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Après J C.

Kao-tçou.
L'an 948.

Ya-ti.

pes de Ssetchuen étoient entrées dans Tçin-tchuen. Auffi-tôt
Tchao-kuam-tçan réunit les fiennes, au nombre environ de
mille hommes, à celles de l'Empereur. Le Général impérial
dans la crainte que fes foldats ne défertaffent voulut les faire
marquer au vifage: un des principaux Officiers s'offrit pour
donner l'exemple. Les Ssetchuen ayant appris alors que
Tchao-kuam-tcan s'étoit foumis, voulurent le retirer; mais
on marcha contre eux & ils furent battus. Ce fut le der-
nier fuccès que l'Empereur remporta, ce Prince mourut
peu de tems après. Comme fon fils Tching-yeou n'étoit
âgé que
de dix-huit ans, il avoit mis le gouvernement de
l'Empire entre les mains de Ki-fong-kie & de quelques
autres Miniftres. Auffi-tôt Tchong-goei fut immolé à la
fureur du peuple: on déchira en morceaux fon corps dans
la place publique, & la populace fe l'arrachoit des mains.
pour le manger. Tching-yeou porte dans l'hiftoire le titre

d'Yn-ti.

pren

On continuoit toujours l'expédition contre les peuples du Sfe-tchuen, & Vam-kim-tçong étoit entré dans Fongtciang-fou; Heou-ye apprenant le changement qui venoit d'arriver à la Cour s'y rendit auffi - tôt, & se réconcilia avec le nouvel Empereur, les richeffes qu'il y répandit firent oublier fa révolte antérieure, & on lui donna des charges. Bien-tôt il y eut plus de crédit que Vam-kimtçong, & il s'efforça de perdre ce Général. Il se fit donner l'ordre de retourner à Fong-tçiang-fou dans le Chensi pour en ramener les troupes. Tout le monde blâma cette conduite de la Cour. La trop grande autorité qu'on laissa dre à Heou-ye, qui avoit corrompu par fes richeffes les Miniftres, fut caufe que plufieurs officiers, & fur-tout Tchao-fie-kuon, fe révolterent, & armerent la jeunesse de Si gan-fou. Cette révolte donna dans la fuite beaucoup d'occupation à l'Empereur, & fi quelque chofe fut capable de le dédommager de la perte de cette ville, ce fut les avantages qu'il remporta dans le nord & l'expulfion entiere des Kitans. Depuis que ces peuples s'étoient retirés à Tim tcheou, un gouverneur de place nommé Siunfam-kien, à qui ils avoient donné le gouvernement de Ta-tum-fou

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Ta-tum-fou, irrité de n'avoir pas encore reçu fes tes, se mit à la tête de trois mille hommes qu'il avoit fous L'an 948. fes ordres, & fe retira dans la montagne Lang-chan, située à 51 li au nord-oueft des murailles de Pao-ting-fou dans le Pe-tcheli. Les Kitans ne furent pas plûtôt informés de cette nouvelle qu'ils vinrent l'attaquer, mais ils ne purent le prendre, & ce général fe foumit à l'Empereur des Han, qui lui donna du commandement, & lè chargea d'attaquer les Barbares. Le général des Kitans nommé Ye-liu-tchong, depuis que Po-tou, autrement Ta-mimfou, étoit foumife aux Han, appréhendoit continuellement que le refte des Chinois qui fuivoient encore le parti des Kitans ne l'abandonnaffent. C'eft ce qui lui fit prendre la réfolution avec Mo-ta de mettre le feu à Timtcheou, & de fortir de cette ville. Ils emmenerent les habitans, renverferent les murailles & fe retirerent dans le nord. Siun-fam-kien vint auffi-tôt en prendre poffeffion avec fes freres auxquels on donna le gouvernement de quelqu'autres places voisines. Il chaffa de toutes parts les Kitans. Toutes les villes qui étoient tombées fous la puiffance de ces Barbares pendant le regne de la Dynastie des Tçin, rentrerent fous la domination de l'Empereur, & le général Mo-ta étant retourné dans le pays des Kitans fut mit à mort pour n'avoir pas fçu conferver cette partie de la Chine, dont ces Tartares s'étoient emparé.

