reurs de leur campagne à la ville, de leur charrue au barreau,du foin de cultiver les terres à celui de pourfuivre Ibid. n. 26. un procès. Miferum atquè iniquum, ex agro homines traduci in forum, ab aratro ad fubfellia, ab ufu rerum rufticarum ad infolitam litem atque judicium. Et d'ailleurs peuvent-ils fe flater, quelque bon droit qu'ils aient, qu'on leur rendra juftice au préjudice des Fermiers ? Judicio ut arator decumanum perfequatur ! Eft-il un plus grand éloge d'un Roi, que ce que l'on voit ici? Hiéron pouvoit entreprendre des guerres, car il ne manquoit pas de courage; gagner des batailles, faire des conquêtes, étendre les bornes de fes Etats. A ces conditions il pafferoit pour un Héros dans l'efprit de la plupart des hommes. De combien d'impots auroit-il falu charger les peuples! Combien de laboureurs auroit-il falu arracher de leurs terres Combien de fang en auroit-il couté pour remporter ces vitoires! Et de quelle utilité euffentelles été pour l'Etat Hiéron, qui favoit en quoi confifte la folide gloire, mit la fienne à gouverner fagement fon peuple, & à le rendre heureux. Au lieu de conquerir de nouveaux pays per la force des armes, il chercha à multiplier le fien en quelque forte par la culture des terres, en les rendant plus fertiles qu'elles n'étoient, & à multiplier réellement fon peuple, ce qui fait la véritable force & la véritable richeffe d'un Etat, & qui ne peut manquer d'arriver quand les gens de la campagne tirent un fruit raisonnable de leur travail, Av.J.C.218 n.50.53. Ce fut dans la feconde guerre Puni- AN.M.3786 que qu'Hiéron donna des preuves Liv. lib. 21 éclatantes de fon attachement aux Romains. Dès qu'il eut appris l'arrivée d'Annibal dans l'Italie, il alla avec fa flote toute équipée au devant de Tib. Sempronius qui étoit arrivé à Meffine, pour offrir fes fervices au Conful, & l'affurer que dans l'âge avancé où il étoit, il feroit paroitre le même zêle pour les intérêts du peuple Romain, qu'il avoit montré autrefois encore tout jeune dans la premiére guerre contre les Carthaginois. Il fe chargea de fournir gratuitement du blé & des habits aux Légions du Conful, & aux troupes des Alliés. Sur la nouvelle qu'on reçut dans le moment de l'avantage remporté par la flote Romaine fur celle des Cartha ginois, le Conful remercia le Roi de les offres avantageufes, & n'en fit point alors d'ufage. Liv. lib. 22. La fidélité inviolable d'Hiéron pour *. 37. 38. les Romains, qui est son caractére le plus marqué, parut encore avec plus d'éclat après leur défaite près du Lac de Thrafyméne. Ils avoient déja perdu trois batailles contre Annibal, toutes plus malheureuses & plus fanglantes les unes que les autres. Hiéron dans cette trifte conjoncture, envoia au port d'Oftie une flote chargée de vivres. Les Ambaffadeurs de Syracufe aiant été introduits dans le Sénat, dirent: » Qu'Hiéron leur maître avoit » été auffi vivement touché de la der» niére difgrace qui leur étoit arrivée, que fi elle lui eût été propre & per»fonnelle. Que quoiqu'il fût bien que la grandeur du peuple Romain étoit prefque plus admirable dans les » tems d'adverfité que dans les heu» reux fuccès, il leur avoit envoié » tous les fecours qu'on pouvoit at» tendre de bons & fidéles Alliés, & qu'il prioit inftamment le Sénat de » vouloir bien les accepter. Que préa»lablement à tout ils apportoient une Victoire d'or de trois cens livres pe دو "fant: qu'ils daignaffent la recevoir " Le Sénat répondit aux Ambassa deurs du Roi en des termes fort obligeans & fort honorables : » Qu’Hié»ron agiffoit en Prince très généreux, » & en Allié très fidéle; que depuis qu'il avoit contracté alliance avec » les Romains, fon attachement pour »eux s'étoit toujours foutenu fans au»cune interruption; enfin enfin, qu'en » tout tems & en tout lieu il les avoir puiffamment & magnifiquement fe» courus. Que le peuple Romain étoit » fenfible comme il le devoit à une telle générofité. Que quelques vil» les d'Italie avoient déja préfenté de » l'or au peuple Romain, qui, après » avoir marqué fa reconnoiffance » n'avoit pas cru devoir l'accepter. » Que la Victoire étoit d'un augure » trop favorable, pour ne pas la re» cevoir. Qu'il la placeroit dans le Capitole, c'eft-à-dire dans le temple du grand Jupiter, afin qu'elle s'y établit une demeure ftable & » permanente. « On remit aux Con, fuls tout le blé & l'orge dont la flote étoit chargée, avec les archers & les frondeurs. Valére a Maxime fait remarquer ici A Trecenta millia modium tritici, & ducenta millia hordei, aurique ducenta & quadraginta la |