nérent qu'on exécuteroit l'édit de Wormes & les articles qu'ils Le lendemain feptiéme de Juillet, le cardinal légat pro- te, fainte Madeleine, faint Laurent, faint Michel, la Touffaint, faint Martin, faint Nicolas, fainte Catherine, la Dédicace, & les patrons des églifes. Que les marguilliers ne pourront difpofer des biens de l'églife, qu'avec le confentement du curé; que les mariages ne fe feront qu'en face d'églife, & qu'on ne pourra les contracter en carême, en avent, les fêtes de Pâques, Pentecôte & Noël & leurs octaves, & les trois jours des Rogations; que l'on ne rendra point les interdits généraux pour un lieu entier, & qu'ils ne tomberont que fur le coupable; que les évêques ne s'empareront point des biens des clercs; qu'ils n'exigeront aucune penfion, ni dîmes, ni moyens fruits fur les bénéfices; qu'on privera des fruits les bénéficiers qui ne réciteront pas l'office divin; que tous les trois ans on célébrera des conciles provinciaux. On y régloit encore, qu'on refufera la fépulture à ceux qui mourront fans s'être confeffés & fans avoir communié à Pâques; que l'on châtiera les blafphêmateurs; que l'on obfervera les réglemens faits contre les fimoniaques; que ni les clercs ni les laïcs ne difputeront point fur des matiéres. qui concernent la foi, principalement lorsqu'ils feront dans quelque feftin; que les prêtres s'appliqueront à la lecture de l'ancien & du nouveau teftament; que les ordinaires auront foin d'affurer un revenu fuffifant pour vivre, aux vicaires perpétuels, & à ceux qui font amovibles; que ces mêmes évêques tiendront tous les ans un fynode, & auront foin de faire exécuter les ftatuts qu'on y fera. Ce dernier article regardoit principalement les métropolitains, à qui l'on ordonne d'examiner, dans ces fynodes & dans les conciles provinciaux, fi la préfente conftitution de Ratisbonne est obfervée dans toute fon étendue; & on leur permet d'implorer le fecours du bras féculier contre les tranfgreffeurs. XIV: mal reçus. La publication de ces réglemens offenfa les princes & les évêques, qui n'y avoient pas voulu confentir dans la diette. Ces articles font Ils étoient choqués que ce cardinal eût voulu faire un statut pour toute l'Allemagne avec fi peu de gens, fur-tout après lui avoir fait entendre qu'il ne pouvoit en arriver aucun bien; ils trouvérent auffi fort mauvais qu'un petit nombre de princes & d'évêques voulût s'attribuer l'autorité d'obliger toute la nation malgré tous les autres. Ils firent voir que le légat ne s'étoit amufé qu'à des bagatelles; qu'il avoit paffé fous filen ce les chofes les plus importantes, & qui avoient un plus grand befoin de réformation; que ce n'étoit pas le clergé inférieur qui faifoit fouffrir l'Allemagne, mais les évêques par leurs ufurpations, & encore plus la cour de Rome par fes oppreffions continuelles; que le légat ne touchoit pas plus à ces abus intolérables, que fi les prélats euffent été mieux difciplinés que dans la primitive églife; qu'enfin dans fes articles de réformation, il ne taxoit que de léger abus tout ce qu'il prétendoit réformer, ce qui étoit approuver tacitement tous les autres ; & que d'ailleurs il fe contentoit. d'indiquer ces abus, fans y appliquer le remède néceffaire.. Ainfi chacun fe fépara, fort mécontens les uns des autres. 1 L'empereur ne fut pas non plus fatisfait du décret de la diette; dès qu'il l'eut vu, il en témoigna beaucoup de res fentiment: il craignoit que le pape ne lui imputât entiérement, ou du moins en partie, le mauvais traitement que fon légat avoit reçu à cette diette, & qu'il ne s'en vengeât avec d'autant plus de facilité, que, les forces des François & des Espagnols étant alors égales en Italie', il dépendoit de sa sainteté de faire pencher la balance pour celle des deux nations qu'il: lui plairoit de favorifer. Il en écrivit donc de Burgos le fep tiéme de Juillet aux princes d'Allemagne, & fe plaignit : vivement de la hardieffe avec laquelle ils avoient limité fon édit de Wormes, en réduifant la défenfe générale qu'il y avoit faite de lire & de garder les ouvrages de Luther, aux feuls livres fatyriques de cet héréfiarque, & aux images & libelles diffamatoires comme fi l'édit de Wormes n'avoit pas été rendu avec justice & avec connoiffance de caufe. Il les reprit encore plus fortement de leur décret pour la tenue d'un concile en Allemagne, & de la prière qu'ils avoient faite au légat d'en traiter de leur part avec le pape, comme s'ils euffent été en droit de le faire fans lui, à qui cela appartenoit plutôt qu'à eux. Il ajoute que, puifqu'ils en croyoient la con-vocation, fi néceffaire au bien de l'empire, ils devoient s'adreffer à lui; qu'il en auroit fait la demande au pape, & qu'il auroit pris des mefures pour faire tenir ce concile dans un tems & dans un lieu qui lui fût commode, afin d'y pou voir affifter en perfonne. Enfin il protefte que, pour la tenue des états à Spire, il n'y confentira jamais: il menace, même de mettre