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partir de nombreufes flotes, chargées de froment pour la nourriture du peuple maître de l'univers : & quand la recolte manquoit dans une de ces provinces, l'autre venoit à fon fecours, & nourriffoit la capitale du monde. Le blé, par ce moien, étoit Liv.lib. 31. d'un fort bas prix à Rome, & ne se". so. vendoit quelquefois que deux as ou

deux fols le boiffeau. Toute la côte Id. lib. 35. d'Afrique étoit extrêmement abon- ". 62. dante en froment ; & c'eft ce qui faifoit une partie des richeffes de Carthage. La feule ville de Leptis, fituée dans la petite Syrte, lui paioit en tribut chaque jour un talent, c'eft-àdire trois mille francs. Dans la guerre d. lib. 43. contre Philippe les Ambaffadeurs de Carthage fournirent aux Romains un million de boiffeaux de froment, & cinq cens mille d'orge. Ceux de Mafiniffa en donnérent autant.

n. 6.

Il en fut de même pour Conftantinople, lorfque le fiége de l'Empire y eut été transporté. On gardoit un ordre merveilleux dans ces deux villes pour la nourriture du peuple immenfe qui les habitoit. L'Empereur Conf Socrat. libe tantin faifoit diftribuer par jour à 2. cap. 13× Conftantinople près de quatre-vingts

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mille boiffeaux de blé qu'on y apportoit d'Alexandrie, c'est-à-dire pour nourrir fix cens quarante mille hommes, le boiffeau Romain n'étant que Alian Spar- pour huit perfonnes par jour. Lorftian, in Seve- que l'Empereur Septime Sévére mourut, il y avoit à Rome dans les gre niers publics du blé pour fept ans, à dépenfer par jour foixante- quinze mille boiffeaux, c'est-à-dire pour nourrir fix cens mille hommes. Quelle prévoiance pour l'avenir contre les années de ftérilité !

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frum. n. 112.

CAP. 7.

Outre les pays que j'ai nommés, il y en avoit encore beaucoup d'autres très fertiles en hlá

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tic. Verr.de Pour enfemencer de blé un arpent, Plin. lib. 13. on emploioit ordinairement un médimne medimnum. Le médimne étoit compofé de fix boiffeaux, dont chacun contenoit vingt livres pefant de blé à peu près. (On marque dans le Spectacle de la Nature que la quantité ordinaire & fuffifante pour enfemencer un arpent, eft cent vingt livres de blé. Cela revient au même.) Le plus haut produit d'un arpent étoit de dix médimnes de blé, c'est-à-dire de dix pour un: l'ordinaire étoit de buit, & pour lers on fe trouvoit bien

173.

partagé. C'est Ciceron qui nous apprend ce détail, & il en devoit être bien inftruit, puifque c'étoit en plaidant la caufe des Siciliens contre Verrès. Il parle du pays des Léontins, l'un des plus fertiles de la Sicile. Le Cic. ibid. n plus haut prix d'un boiffeau montoit à trois fefterces, ou fept fols & demi. Il étoit plus petit que le nôtre de près d'un quart. Notre feptier contient douze boiffeaux, & fe vend affez ofdinairement dix francs. Sur ce pié notre boiffeau vaut feize fols & quelque chofe de plus, c'eft-à-dire le double de l'ancien, & par dela.

Tout ce que j'ai raporté de Cicéron au fujet du blé, pour montrer quel en étoit le prix, combien il en faloit pour enfemencer un arpent, combien cette femence raportoit, ne doit point être regardé comme une régle fixe: car tout cela varioit beaucoup felon la différence des terres, des pays, & des tems.

Les Anciens avoient différentes Plin.lib.17. maniéres de battre le blé. Ils fe fer- cap. 32. voient pour cela, ou de traîneaux armés de pointes, ou des piés des chevaux qu'ils faifoient paffer deffus, ou de fléaux avec lefquels ils battoient

les gerbes
comme on le pratique
encore en bien des endroits.

Ils emploioient auffi divers moiens pour garder lontems le blé, fur tout en le ferrant avec les épis dans des foffes qu'ils creufoient fous terre, où ils l'environnoient de toutes parts de paille pour le défendre contre l'humidité, & dont ils fermoient l'entrée avec grand foin, afin que l'air ne pût Zib. 1. de re point y pénétrer. Varron attefte que f. cap. le blé fe confervoit ainfi pendant cinquante ans.

ARTICLE TROISIE' ME.

§. I.

Culture de la vigne. Vins célébres en
Gréce & en Italie.

ON JUGE aifément que les hom'mes n'ont pas donné moins de foin à la culture de la vigne qu'à celle du blé, quoiqu'ils s'en foient avifés plus tard. L'Ecriture nous apprend que l'ufage du vin n'a été connu que deWen. 9. 10, puis le déluge. Noé s'appliquant à l'agriculture, commença à cultiver la terre, &il planta la vigne. Elle étoit fans doute connue auparavant, mais mais pour le fruit, & non pour le vin. Noé la planta avec ordre, & découvrit l'u

fage qu'on pouvoit faire du raisin en exprimant la liqueur, & la confer vant. Il fut trompé par une douceur & une force qu'il n'avoit pas éprouvées, & aiant bu du vin il s'enivra. Les payens ont transporté l'honneur de l'invention du vin à Bacchus qu'ils n'ont jamais bien connu, & ce qui eft dit de l'ivreffe de Noé, leur a fait regarder Bacchus comme le dieu de la licence & de l'ivrognerie.

Les enfans de Noé s'étant répandus en différentes contrées du monde, y portérent de proche en proche la vigne, & enfèignérent l'usage qu'on en pouvoit faire. L'Afie fentit la premiére la douceur de ce bienfait, & en fit bientôt part à l'Europe & à P'Afrique. On voit dans Homére que Iliad. lib. 7 du tems de la guerre de Troie le transport des vins faifoit partie du

commerce.

Le vin fe confervoit pour lors dans de grandes cruches de terre, ou des outres, c'est-à-dire dans des peaux de bêtes; & ce dernier ufage continue encore dans les pays où le bois n'est pas commun. On croit que c'eft aux Gaulois établis le long du Po que nous devons l'invention utile de con

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