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jong, & agir indépendamment des Syracufains, comme une ville pleinement libre. Lors donc que ceux de Syracuse envoiérent aux Léontins faire des plaintes des hoftilités commifes contre les Romains, & demander qu'on chaffât les deux freres Carthaginois qui en étoient les auteurs, les Léontins leur répondirent qu'ils ne les avoient pas chargés de faire la paix pour eux avec les Romains.

Les Députés de Syracuse raportérent à Marcellus cette réponfe des Léontins dont ils ne difpofofent plus lui laiffant la liberté de leur déclarer la guerre, fans que cela portât aucun préjudice au Traité qu'ils avoient fait enfemble. Il marcha auffitôt contre Léonce, dont il fe rendit maître à la premiére attaque. Hippocrate & Epicyde prirent la fuite. On fit main baffe fur tout ce qui fe trouva de déferteurs, dont le nombre montoit bien à deux mille: mais, depuis que la ville fur prife, on ne toucha à aucun des Léontins ni des autres foldats; on leur rendit même tout ce qui leur appartenoit, à l'exception de ce que le premier tumulte d'une ville prise d'affaut avoit fait périr.

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Huit mille hommes, que les Magiftrats de Syracufe envoioient au seCours de Marcellus, rencontrent en chemin un homme, qui leur fait un récit infidéle de ce qui s'eft paflé à la prife de Léonce, exagérant, par une malice affectée, la cruauté des Romains, qu'il affuroit, contre la vérité, avoir fait paffer au fil de l'épée tous les habitans, auffi bien que les troupes qui y avoient été envoiées de Syracufe.

Ce menfonge artificieux, qu'ils n'aprofondirent point autrement, leur donne de la compaffion pour leurs compagnons. Ils témoignent leur indignation par leur murmure. Hippocrate & Epicyde, qui étoient déja connus de ces troupes, fe préfentent à elles précitément dans ce moment de trouble & de tumulte, & prennent le parti de fe mettre fous leur protection, n'aiant point d'autre reffource. Ils font reçus avec joie & applaudiffement, Le bruit fe porte jufqu'à la queue de l'armée, où étoient les Commandans Dinoméne & Sofis. Ceux-ci appren nent la caufe du tumulte, accourent, blâment les foldats d'avoir reçu au milieu d'eux Hippocrate & Epicyde

emnemis de la patrie, & ordonnent qu'on les arréte & qu'on les lie. Les foldats s'y oppofent avec de grandes menaces. Ces deux Généraux envoient à Syracufe, pour informer le Sénat de ce qui fe paffe.

Cependant l'armée s'avance vers Mégaré, & rencontre fur la route un homme apofté par Hippocrate,& chargé d'une lettre qui paroiffoit être écri、 te par les Magiftrats de Syracuse à Marcellus. Ils le louoient du carnage qu'il avoit fait à Léonce, & l'exhortoient à faire le même traitement à tous les foldats mercénaires, pour rendre enfin la liberté à Syracufe. La lecture de cette Lettre fuppofée fouléve les mercénaires, dont ce corps étoit prefque entiérement compofé. Ils veulent fe jetter fur le peu de Syracusains qui s'y trouvent. Hippocrate & Epicy de empêchent cette violence, non par un fentiment de miféricorde. ou d'humanité, mais pour ne pas perdre entiérement l'espérance qu'ils avoient de rentrer dans Syracufe. Ils y envoient un homme qu'ils avoient gagné, qui y raconte le pillage de Léonce conformément à leur premier + récit. Ces bruits font écoutés favora

AN.M.37906

Av. J.C.214.

blement de la multitude, qui s'écrie
qu'il faut fermer les portes aux Ro-
mains. Hippocrate & Epicyde arrivent
cependant auprès de la ville, dans la-
quelle ils entrent moitié
par force
moitié par les intelligences qu'ils y
avoient. Ils tuent les Magiftrats, &
s'emparent de la ville. Le lendemain.
les efclaves font affranchis, les pri
fonniers délivrés, & dans une affem-
blée tumultuaire Hippocrate & Epi-
cyde mis dans les premiéres places.
Syracufe ainsi, après un court raion
de liberté, retomba dans fon ancien
ne fervitude.

§. Í Í.

Le Conful Marcellus forme le fiège de Sy racufe. Les pertes eonfidérables d'hom mes & de vaiffeaux, caufées par les terribles machines d'Archimede, obligent Marcellus à changer le fiège en blo cus. Enfin il prend la ville par le moien des intelligences qu'il y avoit. Mort d'Archimede, tué par un foldat qui ne le connoiffoit point.

LES CHOSES étant en cet état, MarLiv. lib. 24. cellus crut devoir quitter le pays des h. 33.34. Léontins pour s'avancer vers Syracusell. p. 305-fe. Lorsqu'il en fut affez proche, il

Plut.in Mar

307%

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envoia des Députés pour faire favoir Polyb. 1, 8. aux habitans qu'il venoit pour rendre la liberté aux Syracufains, & non pour leur faire la guerre. On ne leur permit pas d'entrer dans la ville. Epicyde & Hippocrate allérent au devant d'eux, & aiant entendu leurs propofitions, répondirent fiérement que fi les Romains fongeoient à mettre le fiége devant leur ville, ils s'apercevroient bientôt qu'autre chofe étoit d'attaquer Syracufe & d'attaquer Léonce. Marcellus fe détermina donc à faire l'attaque de la ville par terre & par mer : par terre du côté de l'Héxapyle, par mer du côté de l'Achradine, dont les murs font baignés par les me, fots de la mer.

Il laiffa le commandement des troupes de terre à Appius, & fe réserva celui de la flote. Elle étoit composée de foixante galéres à cinq rangs de rames, qui étoient pleines d'hommes armés d'arcs, de frondes, & de dards, pour nettoier les murailles. Il y en avoit un grand nombre d'autres, chargées de toutes fortes de machines pres à l'attaque des places.

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Les Romains montant à l'affaut par deux endroits, la confternation rég

On peut con

fulter la def cription de Sy

racufe dans le

Tome troif

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