Le changement d'Empereur & les cruautés que l'on avoit exercées fur Tchong-goei fufciterent de nouveaux troubles. Un des principaux officiers de l'Empire appellé Li-cheou-tchin, appréhendant de fuccomber fous le grand nombre d'ennemis qu'il avoit à la Cour, & de fubir le fort de Tchong-goei, songea à se fortifier. Il ramassa des armes, & fit fes efforts pour s'appuyer des Kitans: un Bonze qui l'entretenoit dans ce deffein lui promettoit qu'il feroit un jour Empereur. Il fut joint par Tchao-fie-kuon, qui s'étoit révolté à Siganfou; avec ce renfort, Li-cheou-tchin prit le titre de Roi de Tfin, & envoya des troupes pour fe rendre maître de quelques poftes. L'Empereur fit partir ses armées contre ces deux rebelles, Mais les divisions Tome II,

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qui étoient alors à la Cour parmi les Miniftres, ne permirent pas qu'on affoupit cette revolte qui commençoit à s'étendre. Kuo- goei`qui fonda dans la fuite la Dynastie des Tcheou, eut part au gouvernement, & on lui laiffa trop de crédit. En même tems Vam kim - tçung après avoir raffemblé les plus braves foldats de Fong-tciang-fou, fous prétexte d'aller contre les rebelles de Siganfou, les conduifit du côté du Sfe-tchuen, où il abandonna le parti de l'Empereur pour fe foumettre au Roi de cette province.

L'inimitié regnoit toujours entre les principaux officiers de l'Empire, ils étoient jaloux du grand crédit de Kuogoei, & publioient qu'ils vouloient mettre le nord à cou-vert des incurfions des Kitans: mais leur deffein étoit d'y aller ufurper l'autorité & refifter enfuite à l'Empereur. Ce Prince avoit trop de confiance dans Kuo-goei, qui devoit un jour lui arracher l'Empire. Il fit une faute de l'envoyer dans le Chenfi pour y appaifer les troubles. Kuo-goei marcha d'abord contre Li-cheou tchin, qu'il regardoit comme le plus puiffant, & dont la défaite entraînoit néceffairement la prise de Si-gan-fou & de Fong-tciang-fou. Il divifa fon armée en trois corps, qui vinrent attaquer par des routes différentes Ho-tchong (a). Ce général avoit une attention finguliere pour les foldats, veilloit à leur entretien fupportoit auec eux toutes les fatigues de la guerre, récompenfoit le moindre fervice qu'ils lui rendoient, vifitoit lui-même ceux qui avoient reçu des bleffures, & pa-roiffoit ne pas appercevoir les fautes legeres; il gagna par-là l'amitié des foldats, & fit réuffir l'expédition pour laquelle il étoit commandé. La plupart des foldats du rebelle déferterent, & s'emprefferoient de venir fervir Kuogoei. Il fe préfenta devant la place, fes officiers vouloient qu'on l'attaquât fur le champ ; mais lui, confidérant que Li-cheou-tchin avoit encore un affez grand nombre de foldats, & que la ville étoit très-fortifiée, il crut qu'il étoit plus à propos de la bloquer, en attendant qu'elle eût

