EN FORME DE CATECHISME, 1 IMPRIMEES PAR ORDRE De Meffire CHARLES JOACHIM COLBERT, A l'ufage des anciens & des nouveaux Catholiques Avec deux Catechismes abregez à l'usage des Enfana; MANDEMENT DE MONSEIGNEUR Λ L'EVEQUE DE MONTPELLIER. C HARLES JOACHIM, par la permiffion divine; Evê que de Montpellier, Comte de Mauguio & de Montferrand, Marquis de la Marquerofe, Baron de Sauve, Confeiller du Roy en fes Confeils. A tous les Archiprêtres, Prieurs, Vicaires, Curez, Catéchistes, Maîtres & Maîtreffes d'Ecole, Peres&Meres de famille, & généralement à tous les Fideles de nôtre Diocéfe. Salut & Bénédiction en nôtre Seigneur Jefus Christ. RIEN n'eft plus néceffaire, & cepen dant rien n'eft plus rare que la connoissance exacte de la Religion. Si l'on voit tant d'im pies & de libertins qui fe glorifient de leur impiété tant d'hérétiques obftinez dans a leur erreur, & prévenus prefque fans retour contre l'Eglife de Jefus Chrift, un grand nombre de nouveaux Convertis, qui fous un extérieur Catholique, confervent encore un cœur Proteftant; s'il fe trouve fi peu de Catholiques qui réglent leur conduite fur la Loy de Dieu & fur les maximes de l'Evangile; fi les illufions & les fauffes dévotions font fi ordinaires dans le Chriftianifme; en un mot fi tous les jours on prend le change en matiere de Religion, & fi l'on marche tranquillement dans une voye qui paroît droite à ceux qui la fuivent, & qui cependant conduit à la mort a; il ne faut point chercher d'autres fources de tous ces malbeurs, que la corruption du cœur, entretenue par l'ignorance de la Religion. Cette ignorance & cette corruption de cœur fi générale, n'ont rien qui doive furprendre pour peu qu'on faffe de réflexion fur ce qui fe paffe parmi nous. Ceux qui ont eu le malheur de fucer, pour ainfi dire, avec le lait les impreffions de l'infidélité ou de l'héréfie, & qui ont vant de peine à revenir de leurs préventions font ordinairement retenus dans les préjugez de leur naissance, parce qu'on leur a fait une peinture affreuse de nôtre Relique mille difficultez les arrétent, gion, a Prov. XIV. 12. fur lesquelles ils ne veulent point être éclaircis, ou que peu de perfonnes font capables d'éclaircir folidement. A l'égard de ceux qui étant nez de parens Catholiques, ne connoiffent de la Religion que l'écorce & l'extérieur, & qui portent un cœur Payen ou Juif tout au plus au milieu du Chriftianifme, ce déréglement vient presque toujours de la maniere dont on s'y eft pris pour les inftruire. On n'apprend ordinairement aux enfans que quelques véritez spéculatives on fe contente de leur donner des termes dont ils chargent leur mémoire, fans qu'on leur en faffe comprendre le fens. Les explications que donnent quelquefois les Maîtres ne font ni affez digérées, ni affez exactes. Ainfi fe paffe l'enfance. Dans un âge plus avancé, l'ignorance dans laquelle on a été élevé, augmente par les Occupations extérieures où l'on fe jette. Cha cun penfe à fes affaires temporelles ; & la Religion eft la chofe du monde dont on s'occupe le moins. On néglige, on méprife les inftructions; le feul mot de Catéchifine rebute. On ne lit point l'Ecriture fainte. On n'est pas même préparé à cette lecture par des connoiffances qui puiffent rendre ces faints Livres intelligibles & utiles. La plupart des Sermons fuppofent les Auditeurs inftruits, & ne les inftruifent pas. Les Pafteurs |