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Après J. C.

fe rendre entre leurs mains & on lui fit auffi-tôt couper la tête. L'Empereur de la Chine, dans la crainte que les Po-jun. Hoei-ke ne fe revoltaffent entiérement contre lui, leur envoya le Président du tribunal de la guerre pour les pacifier, donner des titres fuivant leur coutume à Tou-mitou, fournir aux frais de fes funerailles & inftaller fon fils Po-jun à fa place. Kiu-lo-po qui avoit eu part à l'affaffinat de Tou-mi-tou fut en même-tems arrêté à la Chine. A la faveur de ces troubles, le Turc Ofuna-ho-lou s'empara du campement du nord fitué entre les fources de l'Orgon & du Selinga, où demeuroit le chef des Hoei-ke; mais Po - jun ayant raffemblé cinquante mille hommes battit Ho-lou, reprit fa Cour du nord; enfuite avec le Général des armées de la riviere d'Ili il remporta une seconde victoire fur Ho-lou à la montagne Kin-ya-chan, & obtint de l'Empereur le titre de Capitaine des gardes impériales. Il fuivit l'Empereur dans l'expédition de la Co

rée.

L'exemple des Hoei-ke avoit engagé plufieurs autres peuples de la Siberie à fe foumettre à la Chine. Les Kiekou autrement Kien-kuen furent des premiers à reconnoître la domination Chinoife. Ces peuples demeuroient au nord-ouest des Hoei-ke vers l'endroit où eft aprésent Yrkutskoi: c'étoit de grands hommes qui avoient les cheveux roux & les yeux bleus. Ils pouvoient mettre environ quatre-vingt mille hommes fur pied, ils étoient voifins des Turcs & ils avoient été foumis autrefois aux Sieyen-to. L'Empereur Tai-tçong reduifit leur pays en Province Chinoise.

Kam-mo.

Ven hien-
Tam chou.

tum-kao.

Après la mort de Po-jun chef des Hoei-ke, fon fils Pe- Pe-li. li lui fucceda mais il ne fuivit pas les traces de fon L'an 661. pere & négligea l'alliance des Chinois. Avec les Tum-lo & Lie-tai-kiles Pou-ko, il vint ravager les frontiéres de la Chine. f. L'Empereur envoya contre ces rebelles plufieurs Généraux à la tête de cent mille hommes. Les Hoei-ke auroient été entiérement vaincus fi les Chinois ne s'étoient pas engagés trop avant vers le Selinga (a) & les monts (4) Je préfume que c'eft cette riviere. Les Chinois appellent celle dont ils parLent ici Sien go. Tome II. B

L'an 662.

L'an 663.

Après J. C.
Pe-li.

To-hiaitchi.

Altai, où les neiges, le froid & la difette des vivres firent périr la plus grande partie de leur armée. Alors Ho-li de la Horde des Ki-pi fe rendit par ordre de l'Empereur chez les Hoei-ke dans le deffein de rétablir la tranquilité parmi eux; en même-tems les Généraux Chinois marcherent contre le refte des rebelles 8: acheverent de les foumettre. On fit alors quelques changemens au fujet des lieux dont ces pays feptentrionaux relevoient. Enfuite Pe-li étant venu à mourir, fon fils To-hiai-tchi fut chef de la nation. Sous fon regne les Tong-lo, les Pou-ko & autres L'an 685. Hoei-ke fe révolterent contre l'Empereur de la Chine; mais les troupes Chinoifes qui vinrent par le lac Sopou-nor les difperferent entierement. D'un autre côté, Me-tchou Empereur des Turcs s'étoit emparé de tous les pays de Hoeike; la Horde particuliere de ce nom fe joignit à celles des Ki-pi, des Sie-kie & des Hoen paffa au midi du défert & vint s'établir entre les villes de Kan - tcheou & de Leam - tcheou, à l'extrémité du Chenfi vers l'occident. Toutes ces Hordes fervoient dans les armées Chinoifes, & formoient une excellente cavalerie.

Kam-mo.
Tam chou.
Lie-tai-ki-

Su.

Fou-ti-fou.
L'an 716

Tchingtcong.