au ban de l'empire, quiconque s'y trouvera en per fonne ou par autrui, & foutient que fon édit de Wormes 4 : : fuffit, pourvu que les magiftrats s'appliquent à le faire observer de bonne foi. En conféquence de cette lettre de l'empereur, qui émut fort les efprits de plufieurs princes, il n'y eut point de diette réglée & complette à Spire, comme celle de Nuremberg l'avoit indiqué il ne s'y trouva que quelques princes & membres de l'empire, qui ne prirent point de réfolution particuliére, & convinrent feulement que jufqu'à la tenue du concile ils fe gouverneroient comme ils jugeroient à pro pos, fans qu'on pût toutefois fe plaindre de leur conduite mais ils ne laifférent pas d'expliquer en leur faveur le décret de Nuremberg. Comme ceux qui étoient affemblés se trouvoient prefque tous Luthériens, on ordonna que les villes libres & Impériales, & principalement celles qui poffédoient des perfonnes habiles dans l'intelligence de l'écriture fainte en nommeroient quelques-uns qui donneroient leurs avis fur les points de religion controverfés, & les présenteroient au fénat de chaque ville, pour être mis enfuite entre les mains des députés qu'on enverroit à la prochaine diette: afin qu'après avoir conféré tous ces avis, on en fît un corps de doctrine qui feroit unanimement fuivi; mais tout cela ne fut pas plus exécuté que l'édit de Wormes. AN. 1524. XVI. Spire. 1524. P. 941 XVII. Guftave établic le Luthéranisme Luther profitoit de tout ce qui fe paffoit; & fon parti se rendit fi confidérable, que de la haute Saxe on le vit bientôt répandu jufqu'au-delà de la mer Baltique. Guftave, nou- en Suède, veau roi de Suède, l'introduifit cette année dans fes états; & ufaut du privilége que Luther fe croyoit en droit d'accorder aux princes, de s'emparer des biens des églifes, il affembla le fénat à Stokolm, & y propofa de s'approprier les deux tiers des dîmes pour entretenir les troupes, & de prendre l'argenterie des églifes pour payer les dettes de l'état. La propofition fur approuvée, l'édit expédié, & des commiffaires furent nommés pour le faire exécuter dans les provin-ces. Le clergé & les religieux, fort mécontens, voulurent foulever le peuple; mais Guftave fit des défenfes aux moines de fortir de leurs cloîtres plus de deux fois l'année, & fit changer les fupérieurs étrangers, pour mettre en leurs places des naturels du pays: il obligea les évêques de lui remettre les fortereffes qui leur appartenoient, & de congédier leurs troupes : il les exclut du fénat, il leur défendit d'appliquer à leur profit les amendes & les confifcations :: il s'empara de l'argenterie & des cloches inutiles: il ordon na que la nobleffe pourroit retirer des eccléfiaftiques les biens engagés par fes ancêtres, en payant le prix de l'engagement. Cet acte fut figné par les évêques mêmes, à l'exception de l'archevêque d'Upfal que le roi avoit envoyé en Pologne, d'où ce prélat fe rendit à Rome pour implorer le fecours de Clément VII, & pour l'avertir du péril que la religion couroit en Suède, mais fes remontrances ne produifirent aucun effet. Cependant la divifion augmentant tous les jours entre Lu ther & Carloftad, celui-ci fut obligé de fortir de Wittemberg au commencement de l'année 1524, & de fe retirer à Orlemonde, ville de Thuringe, dépendante de l'électeur de Saxe; il y fut choifi pour miniftre par les magiftrats & par le peuple. Toute l'Allemagne alors étoit en feu: Carloftad, par fes fermons emportés, avoit excité de nouveaux troubles, & fut accufé devant l'électeur de Saxe de favorifer la doctrine des Anabaptiftes, & la rebellion des payfans qui avoient pris les armes contre leurs fouverains. Ceux-ci prétendoient fuivre en cela la doctrine de Luther, & il étoit vrai fon livre de la liberté chrétienne n'avoit pas peu que contribué à leur infpirer la révolte, par la maniére hardie dont il y parloit contre les légiflateurs & contre les loix : car encore qu'il prétendit qu'il n'entendoit point parler des magiftrats ni des loix civiles, il étoit vrai cependant qu'il mêloit les princes & les potentats avec le pape & les évêques; & avancer généralement comme il faifoit, que le chrétien n'étoit sujet à aucun homme, c'étoit, en attendant l'interprétation, nourrir l'efprit d'indépendance dans les peuples, & donner des vues dangereufes à leurs conducteurs. Les Anabaptistes fe mêloient au tumulte des payfans, & commençoient à tourner leurs inspirations facriléges à une révolte manifefte, qui éclata l'année fuivante. qui Carloftad les appuyoit, du moins Luther l'en accuse, & il eft vrai qu'il étoit dans de grandes liaisons avec eux. Ces disputes avoient excité de grands mouvemens à Orlemonde: pour les appaifer, l'électeur de Saxe y envoya Luther, paffant à Jène y prêcha vivement à fon ordinaire contre Carloftad, fans toutefois le nommer, en difant cramentaires & les Iconomaques tenoient de l'efprit de Muncer chef des Anabaptiftes. Âu fortir du fermon, Carlostad, que les fa |