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couplets, & qui étoit pour ainfi dire la fervante dans le lai, devenoit la maîtreffe dans le virelai. Le virelai nouveau eft une piece de vers divifée par ftrophes dont le nombre n'eft pas fixe non plus que celui des vers dont elles font compofées. Il doit avoir les conditions fuivantes.

1. Les vers font tous de 8. ou de 10. fillabes. 2. A la fin de chaque ftrophe on repete ordinairement le premier ou les premiers vers du virelai.

3. Tous les vers roulent fous 2. rimes differentes qu'on le fait un merite d'épuifer; quelquefois même il n'y a qu'une feule rime dans tout le virelai, & fouvent au contraire il y en a un grand nombre qui font toutes differentes. Il y a 6. virelais dans les poëfies de M. Def

marets:

Voici le fixiême qui eft très-beau.

DIEU, dit l'Apôtre en quelque part,
Aux perfonnes n'a point d'égard;
C'eft en ces termes qu'il s'exprime :
Mais d'une pareille maxime

On a depuis bien rabatu

;

Dans les dévots tout eft vertu,
Dans les autres gens tout est crime.

Dieu, dit le même, eft charité,
Et prefque par-tout il enfeigne,
Que fi la charité ne regne,
Le refte n'est que vanité.
Que fait un dévot? il appelle
Sa haine du faint nom de zele,
Et d'un tel manteau revêtu,
Il croit que tout eft legitime.
Dans les dévots tout eft vertu,
Dans les autres gens tout eft crime.

T

Vous qui fçavez appercevoir
Une paille dans l'œil d'un autre,
Arrachez la poutre du vôtre;
C'eft-là vôtre premier devoir.
Mais quoi, tout hypocrite eftime
Que fa poutre n'eft qu'un fétu.
Dans les dévots tout eft vertu,
Dans les autres gens tout eft crime:

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J'aime un veritable Chrétien
Qui fuit l'efprit de l'Ecriture;
Je hais la fourbe & l'impofture
D'un Scribe & d'un Pharifien.
Mais en vain contre eux je m'anime,
On me répond : c'eft tems perdu.
-Dans les dévots tout eft vertu,
Dans les autres gens tout eft crime.

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De la Vilanelle, & de quelques autres Pieces.

di

La vilanelle eft une chanfon de Bergers vifée par couplets, de maniere que le premier & le dernier vers du premier couplet reviennent finir alternativement chacun des autres, & qu'ils fe trouvent ensemble à la fin de la piece. Voici une vilanelle divifée par tercets. Elle est de Jean Pafferat Profeffeur d'Eloquence au College roïal à Paris après Ramus.

J'ai perdu ma tourterelle,
Eft-ce point celle que j'oi?
Je veux aller après elle.

Tu regrettes ta femelle,
Helas! auffi fais-je moi,
J'ai perdu ma tourterelle.

Si ton amour est fidele,
Auffi eft ferme ma foi;
Je veux aller après elle.

Ta plainte fe renouvelle :
Toûjours plaindre je me doi:
J'ai perdu ma tourterelle.

En ne voïant plus la belle,
Plus rien de beau je ne voi:
Je veux aller après elle.

Mort que tant de fois j'appelle,
Prend ce qui fe donne à toi :
F'ai perdu ma tourterelle.
Je veux aller après elle.

Il y a des vilanelles dont les couplets ont 6.

vers.

Dans toutes les pieces dont nous venons de parler dans cet article, hors le fonnet & le lai, il y a des refrains, c'eft-à-dire, des repetitions. prises ou du dernier vers de la premiere ftrophe, comme dans la balade, le chant roïal, & quelques virelais; ou des premiers vers de la piece, comme dans les rondeaux & les virelais; ou du premier & du dernier vers de la premiere ftrophe tour enfemble, comme dans la vilanelle. Il y a auffi dans les Poëtes cités dans notre Verfification Françoife (où nous renvoïons) plufieurs autres pieces qui ont des refrains semblables.

On trouve même plufieurs ftances dans les chœurs des Tragedies de M. Racine, dont le premier ou les premiers vers fe repetent à la fin. Voici deux exemples déja cités, pages 162, 163; mais affez beaux pour être cités deux fois,

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Que le Seigneur eft bon ! que fon joug eft
aimable !

Heureux qui dès l'enfance en connoît la douceur!
Jeune peuple, courez à ce Maître adorable.
Les biens les plus charmans n'ont rien de com-
parable

Aux torrens de plaifirs qu'il répand dans un cœur.
Que le Seigneur eft bon ! que fon joug est ai-

mable!

Heureux qui dès l'enfance en connoît la douceur!

¡Que ma bouche & mon cœur, & tout ce que
je fuis

Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie.
Dans les craintes, dans les ennuis,

En fes bontés mon ame fe confie.

Veut-il par mon trépas que je le glorifie?
Que ma bouche & mon cœur, & tout ce que je
fais

Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie,

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