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la vallée dont nous parlons, fe perd infenfiblement dans la plus belle & la plus fertile a plaine de Candie; cette plaine s'étend jufques à Gira

petra.

Nous nous retirâmes à nôtre ordinaire, dans un monaftére celui-ci fe nomme b Afomatos, c'eft à dire le monaftére des Anges; le Superieur qui parloit Italien, nous logea le mieux qu'il pût, & comme il apprit que nous cherchions des plantes, il nous fit voir quelques pieds de Colocafia le long des ruiffeaux de fon monaftére. Nous fumes ravis d'y trouver un religieux qui s'en alloit à la Canée: il voulut bien fe charger d'un paquet de lettres pour notre Conful qui devoit faite partir une barque pour Marseille. Je profitai avec plaifir de cette occafion pour avoir l'honheur de vous rendre compte de nos recherches, & pour vous affùrer que je fuis avec un profond respect, &c.

b

Mafferia.

La Meffaria, ou
Ασόματος, fans corps, ou

le Monaftére des Anges.

My

CONTINUA

cription

dic.

LETTRE II.

A Monfeigneur le Comte de Pontchartrain, Secretaire d'Etat & des Commandemens de Sa Majefté, &c.

MONSEI

ONSEIGNEUR,

Comme nos recherches ne fe bornoient

pas

la feule hiftoire naturelle, nous partîmes d'AfoTION de matos le 5. Juillet, pour aller voir les ruines de la Def Gortyne, à 24. milles de ce couvent. On paffa par de Can Apodoulo, village à 6. milles de là; & cotoyant toujours le mont Ida, au travers des montagnes feches, où il ne croît que de la Pimprenelle épineuse, nous allâmes coucher fort près de la mer du Sud, à la a Trinité, autre village, à fix milles & demi d'Apodoulo. Le 6. Juillet nous paffames par Novi-Caftelli, hameau à près de dix milles,où nous arrivâmes de fort bonne heure. Les ruines de Gortyne n'en font qu'à deux milles.

GOR

TYNE.

C

L'origine de b Gortyne eft auffi obfcure,que celle de la plupart des anciennes villes. Que nous importe qu'elle ait eû pour fondateur Gorryn fils de Rhadamante, où d Taurus, celui-là même qui enleva Europe fur les côtes de Phénicie; Il eft certain qu'après la décadence de Cnoffe, que les Romains affectérent d'abaiffer, Gortyne dea Asia Teradas. d Cedren. Compend. Hift. Strab. Rerum geog. lib.10.

b Fogliva. Strab. & Ptol.

C

Defcript. Grac. in Arcad.

1.Le Chateau
2.La Ville
3.Voute a costé
du Ruisseau
4.Ruisseau.

Ruines de GORTYNE

Tom 1. pag. 69. 5. Source qui fournis soit l'eau pour la ville. 6. Aqueduc qui condui

soit l'eau dans la Ville

Αγιος Δεκα

1

:

vint la plus puiffante ville de Créte: elle avoit même partagé l'empire de cette Ifle, avant que les Romains s'en fuffent emparez. Annibal s'y crut en fûreté contre ces mêmes Romains, après la défaite d'Antiochus a les grandes richeffes que ce fameux Africain y porta, lui fufcitérent bien des ennemis; mais il fe mit à couvert de leurs infultes, en feignant de mettre fes trésors en dépôt dans le temple de Diane, où il fit porter quelques vafes remplis de plomb. Quelques temps après il répafla en Afie, avec fon or caché dans les statuës des divinitez qu'il véneroit.

bLes ruines de Gortyne ne font qu'à fix milles du mont Ida, au pied des collines, à l'entrée de la plaine de la Meffaria, laquelle eft proprement le grenier de l'Ifle. Ces ruines montrent bien quelle a été la magnificence de l'ancienne ville, mais on ne fçauroit les regarder fans quelque peine: on laboure, on féme, on fait paître des moutons parmi les débris d'une prodigieufe quantité de marbre, de jafpe, & de granit, travaillez avec beaucoup de foin: au lieu de ces grands hommes qui avoient fait élever de fi beaux édifices, on ne voit que de pauvres bergers, qui n'ont pas l'efprit de prendre les liévres qui leur paffent entre les jambes, ni de tuer les perdrix qui fe trouvent fous leurs pieds. La principale chofe que l'on découvre dans ces ruines, eft le refte d'une des portes de la ville; quoiqu'on en ait détaché les plus belles pierres, il paroît encore qu'elle étoit d'un beau cintre; les murailles qui tiennent à cette porte, font peut-être des reftes de celles C que Ptolemée

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rum geog. lib.15.
Strab. ibid.

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