MARSIDIE

REINE DES CIMBRES,

TRAGEDI E.

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ACTE VR'S.

MARIUS Conful, General des

Romains.

MARSIDIE, Reine des Cimbres. GOTHARSIS, Prince des Bafter

nes.

FLAVIUS, Capitaine des Gardes de Marius,

CLODOALD, Miniftre & Favo ri de Marfidie.

CEPHISE, Confidente de Marfidic. MAXIME, Lieutenant de Marius. CLEARQUE ; Capitaine des Gars des de Marfidie.

La Scene Se paße dans la tente de Marfidie, fur le bord du Tefin, près de Pavie.

S

CLODO ALD.

Eigneur eft-ce vous-même, en croirai-je mes yeux,

Le vaillant Gotharfis, de retour en ces lieux!

Qui peut,quand tous les cœurs trem-
blent pour votre vie?

Des chaînes des Romains, vous rendre à Marfidic
Quels immenfes tréfors, pour vous tirer des fers
Au Conful Marius, n'a-t-elle point offerts.
Il a tout meprifé, nos offres dédaignez,
Faifoient craindre pour vous fes furçurs obftinez.
Mais, Seigneur, vous vivez, quel coup inefperé,
De ces fatales mains, vous a-t-il donc tiré ;
De cet évenement, daignerez- vous m'inftruire.
GOTHARSIS.
Je dois à Marius, le jour que je refpire.

Mais tandis que la Reine,invifible à nos yeux, Offre aux Dieux immortels fes hommages pieux, Au zelé Clodoald, pourrai-je en fon absence, D'un fecret furprenant, confier l'importance? CLODOALD.

N'en doutez-point, Seigneur, je sçai dans nos com

bats,

Tout le fang qu'aux Romains, a coûté votre bras:
Sans vous, dans le dernier, trois fois trop engagée,
Ia Reine de leurs fers auroit été chargée :
Et qu'au bas du Tefin, ramenant fes débris,
Vous la fauvâtes feul, & vous y fûtes pris.
Je fçai ce qu'on vous doit, & l'ardeur de mon zele;
Me fait mettre ma gloire à vous être fidele.
Mais, Seigneur, cft-il vrai qu'un aveugle tranf
port

A porté les Romains à vouloir votre mort.
GOTHARSIS.
Oui, mais de Marius, l'efprit & la prudence
Sçûrent des factieux, arrêter l'infolence.
Et feignant d'aplaudir à leurs fanglans deffeins,
Sa generofité m'a tiré de leurs mains.

I fait plus, dans fa tente en fecret il m'appelle :
Prince je vous connois, & prudent,& fidelle,
Me dit-il, & je veux vous charger fans témoins
D'un fecret que je fie à vos uniques foins.
Rome dans fa fureur, veut perdre Marfidie ;
Plus elle a de vertus, plus elle en est haïe.
Mais mon cœur, Gotharfi,, ne peut voir fans dou

leur

Le dernier coup qui va terminer fon malheur.
Sa grandeur, fon éclat, fes conquêtes, fa vie,
Tout enfin eft reduit, aux ramparts de Pavie.
Elle n'a plus d'espoir, & malgré la valeur,
Elle verra Pavie au pouvoir du vainqueur.
Un accord prevenant ce défaftre funeste,
Peut d'un trône brifé, fauver encore le refte;
Et fur ce que de Rome elle peut obtenir,