Agreable Indifcret, qui conduit par le chant, Paffe de bouche en bouche, & s'accroift en marchant. 185 La liberté Françoise en ses Vers se déploye, Cet Enfant de plaifir veut naistre dans la joye. REMARQUES. Marche parmi le peuple aux danses aux feftins, Paflons à l'endroit du fecond Livre, que j'ai annoncé. La Avec un plus doux air les branles accordant Et la douce Mufique aux nerfs accommodant: &c. Il ajoute un peu plus bas, en parlant de la France: (Qui fut auparavant aux noftres inconnue) * Henri III. Les chants & les accords, qui vous ont contenté: La Frejnaie Vauquelin fait enten- VERS 187. & 188. Toutefois n'allez pas, &c. Faire Dieu le fu jet d'un badinage affreux.] Je ne fai pourquoi la Gent Poëtique a dans tous les tems eu quelque chose à démêler avec le Ciel, A la fin tous ces jeux, que l'atheïsme éleve, 190 Conduisent triftement le Plaisant à la Greve. Il faut mefme en chanfons du bon fens & de l'art. REMARQUES. 1 La Frefnaie-Vauquelin s'en plaint, Art Poëtique, Livre III. Beu de l'onde facrée à la docte Newvaine, VERS 189. & 190. ces jeux, Les deux Vers, qui donnent occafion à cette Remarque, ont trait à la trifte fin de Petit, Auteur du Paris Ridicule, Poëme d'un Burlefque très-ingénieux, & fort fupérieur à la Rome Ri dicule de Saint-Amant, dont il eft une imitation. Petit fut dé couvert aflés fingulièrement pour l'Auteur de quelques Chanfons impies & libertines, qui couroient dans Paris. Un jour qu'il êtoit hors de chés lui, le vent enleva de deffus une table placée fous la fenètre de fa chambre quelques carrés de papiers, qui tombèrent dans la rue. Un Prêtre, qui paffoit par là, les ramaffe, & voïant que c'êtoit des Vers impies, il va fur le champ les remettre entre les mains du Procureur du Roi. Au moien des mesures, qui furent prifes, Petit fut arrêté dans le moment qu'il rentroit & l'on trouva dans fes papiers les brouillons des Chanfons, qui couroient alors. Malgré tout ce que purent faire des perfonnes du premier rang, que fa jeuneffe intereffoit pour lui, il fur condamné à être pendu & brûlé. Ce Poëte, très-bien fait de fa perfonne, êtoit fils d'un Tailleur de Paris, & très en êtat de fø faire un grand nom par un meilleur ufage de fes talens. Je tiens ce détail de quelqu'un, qui l'avoit connu, lui & fa famille. Infpirer quelquefois une Muse groffiere, VERS 194. REMARQUES. un couplet & Liniere, 1 Ce Poëte furnommé de fon tems, l'Athée de Senlis, réuffiffoit aflés bien à faire des Couplets fatiriques; mais fon principal talent êtoit pour les Chanfons impies, ce qui fit que M. Defpréaux lui dit un jour qu'il n'avoit de l'efprit que contre Dieu. Linière aïant exercé fon talent contre nôtre Auteur, celui-ci répondit par ce Couplet dont le cinquiéme Vers n'eft pas fort brillant. Liniere apporte de Senlis Mais fes Couplets tout pleins d'ennui Seront brûlex même avant lui. LINIERE dans fon Portrait, fait fur les fentimens, qu'il avoit par lui-même s'explique ainfi de la Religion. La lecture a rendu mon efprit affés fort, Madame Deshoulières quoiqu'il eut entreprit une Cri- On le croit indévot, mais, quoique l'on en die, M. Broffette dit, que la prophe. Sat, IX. V. 236. Ep. I.V.40. Ep. tie s'eft trouvés faulle. Voïés II.V.8.Ep.VII.V.89.Ep.X.V.36. 195 Mais pour un vain bonheur qui vous a fait rimer, REMARQUES. VERS 204. un homme de beaucoup d'efprit, d'une converfation charmante, aimant le plaifir, fe fouciant peu de fortune, & faisant agréablement des Vers, qu'il récitoit parfaitement bien. Il mourut à Paris le 18. Decembre 1678. âgé de 48. ans. Nôtre Poëte avoit deffein de finir ce Chant par ces deux Vers: Et dans l'Académie, orné d'un nouveau lustré, Mais il ne voulut point en faire pas déplaire à Meffieurs de l'A cadémie Françoise. CHANT IIL O CHANT III. IL n'est point de Serpent, ni de Monftre odieux, REMARQUES. VERS 1. Il n'est point de Serpent, &c.] Cette Comparaifon eft empruntée d'Ariftote, Ch. IV. de fa Poetique, & Ch. XI. Propof. XXVIII. du Liv. I. de fa Rhétorique. Rien ne fait plus de plaifir à l'Homme, dit-il, que l'imitation. C'eft ce qui fait que nous aimons tant la Peinture, quand même elle répréfente des objets hideux, dont les originaux nous feroient horreur: comme des bêtes venimeufes, des hommes morts, ou mourans & d'autres images femblables. Plus limitation en eft parfaite ajoute-t-il, plus nous les regardons avec plaifir. Mais ce plaifir ne vient pas de la beauté de l'original, qu'on a imité; il vient de ce que l'Efpric trouve par là moïen de raifon ner & de s'inftruire. La Frefnaie Vauquelin dans le I. Livre de fon Art Poetique, avoit fu faire, avant nôtre Au teur,un ufage à peu près femblable du même fonds de Comparaifon & des Idées d'Ariflote que M. Broffette vient d'expofer. C'est un Art d'imiter, un Art de contrefaire Que toute Poëfie, ainfi que de pourtraire, Et l'imitation eft naturelle en nous : Un autre contrefaire il eft facile à tous : Tome II. E " |