, que ceux de Saturnin. Il difoit que le Pere qui n'a point d'origine, avoit produit Nous, c'eft-à-dire l'intelligence: qui avoit produit Logos, c'est-à-dire le Verbe: qui avoit produit Phronéfis, c'est-à-dire la prudence: qui avoit produit Sophia & Dynamis, la fageffe & la puiffance : qui avoient produit les vertus, les princes, les anges : quí avoient fait le premier ciel. Que ceux-là en avoient produit d'autres, qui avoient fait un second ciel. Bbb iij.

d'autres un troisième, puis un quatrième, & ainfi de fuite, jufqu'au nombre de trois cens soixante & cinq cieux : d'où venoit selon lui, le nombre des jours de l'année. Le Dieu des Juifs n'étoit que le chef des anges du dernier ordre : qui aïant voulu foumettre toutes les nations, avoit excité contre lui les autres princes. Alors le Pere, ou souverain Dieu avoit envoïé Nous fon premier né, pour délivrer le genre humain de la puiffance des anges auteurs du monde. Ce Nous étoit le Chrift qui avoit paru fur la terre en forme humaine, & avoit été nommé JESUS. Car étant une vertu incorporelle, il prenoit telle figure qu'il vouloit, ainfi quand les Juifs le voulurent crucifier, il prit la forme de Simon le Cyrenéen, qui avoit porté Epiph. har. 24.n.3. fa croix, & donna sa forme à Simon; enforte que les Juifs crucifierent Simon pour JESUS, qui les regardoit faire, & fe mocquoit d'eux: puis il fe rendit invisible, & remonta à son Pere qui l'avoit envoïé.

Delà ils concluoient qu'il ne falloit point adorer ni confeffer le crucifié, autrement l'on étoit encore fujet aux puissances, qui avoient fait le corps. Ainfi ils évítoient le martyre, mangeoient des viandes offertes aux idoles, & diffimuloient leur créance felon l'occafion: tenant cette maxime: Connois les autres,& que perfonne ne te con■ iph. bar. 24.1. 57 noisfe. Basilide faifoit observer à fes disciples cinq ans de filence, comme Pythagore : & recommandoit de tenir fes mifteres fort fecrets; traitant tous

les autres hommes de porcs & de chiens : à qui, fuivant l'évangile, il ne falloit pas expofer les Matth. v11,6. chofes faintes. Il difoit que l'ame étoit punie en cette vie des pechez qu'elle avoit faits auparavant ; enfeignoit la métempfycofe, & nioit la refurrection de la chair, parce que le falut n'avoit pas été promis aux corps. Il enfeignoit qu'en chaque hom

Clem. 1v. Strom.

P. 326. D.

clem. 11. firom.

il y avoit autour de l'ame raisonnable plufieurs efprits, qui excitoient les differentes paffions; que loin de les combattre, il falloit leur obéir; c'est-à-dire, s'abandonner à toute fortes d'impuretez. Il avoit compofé un grand nombre de livres, puifque S. Clement Alexandrin cite le 4ftrom. p. 506. vingt-troifiéme de fes explications.

Il divifoit le corps humain en trois cens foixante & cinq membres, afin d'en attribuer un à chacune des vertus céleftes; & faisoit faire des images chargées de ces noms,principalement du nom Abrafax, qu'il attribuoit au fouverain Dieu: parce que les lettres grecques qui le compofent font le nombre de trois cens foixante & cinq. On trouve encore des pierres gravées de ces noms: avec des figures extravagantes, qui fervoient, ou à des operations magiques, ou à des remedes superstitieux. Bafilide mourut à Alexandrie, vers l'an cent trente de Jesus-Chrift. Il fut refuté de fon temps par Caftor: Agrippa, qui dévelopa tous fes prétendus

misterės.

Carpocras étoit d'Alexandrie, comme Bafilide, & tenoit à peu près la même doctrine. Il difoit

A.

XX.

Carpocras.Gnof

tiques.

init.

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que

Clem. 3. from. que J. C. étoit fils de Joseph, né comme les autres hommes ; & diftingué feulement par sa vertu: que les anges avoient fait le monde, & pour arriver à Dieu, qui eft au-deffus d'eux, il falEpiph. har, 27. Îoit avoir accompli toutes les œuvres du monde, & de la concupifcence, à laquelle il falloit obéir en tout: difant que c'étoit cet adverfaire à qui l'éMatth. v. 25. vangile ordonne de ceder, tandis que l'on eft avec lui dans la joïe. Que l'ame qui résistoit à sa concupiscence en étoit punie, en paffant après la mort dans un autre corps, & enfuite dans un autre, jufques à ce qu'elle eut tout accompli. Qu'ainfi le plus sûr étoit de s'acquitter de cette dette au plûtôt : en accomplissant dans ce corps où l'on fe trouve toutes les œuvres de la chair. Car ils tenoient qu'il n'y avoit point d'action bonne ou mauvaise de foi mais feulement par l'opinion des hommes. De ce principe fuivoit, que toutes les impudicitez étoient, non- feulement permifes; mais commandées. Aufsi n'y en avoit-il point que les Gnoftiques ne pratiquaffent. Car les féctateurs de Carpocras, auffi - bien que ceux de Bafilide, fe donnoient ce beau nom : qui fignifie fçavans ou illuminez, & que les catholiques appliquoient aux chrétiens les plus parfaits.

Epiph. har. 26.

:

Les Gnoftiques donc déteftoient le jeûne, difant qu'il venoit de l'auteur du monde : ils fe nourriffoient de chair, de vin & de viandes délicieuses: fe baignoient & fe parfumoient le corps jour & nuit. Souvent ils faifoient leurs prieres en

tierement

tierement nuds. comme pour marque de liber

repas

le

té. Les femmes étoient communes entr'eux : & quand ils recevoient un étranger, qui étoit de leur fecte, d'abord ils lui faifoient bonne chere, quelque pauvres qu'ils fuffent : après le mari offroit lui-même fa femme: & cette infamie fe couvroit du beau nom de charité. Ils nom- Clem. Alex. from. moient auffi leurs affemblées agapes, où l'on dit où l'on dit 3.P.430. D. qu'après les excez de bouche, ils éteignoient la lumiere, & fuivoient indifferemment tous leurs defirs. Toutefois ils empêchoient la génération autant qu'ils pouvoient. On des accufoit même de faire avorter les femmes ; & de commettre plufieurs abominations facrileges, que l'on peut voir plus au long dans S. Epiphane, qui avoit vû en Egypte des reftes de cette fecte. Ce que lui, & les autres plus anciens rapportent des Gnoftiques paroîtroit incroïable, fi on ne fçavoit jufques à quel point alloit la diffolution des païens, particulierement en Egypte. Une grande partie des philofophes faifoient profeffion de ne chercher que le plaifir : & Platon lui-même, estimé lib. 5. de repub le plus fage de tous, avoit propofé la communauté des femmes, avec certaines regles, comme la perfection de la focieté civile. Or toutes ces hérefies venoient du mélange de la philofophie avec la religion.

Carpocras laiffa un fils nommé Epiphane, clem. Alex. 32 qu'il inftruifit des lettres humaines, & de la phi- Strom. p. 248. Be losophie de Platon, fur les principes de laquelle

Tome I.

Ccc

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