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mit fur fon trône Ariarathe fon fils qu'il y avoit déja placé auparavant. Il envoia en même tems fes Amballadeurs vers les Généraux Romains pour leur faire fon apologie en même tems & renouveller les plaintes contr'eux. Pélopidas leur déclara que: fon Maître vouloit bien que le peuple Romain en fût arbitre, & dir qu'il avoit déja envoié fes Ambassadeurs à Rome. Il les exhorta à ne rien d'avoir reçu

entreprendre avant que les ordres du Sénat, & à ne pas engager témérairement une guerre qui pou voit avoir de funeftes fuites. Au refte il leur marqua que Mithridate, en cas qu'on refufât de lui rendre juftice, étoit en état de fe la faire lui-même. Les Romains, choqués d'une déclaration fi fiére, lui répondirent, que Mithridate eût à faire fortir les troupes de Cappadoce, & qu'il ne s'avifat plus d'inquiéter Nicoméde, ni

Ariobarzane. Ils commandérent à Pélopidas de fortir dans le moment même du camp, avec défense d'y revenir, à moins que fon Maître n'obéît. Les autres Ambaffadeurs ne furent. pas mieux reçus à Rome.

La rupture pour lors éclata, & les

Généraux Romains n'attendirent pas qu'il leur vint des ordres du peuple Romain, ou du Sénat. C'eft ce que Mithridate demandoit. Dans le def fein où il étoit depuis lontems de fe déclarer contre les Romains, il avoit fait plufieurs alliances, & avoit engagé plufieurs peuples dans fes intérêts. On comptoit dans les troupes jufqu'à vingt-deux nations de vingt deux langues différentes que Mithri date parloit toutes avec facilité. Son armée étoit compofée de deux cens cinquante mille hommes d'infanterie, & de quarante mille chevaux, fans compter cent trente-chariots armés en guerre ; & fa flote de quatre cens vailleaux.

*

Avant que de former aucune en- Justin. 1, z♣ treprife, il crut devoir y préparer les cap. 3-7. troupes, & il leur fit un long dif cours pour les animer contre les Romains. » Il leur repréfente qu'il ne s'agit pas d'examiner fi l'on fera la paix » ou la guerre que les Romains, en

* J'ai extrêmement abrégé ce discours, que Juftin porte tout entier tel qu'il étoit dans Frogue Pompée, dont il n'est que l'abbreviateur. Ce difcours

peut servir à nous faire
connoitre le ftile de cet ex-
cellent Hiftorien, & doin
nous en faire ́bien regrettey
la perte.

» les attaquant les premiers, ne laif» fent aucun lieu à la délibération.

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Qu'il s'agit de combattre & de vain» cre. Qu'il compte fur un fuccès heu» reux, fi fes foldats font paroitre le » même courage qu'ils ont déja mon» tré en tant d'occafions, & tout ré» cemment encore contre ces mêmes » ennemis, qu'ils ont mis en fuite & » taillés en pièces dans la Bithynie & » dans la Cappadoce. Que l'on ne pou »voit pas defirer une occafion plus fa»vorable que celle qui fe préfentoit, pendant que les Marfes infeftoient &

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ravageoient le cœur même de l'Ita» lie, que Rome étoit déchirée par les " guerres civiles, qu'une armée in» nombrable de Cimbres fortis de Ger"manie inondoit toute l'Italie. Que le »tems étoit venu d'humilier l'orgueil » de ces fiers Républicains qui en vou»loient à la majesté Roiale, & qui » avoient juré d'abbattre tous les trô»nes de l'univers. Qu'au refte la guerre que fes foldats alloient com» mencer, étoit bien différente de cel

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magnamque temporis partem non ut militiam fed ut feftum diem a&uros, bello dubium facili magis an uberi... tantumque fe avida expectat Alia

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» le qu'ils avoient foutenue avec tant » de courage dans les affreux déferts » & dans les régions glacées de la Scy>thie. Qu'il les menoit dans le pays du » monde le plus fertile & le plus tempéré, rempli de villes riches & opu» lentes qui fembloient leur offrir un » butin tout préparé. Que l'Afie,livrée »en proie à l'avarice infatiable des » Proconfuls, à l'impitoiable dureté » des Traitans, à l'injustice criante des Juges, avoit en horreur le nom Ro& les attendoit comme fes li»bérateurs. Qu'ils le fuiviffent, non » tant à une guerre, qu'à une victoire »& à une proie affurée. « L'armée répondit à ce difcours par des cris de joie univerfels, & par des proteftations réitérées de fervice & de fidélité.

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Les Romains avoient formé trois armées des troupes qu'ils avoient en différens endroits de l'Afie Mineure.

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exigeoit d'eux,voioient leurs meubles & leurs biens enlevés par les publicains pour

ut etiam vocibus vocet: adeo illis odium Romanorum incuffit rapacitas Proconfulum, fectio*pu-le paiement. Calumnia liblicanorum calumniæ tium, font les chicanes inlirium. Juftin.. *Sectio publicanorum, fignifie proprement les ventes forcées des biens de ceux qui ne paiant pas les imputs & les tailles que l'on

juftes, qui fervoient de prétexte pour envahir les biens des riches, foit à l'occafim des impots, foit fous quelque autre couleur.

La premiére étoit commandée par L. Caffius, qui avoit le gouvernement de la province de Pergame: la fecon

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par Manius Aquilius: la troifiéme par Q. Oppius Proconful, qui avoit pour province la Pamphylie. Chacune étoit de quarante mille hommes en y comprenant la cavalerie. Outre ces troupes, Nicoméde avoit cinquante mille hommes de pié, & fix mille chevaux. Ils commencérent la guerre, comme je l'ai déja dit, fans attendre des ordres de Rome, & la firent avec tant de négligence & fi peu de conduite, qu'ils furent tous trois battus en différentes occafions, & leurs armées ruinées. Aquilius & Oppius furent même faits prifonniers, & traités avec toutes fortes d'infultes. Mithridate regardant Aquilius comme le principal auteur de la guerre, lui fit fouffrir les derniers outrages. Il le fit paffer en revûe devant les troupes, & le donna en fpectacle aux peuples monté fur un âne, l'obligeant de crier. à haute voix qu'il étoit Manius Aquilius. D'autres fois il le faifoit marcher à pié les mains garotées avec une chaîne attachée à un cheval qui le traînoit, Enfin il lui fit couler dans

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