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CHAP II nobis peccatum fecit, ut nos efficeremur juftitia Dei in ipfo. Il est évident que JESUS CHRIST, felon l'Apôtre, a pris notre place, non feulement comme une victime offerte par nous, ou pour nous: mais comme chargé de nos iniquités: & qu'il nous a cédé la fienne, comme fi nous étions devenus juftes comme lui, & qu'il fût devenu pécheur comme nous.

9. Rien n'eft plus étonnant qu'une telle charité. Mais pour la couvrir & pour rendre plus vraisemblable un échange auffi incomprehenfible que celui de nos péchés, dont IESU SCHRIST fe charge, & de la juftice divine que JESUS-CHRIST nous mérite, il prend tout l'appareil extérieur du péché, en naiffant paffible & mortel; en y ajoutant la pauvreté, & le travail ; & ce qui eft bien plus étonnant, en y joignant la circoncifion, le facrifice offert pour purifier fa mere, l'argent prefcrit pour racheter fa vie, comme s'il eût été lui-même du nombre de ceux qui devoient attendre un libérateur. Et enfin le Batême de faint Jean qui étoit un Batême de pénitence, & qui

paroiffoit convaincre de péché ceux qui le recevoient.

10. Mais tout ce dehors, fi propre à cacher l'amour du Pere qui immoloit fon Fils pour nous, comme s'il eût été le péché même, afin de nous épargner, comme fi nous avions été le jufte même & la juftice de Dieu tout ce dehors, dis-je, n'étoit qu'un voile, qui n'empêchoit pas que JESUS-CHRIST ne fût la fainteté même, & qu'il ne fût aux yeux de fon Pere l'auteur & le confommateur de la juftice. Car la circoncifion & le Batême de faint Jean n'étant que des fignes, & ne donnant pas la juftice, ils pouvoient être communs aux juftes & aux injuftes. Ils fignifioient feulement que quiconque les recevoit, s'engageoit à la pénitence, ou pour fes péchés, ou pour ceux des autres. Et ils pouvoient convenir à l'Agneau qui ôre les péchés du monde, fans qu'il fût pour eela moins pur & moins faint, quoiqu'il le parût moins aux yeux des hommes. Il étoit le remede efficace contre le venin du ferpent, quoiqu'il en eût la reflemblance & la fi

CHAP. II.

11.

CHAP. II. gure. Il était la réfurrection & la vie, quoiqu'il parût conforme au premier Adam, qui avoit tué fa poftérité. Il étoit l'homme nouveau, quoiqu'il fût attaché à la croix, comme heritier de la condamnation du vieil homme.

§. III.

Vive image de la mort du vieil homme élevé avec JESUS— CHRIST, & par JESUSCHRIST à la croix. Vérité &perfection du facrifice de P'homme nouveau qui s'immole pour le vieil homme, à qui il eft uni fur la croix.

2. APRES l'établiffement de toutes ces vérités, confidérons déformais avec une nouvelle attention les paroles de faint Paul, qui font la principale matiere de ce chapitre : "Nous fçavons, dit ce grand Apôtre, que notre vieil homme a été » crucifié avec JESUS-CHRIST, afin » que le corps du péché foit détruit, » & que déformais nous ne foïons

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plus affer vis au péché: car celui qui CHAP. II. » est mort, est justifié du péché. Le vieil homme & le corps du péché font la même chofe ; & l'un & l'autre font la concupifcence qui a pris la place de la charité. Cette concupifcence dominoit dans tous les hommes avant JESUS-CHRIST, c'est-à-dire, avant sa mort, ou espérée ou réelle, & c'étoit principalement par les fens & par les paffions, dont le corps eft el le miniftre & l'organe, qu'elle excrçoit fon empire. Ainfi la chair crucifiée eft en un fens la même chofe, que la concupifcence crucifiée ; & la chair de JESUS-CHRIST femblable extérieurement à la nôtre, quoique trèsfainte, & très-pure, repréfentoit notre concupifcence & notre corps infecté par elle, & le crucifiemenoqu'il en a fait en notre nom.

2. Arrêtons donc nos yeux fur un myftere qui nous auroit toujours été caché, fans la révelation que le Saint Efprit nous en a faite les Apô

par

tres: & confidérons notre vieil homme cloué avec JESUS-CHRIST, & par a JESUS CHRIST à fa croix. Il y eft immobile; il y eft lié; il y eft fans pou

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CHAP. II. voir & fans liberté. Tous les mem bres du corps font refufés à la concupifcence. Rien n'obéit à la cupidité, rien ne dépend de l'amour propre. Le corps entier du péché eft immolé. Des douleurs extrêmes, une entiere nudité, des opprobres de toute efpece, facrifient les trois princi cipales branches de la cupidité, la volupté, l'amour des biens préfens, l'orgueil, & le défir de dominer. La chair violemment tenduë, fufpenduë par fes plaies, attachée à un bois, où elle ne trouve aucun repos, & où tous les membres font à la torture, expie tout ce qu'elle a fait pour obéir aux paffions de l'ame: Nonfeulement elle ne leur prête plus. fon miniftere; mais elle eft févereiment punie de l'ufage qu'elle a fair des membres pour les fatisfaire. Les épines lui percent la tête : un fiel amer eft le fupplice de fa langue. Elle n'entend & elle ne voit rien qui n'ajoute à fes douleurs; enfin elle expire fur le bois : & après même qu'elfe eft expirée, on s'affure de fa mort, en lui perçant le cœur d'une lance, & en faifant fortir de ce fecret azile

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