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MONTEZ E.

Elle n'eft point efclave.

ZAMORF.

Ah! Monteze, ah! mon pere,

Pardonne à mes malheurs, pardonne à ma colere!
Songe qu'elle eft a moi par des noeuds éternels.
Oui, tu me l'as promife aux pieds des Immortels.
Ils ont reçu fa foi, fon cœur n'eft point parjure.

MONTEZ E.

N'attefte point ces Dieux enfans de l'impofture,
Ces fantômes affreux, que je ne connais plus,
Sous le Dieu que j'adore ils font tous-abatus.

ZAMORE.

Quoi? ta Religion? quoi, la Loi de nos peres !

MONTEZE,

J'ai connu fon néant, j'ai quitté les chimeres ;
Puiffe le Dieu des Dieux, dans ce monde ignoré,.
Manifefter fon Etre à ton cœur éclairé,

Puiffe-tu mieux connaître, ô ! malheureux Zamore, Les vertus de l'Europe, & le Dieu qu'elle adore 1

ZA MORE.

Quelles vertus! Cruel! les Tirans de ces lieux

T'ont fait efclave en tout, t'ont arraché tes Dieux. Tu les a donc trahis, pour trahir ta promeffe? Alzire a-t-elle encore imité ta foibleffe?

Garde toi...

MONTEZE.

Vâ mon cœur ne fe reproche rien.
Je dois bénir mon fort, & pleurer fur le tien.
ZAMORE.

Si tu trahis ta foi, tu dois pleurer fans doute.
Pren pitié des tourmens que ton crime me coute;
Pren pitié de ce cœur enivré tour à tour

De zele pour mes Dieux, de vangeance & d'amour,
Je cherche ici Gufman, j'y vole pour Alzire,
Vien, conduis-moi vers elle, & qu'à fes pieds j'expire.
Ne me dérobe point le bonheur de la voir,
Crain de porter Zamore au dernier défespoir,
Repren un cœur humain, que ta yertu bannie...

SCENE V.

MONT 2AMORE. Suite.

SEigneur

UN GARDE à Monteze.

Eigneur on vous attend pour la cérémonie,

Je vous fuis.

MONTEZ E.

ZAMORE.

Ah! cruel, je ne te quitte pas.

Quelle est donc cette pompe, où s'adreffent tes pas ?

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Adieu, croi-moi, fui de ce lieu funefte.

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Gardes empêchés-les de me fuivre aux autels.
Ces Payens, élevés dans des loix étrangeres,
Pourroient de nos Chrétiens profaner les mysteres:
Il ne m'appartient pas de vous donner des loix,
Mais Gufman vous l'ordonne & parle par ma voix.

Ο

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U'ai-je entendu, Gufman! O trahifon ! O rage!
O comble des forfaits! lâche & dernier

Il ferviroit Gufman? l'ai-je bien entendu !
Dans l'Univers entier n'eft-il plus de vertu !
Alzire, Alzire auffi fera-t'elle coupable?
Aura-t'elle fuccé ce poifon déteftable

Aporté parmi nous par ces perfécuteurs,

outrage!

Qui pourfuivent nos jours & corrompent nos mœurs? Gufman eft donc.ici? que réfoudre & que faire ?

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AMERICAIN.

J'ofe ici te donner un confeil falutaire.

Celui qui t'a fauvé, ce Vieillard vertueux,
Bientôt avec fon fils va paraître à tes yeux.
Aux portes de la Ville obtien qu'on nous conduise.
Sortons, allons tenter notre illuftre entreprise :
Allons tout préparer contre nos Ennemis,
Et fur tout n'épargnons qu' Alvarès & fon Fils.
J'ai vû de ces remparts l'étrangere ftructure,

Cet Art nouveau pour nous, vainqueur de la Nature.

Ces

4.

Ces angles, ces foffés, ces hardis boulevars,
Ces Tonneres d'airain grondant fur les remparts,
Ces pieges de la guerre, où la mort se présente,
Tout étonants qu'ils font, n'ont rien qui m'épouvante.
Helas! nos Citoyens enchaînés en ces lieux,

Servent à cimenter cet azile odieux;

Ils dreffent d'une main dans les fers avilie,
Ce Siége de l'orgueil & de la tirannie.

Mais, croi-moi; dans l'inftant qu'ils verront leurs vangeurs,

Leurs mains yont fe lever fur leurs perfécuteurs ;
Eux-même ils détruiront cet effroyable ouvrage,
Inftrument de leur honte & de leur efclavage:
Nos Soldats, nos Amis, dans ces foffez fanglants
Vont te faire un chemin fur leurs corps expirants.
Partons, & revenons, fur ces coupables têtes,
Tourner ces traits de feu, ce fer & ces tempêtes,
Ce falpêtre enflammé, qui d'abord à nos yeux
Parut un feu facré, lancé des mains des Dieux.
Connaîffons, renverfons cette horrible puiffance,
Que l'orgueil trop long-tems fonda fur l'ignorance.

ZAMORE.

Illuftres malheureux! que j'aime à voir vos cœurs
Embraffer mes deffeins, & fentir mes fureurs!
Puiffions-nous de Gufman punir la barbarie !
Que fon fang fatisfaffe au fang de ma Patrie.

C

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