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enfans, & entr'autres Hiéronyme, du quel il fera bientôt parlé. Gélon, méprifant la vieilleffe de fon Pere, & ne faifant plus de cas de l'alliance des Romains depuis leur derniére difgrace à Cannes, s'étoit déclaré ouverte ment pour les Carthaginois. Il armoit déja la multitude, & follicitoit les Alliés de Syracufe à fe joindre à lui; & peutêtre auroit-il caufé du trouble dans la Sicile, fi une mort promte & imprévûe n'avoit rompu fes mefu res. Elle furvint fi à propos, qu'elle laiffa quelque foupçon, que le pere l'avoit avancée. Il ne furvécut pas AN.M.3789. lontems à fon fils, & mourut à l'âge Av. J.C.215° de quatre-vingts dix ans, infiniment. regretté des peuples. Il avoit régné cinquante-quatre ans.

a

ARTICLE. SECOND..

§. I.

Hieronyme, petit-fils d'Hiéron, lui fuccé
de, & le fait regretter par fes vices
par fes cruautés. Il eft tué dans une
confpiration. Meurtre funefte des Prin

a Moviffetque in Sicigeret, armantem eum
lia res, nifi mors, adeo multitudinem, follicis
opportuna ut patrem tantemque focios ab
quoque fufpicione adfper- | fumpfifler. Liv.

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ceffes. Hippocrate & Epicyde s'emparent de l'autorité à Syracufe, & fe déclarent pour les Carthaginois, comme l'avoit fait Hieronyme.

LA MORT d'Hiéron caufa de gran Liv. lib. 24 des révolutions dans la Sicile. Le roiau- " 4-7°.. me étoit tombé entre les mains d'Hié

a

ronyme fon petit-fils : jeune Prince incapable d'ufer fagement de la liberté, loin de pouvoir réfifter à la féduction de la puiffance fouveraine. La crainte qu'avoit Hiéron que le bon érat où il laiffoit fon roiaume ne changeât bientôt fous un Roi enfant, lui fit naître la pensée & le defir de rendre la liberté aux Syracufains. Mais fes deux filles s'oppoférent de tout leur crédit à ce deffein, dans l'efpérance que le jeune Prince n'auroit que le titre de Roi, & qu'elles en auroient toute l'autorité avec leurs maris Andranodore & Zoïppe, qui tiendroient le premier rang entre fes Tuteurs. Il b n'étoit pas aifé à un vieillard nonagénaire, de tenir contre les careffes &

a Puerum, vix dum li- | bertatem, ne dum do. minationem, modicè laturum. Liv.

b Non facile erat nonagefiinum jam agenti an

nú, circumfeffo dies noc-:
tefque muliebribus blan-
ditiis, liberare animum,
& convertere ad publi
cam privata curam. Liv.

les artifices de ces deux femmes qui l'obfédoient jour & nuit, de conferver la liberté de fon efprit au milieu de leurs infinuations preffantes & affidues, & de facrifier avec courage l'intérêt de fa famille à celui du public.

Pour prévenir, autant qu'il lui étoit poffible, les maux qu'il prévoioit, il fui nomma quinze Tuteurs qui devoient former fon Confeil, & les pria inftamment en mourant de ne jamais fe départir de l'alliance avec les Romains à laquelle il avoit été inviolablement attaché pendant cinquante ans, & d'apprendre au jeune Prince leur pupille à marcher fur fes traces & à fuivre les principes dans lefquels il avoit été élevé jufques-là.

Le Roi étant mort après ces difpofitions, les Tuteurs qu'il avoit nommés à fon petit- fils, convoquérent auffitôt l'affemblée, préfentérent le jeune Prince au peuple, & firent lecture du teftament. Un petit nombre de gens, apoftés exprès pour y applaudir, battirent des mains, & jettérent des cris de joie. Tout le refte dans une confternation égale à celle d'une famille à qui la mort vient d'enlever un bon pere, garda un morne

filence,

qui marquoit affez & leur douleur de la perte qu'ils venoient de faire, & leurs craintes pour l'avenir. On a fit enfuite fes funérailles, qui furent plus honorées par les regrets & les larmes de fes fujets, que par les foins & le respect de fes proches pour La mémoire.

Le premier foin d'Andranodore fut d'écarter tous les autres Tuteurs, en difant hautement que le Prince étoit en âge de gouverner par lui-même. Il avoit alors près de quinze ans. Ainfi fe démettant le premier de la Tutelle qui lui étoit commune avec plufieurs Collégues, il réunit dans fa feule perfonne tout leur pouvoir. Les difpofitions les plus fages des Princes mourans font fouvent peu refpectées après leur mort, & rarement exécu

tées.

- Le b meilleur Prince du monde, & le plus modéré, fuccédant à un Roi auffi chéri de fes fujets que l'avoit été

a Funus fit regium, magis amore civium & caritate, quàm curâ fuoum, celebre. Liv.

b Vix quidem ulli bono moderatoque regi facilis erat favor apud Syracufa

BOS

fuscedenti tantæ

caritati Hieronis. Ve rùm enim verò Hieronymus, velut fuis vitiis defiderabilem efficere vel let avum, primo ftatim confpectu, omnia quàm difparia eflent, oftendit.. Liv.

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Hiéron, auroit eu bien de la peine à les confoler de la perte qu'ils venoient de faire. Mais, comme fi Hiéronyme eût cherché par fes vices à le faire encore plus regretter, il ne fut pas plutôt monté fur le trône qu'il fit connoitre combien toutes chofes étoient changées. Ni le Roi Hiéron, ni Gélon fon fils, pendant tant d'années, ne s'étoient jamais diftingués des au tres citoiens par leur habillement, ni par aucun ornement qui fentît le fafte. Ici l'on vit paroitre tout d'un coup Hiéronyme revétu de pourpre, le front ceint du diadéme, environnê d'une troupe de Gardes armés. Quelquefois même il affectoit d'imiter De nys le Tyran, en fortant comme lui du palais fur un char attellé de qua

tre chevaux blancs. Tout a le reste ré

pondoit à cet équipage:
équipage: un mépris
marqué de tout le monde, des oreil-
les fières & dédaigneufes, une affec-
tation à ne dire que des chofes defo-
bligeantes, un abord difficile, & qui

a Hunc tam fuperbum rari aditus, non alienis
apparatum habitumque modò fed tutoribus
convenientes fequeban- etiam; libidines novæ,
tur,contemptus omnium inhumana crudelitas.
hominum, fuperbæ au- Liv.
tes, contumeliofa dicta ;

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