Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Verfet. 6. Ayant fait un ferment à fon prochain, il ne le trompe point; il ne prête point fon argent à ufure, & il ne reçoit point de presens pour opprimer l'in

nocent.

Les Juftes qui fe regardent comme des étrangers fur la terre, & qui foûpirent fans ceffe après la fainte Sion, sont obligez en plufieurs rencontres de converfer avec les autres hommes, & même d'exercer des emplois temporels. C'eft-pourquoi le Prophete après leur avoir parlé de la vie pure qu'ils font obligez de mener, de l'amour qu'ils. doivent avoir pour la verité, & de l'éloignement où il faut qu'ils foient de la médifance, & de tout ce qui peut affoiblir ou bleffer la charité du prochain, leur propofe enfuite des inftructions qui regardent plus particulierement la frequentation du monde, afin de leur apprendre à s'acquitter de leur devoir par rapport aux conditions où il pourront être engagez. Et comme il y en a trois principales, le commerce, le maniement des finances, & la judicature, il leur prefcrit des regles tres-importantes qui regardent ces trois états. Il dit à ceux qui font dans le commerce, qu'ils ne doivent jamais tromper ceux avec qui

ils ont à traiter, & qu'ils font obligez de garder inviolablement toutes les paroles qu'ils donnent & tous les fermens qu'ils font. Il marque aux gens de finance qu'il ne leur eft point permis de prêter à ufure, ni de faire profiter leur argent par des voyès indirectes & condamnées par les Loix. Enfin il reprefente aux Juges qu'ils ne doivent jamais se laiffer gagner par des prefens, ni contribuer en aucune maniere à l'oppreffion des Juftes & de tous ceux qui ont le bon droit de leur côté. Il faut donc que les Chrétiens foient fideles dans le commerce, defintereffez au milieu des richeffes qui font confiées à leurs foins, équitables & incorruptibles dans la diftribution de la juftice. S'ils fe conduifent ainsi, ils ne laifferont pas de vivre comme des étrangers fur la terre, quoiqu'ils foient revêtus des emplois & des dignitez du fiecle.

Verfet 7. Celui qui fait ces chofes demeurera ferme éternellement;"

Voilà les inftructions que le Prophete propofe à tous les fideles qui tendent à la Jerufalem celefte. Heureux ceux qui les pratiqueront; car rien ne pourra les ébranler, ni abattre leur courage. Les biens & les maux de ce monde leur fe

ront indifferens; ils ne s'éleveront point de leur bonne fortune, & ils ne témoigneront aucune impatience au milieu des peines & des adverfitez aufquelles ils feront expofez; parce qu'ils fe regarderont ici-bas comme des étrangers, qu'ils s'occuperont continuellement des biens ineffables de l'autre vie, & qu'ils foûpireront fans ceffe aprés la fainte Sion. Mais il ne faut pas maintenant en dire davantage fur ce fujet; car on verra toutes ces faintes maximes expliquées dans la fuite de cet Ouvrage.

DU PSEAUME XXIII.

[ocr errors]

ERSET 3. Quis afcendet in montem
Domini? aut quis ftabit in loco fan-

Eto ejus ?

Qui eft-ce qui montera fur la montagne du Seigneur ou qui fe prefentera dans fon Sanctuaire.

Verfet. 4. Innocens manibus & mundo corde, qui non accepit in vano animam fuam, nec juravit in dolo proximo Suo.

Ce fera celui qui a les mains nettes & le cœur pur; qui n'a point reçû fon ame en

vain, & qui ne trompe point fon prochain par un faux ferment.

Comme on a expliqué fur le Pfeaume precedent la plupart des veritez qui font contenues dans ces deux Verfets, on ne les repetera point ici, afin de he pas fatiguer l'efprit des Lecteurs, & on fe contentera de les avertir de confide rer que le Prophete dit que pour monter fur la Montagne fainte du Seigneur il faut n'avoir point reçû fon ame en vain; car c'est-là un point tres-impor tant dans la Morale chrétienne, & fur lequel on ne fçauroit trop faire de refle

xions.

Lorfque les gens du monde confiderent la vie de ceux qui s'éloignent du fiecle, qui ne s'engagent point dans les emplois temporels, qui gardent le filence, qui fe cachent à la vûë des hommes, & qui à l'exemple de Marie recherchent à être affis aux pieds de JESUS-CHRIST, ils les méprifent, ils les condamnent ils les régardent comme des perfonnes inutiles, & ils les accufent d'avoir reçû leur ame en vain. Saint Bernard repre fente tres-bien cette conduite des mondains, & il en parle avec d'autant plus d'énergie qu'il l'avoit lui-même éprou, Serm. 120 vée en fa perfonne. Car il dit que lors in Cantic.

qu'il étoit autrefois affis aux pieds de JESUS-CHRIST, & qu'il les baifoit en pleurant fes pechez, & en lui offrant le facrifice d'un cœur contrit, ou qu'il répandoit fes parfums fur la tête facrée, en s'appliquant à la contemplation, on murmuroit contre lui, on fe plaignoit de ce qu'il cachoit les talens qu'il avoit reçûs, & on luy faifoit le même reproche que les Difciples du Sauveur firent à Marte fœur de Lazare,lorfqu'elle parfuma fa tête & fes pieds: Ut quid perditio hac pos tuit enimunguentum iftud vanundari multo & dari pauperibus. A quoi bon cette perte? on auroit pû vendre ce parfum bien cher, en donner l'argent aux pauvres. Pourquoi, lui difoit-on, demeurez-vous ainfi inutile pourquoi ne voulez-vous pas communiquer avec les hommes pour les fanctifier? pourquoi refufez vous de travailler & de vous employer pour. la gloire de Dieu & pour le fervice de fon Eglife?

Saint Gregoire Pape paffe même plus avant; car il obferve que ceux qui aiment le monde & qui fuivent les plaifirs fenfibles, ont coûtume de regarder comme de veritables morts tous ceux qui ne les imitent pas, & qui refusent de prendre part à leurs fauffes joyes.

« AnteriorContinuar »