nu que fon culte ne fera plus fixé à CHAP. VIL aucun lieu particulier. 6. Il falloit que le peuple Juif fût diftingué de tous les autres, pour conferver la tradition de la promeffe & de l'efpérance du Meffie, pour rendre témoignage à cette attente, pour faire que fa venue fut certaine, pour lui préparer des difciples; & tout cela étoit contraire à la vocation des Gentils, qui en fe mêlant avec les Juifs, auroient rempli leur pays d'étrangers, confondu le partage des Tribus, rendu les généalogies incertaines, troublé l'ordre & l'economie d'une Loi, qui tenoit lieu de précepteur aux Gal. 3. 23. Juifs, jufq'au tems où la foi & la véritable juftice devoient être révelées ; qu'il enfermoit dans une enceinte étroite, pour le réunir & le rendre vifible à toutes les autres nations ; & qui le retenoit comme en tutelle pen- Gal. dant fon enfance, jufqu'au tems où Dieu avoit réfolu de le tirer de fervitude, & de le mettre en poffeffion de L'héritage qu'il lui deftinoit : Sub lege enftodiebamur conclufi, in eam fidem qua revelanda erat.... Lex pedago→ gus nofter fuit in Chrifto.... Quanto Hh iiij CHAP. VII. 368 Explication des Paffages 7. Le deffein de Dieu, fi clairement marqué par faint Paul, ne permettoit pas aux Gentils de fe mêler avec un peuple, qui devoit être unique & folitaire, jufqu'au tems de la révélation générale. La Loi chargée d'obfervances, de préceptes, de cérémonies, étoit comme la gardienne de ce peuple, & lui donnoit un caractere fingulier qui le rendoit reconnoiffable entre tous les autres, & l'empêchoit de fe confondre avec eux. Il falloit que cette diftinction durât auffi long-tems que le délai des promeffes; il falloit par conféquent que la Loi fût en vigueur jusqu'à l'établisfement de la nouvelle alliance; & par une conféquence néceffaire, il falloit que les nations demeuraffent féparées d'Ifraël, jusqu'à ce que la Loi, chargée de préceptes & d'ordonnances, fût abolie par JESUS-CHRIST: Legem mandatorum [in] decretis [fitam] evacuans, ut duos condat CHAP. VII. femetipfo in unum novum hominem, faciens pacem. Mais que n'en devoit - il coûter à JESUS pas CHRIST pour abolir une loi, qui confiftoit à commander & à punir; & qui en excluant tous les autres peuples, ne rendoit ni libre ni héritier, celui à qui elle fervoit de tuteur & de précepteur; quoiqu'elle le conduisît à JESUS CHRIST, qui pouvoit feul le mettre en liberté, & en poffeffion de l'héritage attendu. §. VI. La chair de JESUS-CHRIST étoit un mur de féparation entre les deux peuples: elle portoit tous les caracteres qui divifoient le Juif du Gentil. Il falloit que la mort détruisît cette chair. 1. MAIS ce qui est étonnant, JESUS-CHRIST lui-même retardoit la véritable liberté, en faifant durer l'ancienne Loi, & lui confervant fon empire fur le Juif, & fon oppofition au Gentil, pendant fa vie mortelle. Sa CHAP. VII. chair › toute pure & toute divine qu'elle étoit, entretenoit la divifion entre les deux peuples. Elle étoit cette muraille de féparation qu'il falloit détruire pour les reconcilier; & jufqu'à fa mort, qui l'a comme déchirée, en la féparant de fon ame par la violence des tourmens, elle a été un obftacle à la vocation des Gentils, en autorifant l'inimitié qui les divifoit. C'eft faint Paul qui le dit en terme précis. Car felon lui, JESUS-CHRIST eft notre 3 parce qu'il a rompu en fa chair la muraille de féparation, l'inimitié qui divifoit les deux peuples: Medium parietem maceria folvens inimicitias in carne fua. Il faut donc que la chair de JESUS-CHRIST fût elle-même le mur, qui tenoit les deux peuples féparés; puifque ce mur ne pouvoit étre détruit que par la mort de fa chair, & qu'il devoit fubfifter jufqu'à ce qu'elle expirât fur la croix, & qu'elle fût mife dans le tombeau. 2. En effet la chair de JESUS CHRIST pendant fa vie mortelle, portoit tous les caracteres qui divifoient le Juif du Gentil, & qui entretenoient l'inimitié entre les deux 4. peuples. Elle étoit née d'une Vierge, CHAP. VI. qui étoit de la race d'Abraham, & de la maifon de David. Elle étoit marquée du fceau de la circoncifion, qui étoit principalement établie pour difcerner le Juif de toutes les autres nations. Elle avoit été préfentée au temple felon la loi des premiers nés, rachetée du même prix que la Loi préfcrivoit pour tous les autres Juifs, &fanctifiée extérieurement par le facrifice qui étoit commandé par la Loi. JESUS-CHRIST pendant fa vie mortelle, fe foûmettoit à la lettre la plus rigoureuse de la Loi: Faltus ex mu- Galat. 4. 4 liere, factus fub lege: Il s'abftenoit de tous les animaux impurs, & il en autorifoit la fignification par cette abftinence: Il reconnoiffoit le temple, comme l'unique que Dieu approuvât fur la terre : Il affiftoit aux fêtes folemnelles, & aux facrifices publics; & il réduifoit ainfi le culte que Dieu autorifoit, à celui qui dépendoit du facerdoce d'Aaron, du miniftere des Levites & du temple de Jerufalem; ce qui étoit directement oppofé à la vocation générale de tous les peuples de la terre, & à l'établiffement d'une |