(4) Aujourd'hui Pou-tcheou dépendante de Pim-yam-fou,

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confommé toutes fes provifions. Il fit faire des retranchemens, établit des fignaux le long du fleuve, d'efpace en efpace, avec des foldats pour les garder, & borda de vaif- L'an948. feaux la riviere, de forte que Li-cheou - tchin fut enfermé de tous côtés. Les troupes que le Roi du Sfe-tchuen envoyoit au fecours de Fong-tciang-fou furent repouffées. En même-tems Vam-kim-tçung fit p rir foixante-dix perfonnes de la famille de Heou-ye qui l'avoit trahi. Mais un petit-fils de Heou-ye fut confervé par fa nourrice, qui eut le courage de donner aux bourreaux fon propre fils en échange, & de fe fauver avec l'enfant. Elle vint jusqu'à Ta-leam rejoindre Heou - ye, elle avoit été obligée de mandier pendant la route. Ces traits finguliers de dévouement pourroient être mis au rang des Fables s'ils étoient moins fréquens : mais l'Hiftoire Chinoise en fournit un si grand nombre d'exemples qu'on ne fçauroit les révoquer en doute: c'est le caractere de cette Nation qui fait céder les fentimens de la nature au fervice du Prince & au bien de la patrie. Cependant à examiner de plus près le caractere des Chinois, l'action de cette femme devient moins louable qu'elle le feroit chez un autre Nation. On fçait que ces peuples ne font aucune difficulté d'exposer leurs enfants nouveaux nés, de les abandonner dans les rues & de les jetter dans les étangs où ils périffent miserable

ment.

Li-cheou-tchin étoit toujours affiégé dans fa place. Il faifoit de tems en tems des forties mais elles ne lui étoient point avantageuses. Il tenta plufieurs fois inutilement de faire paffer quelques-uns de fes gens pour aller demander du fecours aux Rois de Tam, de Cho ou de Sfe-tchuen & aux Kitans. Il manquoit de vivres, & la famine emportoit tous les jours une grande quantité de peuple. Son Bonze nommé Tçong-lun, l'amufoit par fes difcours & l'entretenoit dans fa révolte. Tchao-hoei, autre général de l'Empereur vint affiéger en même - tems Vam-kim-tçong dans Fong-tciang-fou & fit courir le bruit qu'il arrivoit du Sfe-tchuen des troupes au fecours de la place. Vam-king-tçong qui donna dans ce piége, envoya

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énviron mille foldats au-devant d'elles. C'étoit ce que le général de l'Empereur attendoit. Cette petite troupe fut L'an 948. furprise & entierement défaite. Il ne fut pas moins heureux contre les troupes du Sfe-tchuen qui arriverent effectivement quelque tems après : le général du Roi de Cho avoit placé deux mille hommes en embufcade dans des marais, & s'étoit approché de Pao-ki-hien; enfuite il vint camper fur la riviere Kuei, mais les Han ayant jetté cinq mille hommes dans Pao-ki-hien, les Cho furent obligés de fe retirer. Les fecours que Li-cheou-tchin avoit obtenus du Roi de Tam devinrent également inutiles, ils fe retirerent à Hai-tcheou. En même-tems Vam-kim-tçung avec ceux qu'il avoit reçus du Roi de Cho, défit d'abord les troupes des Han; mais Kuo-goei étant accouru au fecours, les Cho qui avoient confommé toutes leurs provisions s'en retournerent. La Cour n'étoit pas plus tranquille la plupart des Miniftres, ennemis les uns des autres, y caufoient des défordres encore plus préjudiciables à l'Empire que les révoltes qui étoient dans les pro

vinces.

Kuo-goei retourna devant Ho-tchong, où il avoit laiffé L'an 949. Pe-ven-ko. Cet officier envoya au-devant de lui quelques troupes. Li-cheou-tchin faifit cette occafion pour faire un détachement de mille de fes meilleurs foldats, dont il donna le commandement à Ki-hiun. Ces troupes vinrent attaquer les retranchemens des Han & mirent le feu partout. Le camp des Han alloit être pris: mais un officier ayant rassemblé à la hâte quelques foldats, obligea les enne mis à fe retirer, après leur avoir tué fept cens hommes. Li-cheou-tchin dans le deffein de faire une nouvelle fortie, envoya plusieurs de fes gens qui fe difperferent dans les campagnes, où ils fe mirent à vendre du vin. Ils avoient ordre de ne point infifter fur le prix. La plûpart des fentinelles de l'armée Impériale s'enyvrerent, & ne furent plus en état de garder leurs poftes; le Général s'apperçut de co défordre, & fit punir plufieurs foldats pour fervir d'exemple. Cependant Li-cheou-tchin qui commençoit à manquer de vivres, réfolut de faire un dernier effort pour obli

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