To-hiai -tchi eut pour fucceffeur fon fils Fou-ti - fou. L'année d'après qu'il eut été proclamé chef de de la nation, le Khan des Turcs appellé Me-tchou battit dans le nord les Pa-ye-ko, mais enfuite il fe laiffa furprendre par ces peuples qui lui couperent la tête & l'envoyerent aux Chinois alors cinq Hordes des Hoei-ke fe foumirent à l'Empereur de la Chine, & on les fit camper au nord d'un endroit appellé Ta-vou-kiun.

Après Fou-ti-fou fon fils Tching-tçong fut déclaré chef de la nation; il eut quelques démêlés avec le Gouverneur de Leam-tcheou, on l'accufa de plufieurs fautes, & il fut envoyé en exil où il mourut. Les Hoei-ke commencerent alors à fe dégouter du gouvernement Chinois, Hou-chou. Hou-chu parent de Tching-tçong profita du mécontentement où il voyoit fa nation pour venir attaquer le Gouverneur de Leam-tcheou. Il tua cet officier, fit fermer les chemins qui pouvoient conduire dans la Tartarie, & fe fauva dans la fuite chez les Turcs où il mourut. Il eut pour fucceffeur fon fils Ko-li-fi-lo.

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Après J. C.

L'an 742.

Ven-bien

Ce nouveau Chef des Hoei-ke envoya des ambassadeurs à l'Empereur de la Chine qui lui donna le titre de Hoai ginFong-y-vam. Enfuite à la faveur des troubles qui reg- khan. noient parmi les Turcs, auxquels jufqu'alors il avoit été Lie-tai-kifoumis, il fe révolta avec le chef des Ko-lo-lou : ils at- ju. taquerent ensemble les Pa-fi-mi qui venoient de défaire le Tam-chou. Khan des Turcs. Ko-li-fio-lo prit alors le titre de Ko-to-tum-kao lou-pi-kia-kiue-khan. C'eft à cette époque que commen- L'an 744. ce la grandeur des Hoei-ke qui avoient toujours été les fujets des Turcs & des Chinois. Ce Khan obtint de l'Empereur le titre de Hoai-gin-khan; il s'empara de tous les pays que les Turcs occupoient & mit fa Cour entre la montagne Ou-te-kien-chan & le fleuve Kuen-ho. Toutes les Hordes des Hoei-ke étoient fous fa domination, il réduifit enfuite les Pa-fi-mi & les Ko-lo-lou, & il établit partout dans fon nouvel Empire des Officiers; mais ce qui affuroit le plus fa puiffance, c'eft qu'il avoit été reconnu grand Khan par l'Empereur de la Chine de la maniere la plus authentique & la plus folemnelle. Ses ambasfadeurs avoient reçu d'un des premiers Miniftres de l'Empire les lettres patentes dans la Cour Impériale au bruit des tambours, ayant devant eux leurs étendarts déployés. Après que Ki-li-fi-lo eut été ainsi installé Khan de la Tar- L'an 745. tarie, il défit & tua Pe-moei-khan Empereur des Turcs: alors fes Etats s'étendirent du côté de l'Occident jufqu'aux monts Altai & à l'Irtifch, & vers l'Orient jufqu'au pays des Che-goei ou Tongoufes qui habitoient le long du fleuve Amour. Mais il ne jouit pas long-tems du fruit de fes conquêtes, il mourut prefque auffi - tôt qu'il fut GrandKhan de Tartarie. Son fils Mo-yen-tcho lui fucceda fous le titre de Ko-le-khan. Ce Prince envoyoit reguliérement Ko le-khan tous les ans à l'Empereur de la Chine des ambaffadeurs L'an 756. & il rendit de grands fervices aux Chinois. Ce fut lui qui offrit d'envoyer à leur fecours des troupes pour dcmpter le rebelle Gan-lo-chan qui venoit de prendre le titre d'Empereur, & qui ménaçoit d'enlever l'Empire à la Dynaftie des Tam.

