LES AMERICAINS, TRAGEDIE de M. DE VOLTAIRE. Errer eft d'un mortel, pardonner eft divin. Duren. trad. de Pope. La prix eft de trente fols. A PARIS, Chez JEAN-BAPTISTE-CLAUDE BAUCHE M. DCC. XXXVI. AVEC PRIVILEGE DU ROY. On trouve chez le même Libraire une nouvelle édition de la Mort de Céfar, bien plus ample que la précédente, à laquelle on a joint deux Lettres & un Avertiffement. Et tous les autres Ouvrages du même Au teur. L OUIS PAR LA GRACE DE DIEU, ROY DE FRANCE ET DE NAVARRE, à nos amez feaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requétes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénechaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra. SALUT : Notre bien amé JEAN-BAPTISTE BAUCHE, Libraire à Paris, nous ayant fait remontrer qu'il lui avoit été mis en main un Ouvrage qui a pour titre, Alzire, ou les Americains, Tragédie, par le Sieur de Voltaire; qu'il fouhaiteroit faire imprimer & donner au Public. S'il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilege fur ce néceffaires; offrant pour cet effet de le faire imprimer en bon papier & beaux Caracteres, fuivant la feuille imprimée & attachée pour modele fous le contrefcel des Préfentes. A ces caufes, voulant traiter favorablement ledit Expofant; nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage ci-deffus fpécifié, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon lui femblera fur Papier & Caracteres conforme à ladite feuille imprimée & attachée fous notredit Contrefcel; & de le vendre, faire vendre & débiter par tout no-: tre Royaume pendant le temps de fix années confécutives, à compPréfentes, Faifons deffenfes à toutes ter du jour de la datte deque qualité & condition qu'elles foient fortes perfonnes de d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance; comme auffi à tous Libraires, Imprimeurs & autres d'imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage ci-deffus fpécifié, en tout & en partie ; ni d'en faire aucun extrait fous quelques prétextes que ce foit, d'augmentation, correction, changement de titre, même en feuilles feparées ou autrement fans la permiffion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits, & de fix mille livres d'a mande contre chacun des contrevenants; dont un tiers à Nous," un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, l'autre tiers audit Expofant, & de tous dépens dommages & interêts à la charge que les Préfentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, dans trois mois de la datte d'icelles que l'impreffion de cet Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs ; & que l'impetrant fe conformera en tout aux Reglemens de la Librairie, & notamment à celui du dix Avi mil fept çent vingt-cinq, & qu'avant de l'expofer en vente le Ma nufcrit ou imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Li vre fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de nôtre très-cher & feal Chevalier, Garde des Seaux de France, le Sieur Chauvelin ; & qu'il en fera ensuite remis deux exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre trèscher & feal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le Sieur Chauvelin. Le tout à peine de nullité des Préfentes; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons ce faire jouir l'expofant ou fes ayans cause pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empèchement. Voulons que la copie defd. Préfentes qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre, foit tenue pour duëment fignifiée, & qu'aux Copies collationées par l'un de nos amez & feaux Confeillers & Secretaires; foi foit ajoûtée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent, de faire pour l'exécution d'icelles tous Actes requis & néceffaires, fans demander & autre permiffion, & nonobstant clameur de Haro & Chartre Normande, & Lettres à ce contraire. CAR TEL EST NOTRE PLAISIR. Donné à Paris le vingtiéme jour du mois d'Avril, l'an de grace mil fept cent trente-fix, & de notre Regne le vingtuniéme. PAR LE ROY EN SON CONSEIL. Signé, SAINSON. Regiftré fur le Regiftre IX. de la Chambre Royale & Sindicale des Libraires & Imprimours de Paris, No. 274. fol. 250. conformément aux anciens Reglemens, confirmés par celui du 28 Fevrier 1723. A Paris le 20 Avril 1736. G. MARTIN Syndic. Ο PRELIMINAIRE. Na tâché dans cette Tragédie, toute d'invention & d'une efpece affez neuve, de faire voir combien le véritable efprit de religion l'emporte fur les vertus de la nature. La Religion d'un barbare confifte à offrir à fes Dieux le fang de fes ennemis. Un Chrétien mal inftruit n'eft fouvent gueres plus jufte. Etre fidéle à quelques pratiques inutiles & infidéle aux vrais devoirs de l'homme, faire certaines priéres & garder les vices; jeuner, mais hair, cabaler, perfécuter, voilà fa Religion. Celle du Chrétien véritable eft de regarder tous les hommes comme fes freres, de leur faire du bien, & de leur pardonner le mál. Tel eft Gufman au moment de fa mort, tel eft Alvarés dans le cours de fa vie; tel j'ai peint Henri IV. même au milieu de fes foibleffes. On retrouvera dans prefque tous mes Ecrits cette humanité qui doit être le premier caractere d'un être penfant, on y verra (fi j'ofe m'exprimer ainfi) le défir du bonheur des hommes, l'horreur de l'injustice & de l'oppreffion ; & c'eft ce a |