d'autres vues dans cette expedition, que de faire connoître à cette Nation qu'on pouvoit penetrer jufqu'à eux à travers leurs forêts & les détruire facilement; afin de les porter par cette crainte a faire une bonne paix, & rentrer dans l'alliance de la France, fe trouverent fatisfaits, puifque la chofe réüiffit l'année d'après ; en forte que les vaincus & les vainqueurs y trouverent également leur compte. Nos Amans en fûreté régarderent long-temps leur fituation comme un fonge: mais la réalité de leur bonheur leur perfuada bien-tôt d'une agréable verité, ils refterent quelques temps chez les Hurons pour le remettre de leurs fatigues, après-quoy ils s'embarquerent dans des Canots fur les Lacs, & arriverent heureufement à Montreal, où Létuin ayant reglé fes affaires ils decendirent à Quebec, où il époufa la charmante Leonore, au milieu des acclamations de toute la Ville qui s'étoit rendue chez lui, pour prendre part à leur joie & les félici ter de leur retour. Le mariage de Boncourt & de Themire fe fit peu de temps après. Et de ces deux mariages font fortis de braves Guerriers, qui ont rendu des fervices fignalez à leur Patrie; & dans le temps que j'écris cette Hif. toire il y a un de leur defcendant qui commande en Chef dans un des plus beaux Poftes qui foit fous la domination Françoise en Amerique. Voila Madame tout ce que vous m'avez demandé, j'y joins trois Lettres qui m'ont paru meriter de vous être communiquées, dans l'envie que vous marquez de voir tout ce qui part de moy je crains bien que vous n'ayez pas autant de plaifir que vous vous l'étiez imaginée: mais du moins fçachez moi gré de mon obéiffance puifqu'elle eft la marque évidente de l'eftime & de la parfaite confideration avec lefquelles je fuis, Madame, &c. |