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bib. 4. cap. 9.

du Levant) il paroit que c'étoit la premiére idée qu'ils aient eue de la Soie. Il n'étoit pas extraordinaire que des gens envoiés dans ce pays - là pour le reconnoitre, ne voiant qu'en pallant les cocons des Vers à Soie dont ces arbres étoient chargés, fous un climat où ces infectes éclofent fur leurs feuilles, s'y nourriffent, & montent naturellement fur leurs branches, priffent ces cocons pour des pelotons de laine.

Il ya apparence que ce n'a été que fur la relation de ces gens peu fidéles, Theophr. in que Théophrafte regardoit ce genre dit. Bodel. d'arbres comme exiftant; & qu'il les rangeoit dans une claffe particuliére qu'il a formée d'arbres portans de la laine. Il y a tout lieu de croire que c'étoit aufli le fentiment de Virgile:

Georg.lib.2. Velleraque ut foliis depectant tenuia Seres.

V. 121.

cap. 17.

Arijst. lib. Ariftote, quoique le plus ancien des 5. but anim. Naturaliftes, eft celui qui a donné la defcription d'un infecte le plus approchant du Ver à Soie. C'eft en par'ant des différentes efpéces de chenilles, qu'il en décrit une qui vient d'un Vers cornu, & à laquelle il ne

donne le nom de Bouß que lorf qu'elle s'eft renfermée dans une coque, d'où il dit qu'elle fort en papillon; changemens, qui, felon lui, s'accompliffent en fix mois.

Environ quatre cens ans après Ariftote, Pline, auquel l'hiftoire Plin. lib. 11 des animaux écrite par ce Philofophe “^p. 22. 23. étoit très connue, a répété dans la fienne le même fait à la lettre. Il y range auffi fous le nom de Bombyx, non feulement cette efpèce de Ver qu'on a prétendu qui produifoit la Soie de Cos, mais encore diverfes autres Chenilles qui naiffent dans' cette île, & qu'il fuppofe y former des cocons, dont, à ce qu'il dit, les femmes du pays filoient la Soie, & en faifoient des étofes d'une grande légéreté, & d'une grande beauté.

Paufanias, qui a écrit quelques Paufan. lib. années après Pline, eft le premier 6. pag. 394. qui nous apprend que ce Ver eft Indien, & que les Grecs l'appelloient' Enp, d'où eft dérivé le nom de Seres, habitans des Indes, chez lefquels on s'eft convaincu depuis que cet infecte naiffoit.

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Ce ver qui produit la Soie eft un infecte moins merveilleux encore par

la matiére précieuse qu'il fournit pour diverfes étofes, que par les différentes formes qu'il prend, foit avant, foit après s'être envelopé dans la riche coque qu'il fe file lui-même. De graine ou femence qu'il eft d'abord, il devient un ver affez gros, d'un blanc tirant fur le jaune. Devenu ver il s'enferme dans fa coque, où il prend la forme d'une efpéce de féve grifâtre, à qui il semble qu'il ne reste ni mouvement, ni vie. Il ressuscite enfuite pour devenir papillon, après s'être fait une ouverture pour fortir de fon tombeau de Soie. Et enfin mourant véritablement, il se prépare par la graine ou femence qu'il jette une nouvelle vie, que le beau tems & la chaleur de l'été lui doivent aider à reprendre. On peut voir dans le premier Tome du Spectacle de la Nature une defcription plus étendue & plus exacte de ces divers change

mens.

C'eft de cette coque où le ver s'étoit enfermé, qu'on nomme Coquon ou Couquon, qu'on tire les différentes qualités des Soies qui fervent également au luxe & a la magnificence des riches, & à la fubfiftance des

pauvres qui les filent, les devident ou les mettent en œuvre. On trouve ordinairement dans chaque coquon plus de neuf cens piés de fil: & ce fil eft double & collé l'un fur l'autre dans toute fa longueur; ce qui revient par conféquent à près de deux mille piés de fil. Quelle merveille qu'on puiffe d'une matiére fi fine, fi déliée, & qui échape prefque à l'œil, compofer des étofes auffi fermes & auffi durables que le font celles de Soie ! Mais quel éclat, quelle beauté, quelle délicateffe dans ces étofes! Il n'est pas étonnant qu'elles aient fait une partie confidérable du Commerce ancien, & que comme elles étoient alors fort rares, elles aient été d'un grand prix. Vopifque a affure que l'Empereur Aurelien refufa, par cette raifon, à l'Impératrice fa femme un habit de Soie, qu'elle lui demandoit avec empreffement; & qu'il lui dit: Aux dieux ne plaife que jachette du fil au poids de l'or car le prix d'une livre

a Veftem holofericam neque ipfe in veftiario fuo habuit, neque alteri utendam dedit. Et cùm ab co uxor fua peteret, ut unico pallio blattes

و

Serico uteretur ille refpondit: Abfit ut auro fila. penfentur. Libra enim auri tunc libra Serici fuit. Yopife, in Aurel.

Yandal.

de Soie étoit pour lors une livre d'or. Ce n'est que bien tard que l'usage

des vers à Soie a été connu & eft deProcop. lib. venú commun dans l'Europe. L'Hiftode bello rien Procope en place l'époque vers le milieu du V Siécle, fous l'Empereur Juftinien. Il donne l'honneur de cette découverte à deux Moines, qui étant nouvellement arrivés des Indes à Conftantinople, entendirent parler de l'embarras dans lequel étoit Juftinien, pour ôter aux Perfans le commerce de la Soie avec les Romains. Ils fe firent préfenter à lui, & luí propoférent, pour fe paffer des Perfans, une voie plus courte que celle d'un commerce avec les Ethiopiens, à laquelle il fongeoit, qui étoit d'apprendre aux Romains l'art de faire eux-mêmes la Soie. L'Empereur perfuadé par leur récit de la poffibilité de ce moien, les renvoia à Serinde nom de la ville où ils avoient demeuré ) chercher les œufs des infectes qu'ils difoient ne pouvoir en être transportés vivans. Ces Moines, après un fecond voiage, étant de retour à Conftantinople, firent éclorre dans le fumier les œufs qu'ils avoient apportés de Serinde.

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