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Le perfide Tircis, en brifant une chaîne
Dont le plus tendre amour avoit formé les nœuds

MADRIGAL.

Achante, cher Mirtil, veut élever des Temples
Aux cœurs qu'un tendre amour engage fous fa loi..
De la fidelité nous voyons peu d'exemples;
Mais s'il fçavoit, Mirtil, ce que je fens pour toi:
S'il pouvoit concevoir jufqu'où va ma conftance,
Et quel plaifir je trouve à te garder ma foi,

Les Temples que conftruit fa charmante éloquence;
Sans doute, cher Mirtil, ne feroient dûs qu'à moi..

CHANSON.

L'hiver finit & ceffe fes

ravages,

Paroiffez aimables oifeaux,
Ranimez vos tendres ramages,

Et revenez habiter nos ormeaux,

Si vous craignez encor que je vous faffe entendre,
Par de triftes accents le recit de mes maux

Ah! revenez charmants oifeaux

2

Mon cœur eft libre & je viens vous l'apprendre

A V TR E.

Chantez oifeaux, chantez je viens pour vous entendre,

Celebrez à l'envi les douceurs de l'amour ;

Vous ne fçauriez rien exprimer de tendre,
Que mon cœur, pour Mirtil, ne reffente en ce jour..

Je croi Madame, qu'il eft temps.

de vous ramener à l'heroïque pour vous faire partager toutes mes occupations; je fuis perfuadée que les Vers. fuivans auront votre approbation étans pour un Prince, qui, en faisant l'admiration de tout l'univers fait encore la vôtre en particulier ; je vous ayouërai ingenument, que malgré les précautions que je pris pour les lui faire prefenter, j'ai toûjours ignoré s'ils avoient eu le bonheur de parvenir jufqu'à lui.

A Son Alteffe Royale Monfeigneur le Duc d'Orleans, Regent du Royaume, à fon avenement à la Regence.

Rince, digne en effet, de regir l'Univers

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Permetez que ma joye éclate dans mes Vers
Et que ma voix fe mêle à celle de la France;
Le bonheur de le voir fous votre obéïffance',
Pouvoit feul arrêter le torrent de ses pleurs;
Elle efpere bien-tôt la fin de ces malheurs
Puifque le jufte Ciel, s'interreffant pour elle
A reparé les maux de la parque cruelle,,
Réuniffant en vous les utiles vertus
Qu'avoient féparement tous ceux qu'elle a perdus ;;
Je ne veux point ici chercher à les décrire,

A f

Sur un pareil fujet que de chofe à dire !
Mais l'on m'accuferoit de trop de vanité
Si je croyois pouvoir peindre la verité.

Je ne contente donc, ô Prince Augufte & Sage,
En vous prouvant mon zele, en vous. rendant hom.
mage,

De benir en ce jour la naiflance & la loi.

Qui donnent ce modele à notre jeune Roy.
Dans un évenement pour nous fi memorable,
Grand Prince, daignez être à mes voeux favorable,,
Melpomene me guide & c'eft par fes leçons
Que la Scene a deja retentit de mes fons;
Par ma timidité pour mon premier ouvrage
Je n'ofai demander votre augufte fuffrage,
Cette crainte aujourd'hui cede à l'ambition
D'acquerir fi je puis, votre protection;
Ne la refufez pas au zele qui m'anime
Souffrez que deformais ma Mufe vous l'èxprime,
Et que vous confacrant fon temps & fes travaux

Elle forme fur vous fes Rois & fes Heros...

Il n'eft pas hors de propos de vous

mettre à la fuite de ces Vers, ceux que je fis quelque temps aprés pour feue Madame Ducheffe de Berry; vous fçavez combien cette grande Princeffe 'avoit de charmes; Comme tout ce qui touche mon coeur frape mon efprit, je ne pus refifter à l'envie de lui faire connoître mes fentimens ; elle eut la bonté de les recevoir avec ces graces enchantereffes, qui en infpi

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rant un profond refpect laiflent au fond de l'ame une tendreffe extrême je pris pour le pretexte de ces Vers le déguisement du Domino, fous lequel elle paroiffoit au Bal ordinairement, & ce fut lorfqu'elle étoit dans ce fimple ajustement que j'eus l'honneur de les lui prefenter.

A Madame la Ducheffe de Berry

Nvain à nos regards fous un déguisement, Dont la fimplicité compofe l'ornement, Tu cherches à cacher l'éclat qui t'environne; Sans le fecours trompeur d'un riche ajustement, Princeffe incomparable on connoît aifément, Que fous ton Domino doit être une Couronne.

Rien ne peut déguifer cet air fier & touchant,. Ce port majeftueux, ce fon de voix charmant, Ce regard enchanteur, dont les traits tout de flâmes Sçavent fi bien affujettir nos ames

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Qu'il n'est point de mortel à ton divin afpect,,
Qine mêle l'amour à fon profond respect.

Oui, fans l'éclat pompeux de ta haute naiffance, Princeffe il te fuffit de celui de tes yeux, De leurs divins attraits, de leur douce puiffance, Pour ranger fous tes loix les hommes & les Dieux-;; On t'approche fouvent fans ofer te le dire, Et c'eft depuis long-temps le feul bien où j'afpire.. A Q

Ce n'est point un encens que je donne à ton rang,
Je fçai ce que je dois à ton augufte fang;
Mais à de froids devoirs ma plume fe refuse,
Et loin d'envisager ta fuprême grandeur,
Dans l'hommage qu'ici te vient rendre ma Muse,
J'ai fuivi feulement le penchant de mon cœur.

Pour ne point abaiffer votre efprit du grand au petit, je vais continuer fur le même ton en vous faisant voir tout ce que j'ai compofé pour l'Electeur de Baviere.

Plainte de la Flandre Espagnole, fur l'absence de Son Alteffe Electorale de Baviere.

Q

Ue votre fort eft doux, habitans de Surefne, A prefent la houlette eft refpectable en vous, Et l'Efcaut qui jadis, faifoit tant de jaloux, Youdroit changer fes bords, pour les bords de la Seine..

Mes plus pompeux Palais, cedent à vos hameaux, Et leurs lambris dorez comparez à vos hêtres, N'ont plus qu'un vain éclat, heureux peuples champêtres,

Vous jouiflez du prix qu'attendoit mes travaux.

Et quand de toutes parts on m'accable de chaînes, Qu'on me donne des loix, vos ruftiques échos Retentiffent du nom de l'augufte Heros,

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