Gan-lo-chan étoit un des Généraux de l'Empereur

Après J. C.
Ko-le-khan

Hiuen-tçong à qui ce Prince avoit laiffé prendre trop d'autorité dans l'Empire. Il le combloit tous les jours de nouveaux bienfaits, & lui laiffoit rendre des honneurs qui n'étoient dûs qu'au Souverain. Cet Officier étoit le maître dans le palais imperial, & fous prétexte qu'il avoit été adopté par l'Impératrice, il pouvoit y entrer librement de jour & de nuit, & s'entretenoit avec les Princeffes. L'Empereur reçut mal les avis qu'on lui donna fur la revolte que Gan-lo-chan méditoit. Les Miniftres & les Officiers qui étoient oppofés à Gan-lo-chan furent exilés, & ce Prince ne commença à fe défier de fon favori que quand celui-ci fut affez puiffant pour ne le plus craindre. Gan-lo-chan s'étoit formé une armée de plus de cent cinquante mille hommes, compofée pour la plus grande partie de Khitans & d'autres Tartares Orientaux. Il commença par venir infulter Lo-yam où l'Empereur étoit alors, & il s'empara de prefque toutes les Provinces de Chantong, de Chanfi & de Honan. Les mauvais confeils auxquels l'Empereur fe laiffoit entraîner, achevoient de ruiner l'Empire. Si-gan-fou fut prife, & l'Empereur fut contraint de fe fauver dans la Province de Sfetchouen. C'est dans ces circonftances & après la perte d'une grande bataille que Hiuen -tçong eut recours au Khan des Hoei-ke & des Toufan. Ko-le-khan dorna le commandement des troupes, qu'il envoyoit au fecours de l'Empereur à Ko-lo-tchi qui fe joignit au Général Kou-tfe-y ; ils marcherent ensemble contre les Tong-lo. Cette Horde des Hoei-ke qui demeuroit vers le Kerlon avoit pris le parti de Gan-lo-chan. Les foldats de ce rebelle quitterent les environs de Si-gan-fou où ils étoient campés pour aller vers le pays d'Ortous, dans le deffein de fe joindre aux autres Tartares, & de revenir enfuite ravager les frontiéres de la Chine, mais ils furent défaits par les troupes Chinoifes & Hoei-ke. L'Empereur pour reconnoître les fervices qu'il venoit de recevoir de ces Tartares donna à la fille de leur Khan le titre de Princeffe, comme fi elle eût été une Princeffe de la famille Impériale. Dans l'extrême befoin où il fe trouvoit, il étoit

obligé de ménager ces peuples. Enfuite le fils du Khan Après J. C. nommé Ye-hou fe rendit à la Chine avec un corps de Ko-le-khan troupes de quatre mille hommes Il s'aboucha avec Koutfe-y qui regala tous ces Tartares, mais Ye-hou ne voulut avoir aucune part à cette fête, fous prétexte que dans la fituation où étoit alors l'Empire, on ne devoit s'occuper qu'à le délivrer de fes ennemis; il fe trouva dans une bataille qui fut donnée fur le bord de la riviere Fong où les rebelles avoient mis quelques troupes en ambufcade. Les Hoei-ke fondirent deffus & les diffiperent avec leurs fléches. Ils s'approcherent enfuite de Si-gan-fou avec le reste de l'armée impériale qui étoit compofée de Chinois, de Tartares, d'Indiens & d'Arabes (a). Les rebelles furent vaincus, les Hoei-ke furtout, qui les prirent par derriere, en firent un grand carnage: Gan-king-fu fils de Gan-lo-chan & qui lui avoit fuccédé après l'avoir fait poignarder, fut obligé d'abandonner la Cour orientale; c'eft-à-dire Lo-yam, & de fe retirer vers le nord. Quelques ennemis fecrets de l'Empereur porterent les Hoeike à mettre cette ville au pillage. Ces Tartares y firent pendant trois jours de grands défordres & diffiperent tous les magazins; ils ne s'arrêterent qu'à force de préfens. Cette conduite n'empêcha pas Ye-hou de fe rendre enfuite à la Cour, où la néceffité & le befoin des fecours obligerent l'Empereur d'oublier cette infulte. Ce Prince envoya au-devant de lui tous fes principaux Officiers & lui donna un grand feftin. Ye-hou lui propofa de laiffer fes troupes à la Chine & de repaffer en Tartarie pour y raffembler des chevaux, remonter la Cavalerie Chinoife & reprendre enfuite les villes qui étoient encore entre les mains des rebelles. L'Empereur le remercia de ces offres, lui donna le titre de Tchong-y-vam, & y joignit beaucoup de préfens qu'il promit de lui envoyer tous les ans en Tartarie

Le Grand Khan qui venoit de rendre aux Chinois des L'an 758. fervices fi importans fit demander en mariage une fille de

(a) Les Arabes avoient alors un grand commerce avec les Chinois.

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