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Après J. G.

Thogrul

L'an 1058.

d'Ibrahim. Il fe fauva avec fix mille hommes & un fils
d'Ibrahim dans l'Armenie, & affiégea Cars, en attendant la
réponse de l'Empereur de Conftantinople,à qui il avoit fait begh.
demander du fecours. Il prit cette ville, mais l'arrivée des
troupes du Sulthan dans l'Iberie l'obligea d'abandonner ce
pays pour se retir à Saba dans l'Yemen. Le Sulthan ne
Pailla pas de ravager toute l'lberie, & l'Empereur Gree
fut obligé d'y envoyer Michel-Acoluthus avec une armée
de Francs & de Waranges, alors le Sulthan qui ne vou-
loit point hazarder une bataille, prit le parti de fe retirer

à Tauriz.

Pendant que le Sulthan avoit ravagé l'Iberie; un de fes Emirs nommé Samuk avec des troupes de Perfe étoit entré dans Grande Armenie, & de-là il faifoit des courfes fur les terres de l'Empire. Il avoit fait alliance avec Erbebius Francople,'qui mécontent de l'Empereur Michel-Stratiotique, s'étoit retiré dans l'Armenie avec trois cens Francs; mais la défiance que ces deux chefs avoient l'un de l'autre, ne leur permit pas d'obferver longtems le traité qu'ils avoient fait. Samuk fut le premier qui le rompit, il furprit les Francs dans le tems qu'ils prenoient leur repas; mais il fut repouffé avec une perte confidérable, fes foldats fe fauverent prefque nuds dans Khelat. Les Francs qui étoient alliés de l'Emir de cette ville, vouloient y entrer pour s'y raffraichir, & ils le firent magré leur chef qui leur repréfentoit qu'ils ne devoient pas avoir une fi grande confiance dans ces Infidéles. Ils en furent bientôt convaincus. Pendant qu'ils étoient au bain ou à fe divertir, l'Emir de Khelat nommé Aponafar & Samuk les massacrerent prefque tous. Erbebius fut mis aux fers. Aponafar donna avis à l'Empereur de la défaite de ces rebelles.

Cedrenes

Novairi

La révolte d'Ibrahim-inal avoit fait changer la fituation des affaires dans Bagdad. Depuis que le Sulthan avoit quitté Bondari. cette ville, Neffafiri y étoit rentré (a) & en avoit chaffé le Aboulfedha Khalif. Il y avoit fait faire la priere (6) publique au nom de

(a) I e 8 de Dzoulcaada de l'an 450. (b) Cette priere publique que l'on ap pelle le Khothbah fut interrompue pour les Abbaffides jufques dans la Meque mê

me, & elle ne fut retablie dans cette ville
qu'en l'an 462. pendant ce tems-là on la
faifoit pour les Phathimites.

Elmacin

Après J. C.

Thogrulbegh Aboulfavadge. Benfchon

zab.

Moftanfer - billah Khalif d'Egyte. Il avoit fait promener avec ignominie le Grand Vifir de Caïm fur un chameau, & l'avoit enfuite fait pendre par le milieu du corps. Le Khalifaccablé de ce coup avoit envoyé couriers fur couriers au Sulthan; mais la guerre contre fon frere occupoit telment ce Prince, qu'il n'avoit pû venir à fon fecours. Caïmb'amrillah après avoir vû fon pallais pillé par le peuple, fut L'an 1059. conduit à Haditha où on le retint prifonnier. Neffafiri fit enfuite affembler tous les gens de Loi, les grands de Bagdad & les principaux de la famille des Abbaffides, qui reconnurent tous en qualité de Khalif, Moftanfer; mais auffitôt que le Sulthan eut appaifé la révolte de fon frere, il revint à Bagdad, que Neffafiri fut obligé d'abandonner; il y rétablit (a) le Khalif, & envoya des troupes vers Koufa. Neffafiri fut battu, & fa tête fut portée au Sulthan, qui l'envoya au Khalif. Togrul-begh fe rendit enfuire à Vafeth, où il rétablit la tranquillité: cette place avoit fervi de retrafte au rebelle. En même-tems Noureddoulet-dobais qui avoit fuivi le parti de Nessasiri fit sa paix & vint lui rendre hommage.

L'an 1060.

Aboulfaradge,

Soyouthi.

Beylizze,

1

des

Ce Prince perdit alors fon frere Daoud qui regnoit dans Aboulfedha le Khorafan; il étoit âgé de 70 ans, & laiffoit plufieurs fils (6) entre lefquels Alp-arflan fut fon fucceffeur. De Vaseth le Sulthan revint à Bagdad (c), d'où après avoir reçu préfens du Khalif & avoir laiffé fon Vizir Amid-el-moulk dans cette ville,il alla dans le Dgebal. C'eft dans ce même tems que je crois devoir placer les fréquentes incurfions que les Turcs faifoient dans la Georgie & dans tous les pays voifins de l'Euphrate, dans l'Armenie & le Baafparacan. Elles obligerent l'Empereur Conftantin Ducas d'y envoyer fes armées pour arrêter ces Turcs qui paroiffoient vouloir pénétrer jufques dans la Phrygie; mais ces armées Impériales n'étoient compofées en général que de mauvaises troupes, & c'est ce qui rendoit les Turcs plus hardis. L'imprudence de Pancrace, à qui l'on avoit confié la garde de l'Armenie

(a) Le 8 de Dzoulhedgeh de l'an 451.'
(b) Les autres font Yakouti, Carout-

beg & Soliman.

(c) L'an 452 de l'Hegire,

(c) L'an

Après J. C.

l'Armenie, fut caufe de la perte d'Ani. L'armée du Sulthan paffoit dans les environs de cette place fans faire au- Thegrulcun tort aux Grecs. Quelques Officiers tomberent fur l'ar- begh. riere-garde & tuerent un assez grand nombre de Turcs, le Sulthan revint fur fes pas, afliégea Ani & s'en rendit maître en peu de jours, de même que de tous les pays voi

fins.

Après avoir rétabli l'ordre que les guerres civiles avoient L'an:061. entierement détruit, il reprit le chemin de Bagdad. Il avoit deffein d'y époufer la fille du Khalif. On la lui refufa, & toute cette année (a) fe paffa en pour-parlers & en mena

ces,

dont les fuites furent que le Sulthan (6) fit arrêter le L'an 1062. payement des penfions du Khalif, ce qui obligea celui-ci de confentir à ce que le Sulthan exigeoit. Le contrat en fut fait à Tauris. Thogrul-begh vint enfuite à Bagdad, où il époufa la Princeffe(c),& fit de grands préfens à tous les Offi- Aboulma ciers du Khalif. Comme la milice Turque qui l'avoit fuivi halen. Aboulfedha dans cette ville y faifoit beaucoup de défordres, il en fortit Benchoupour aller dans le Dgebal avec la nouvelle Sulthane; mais nah. à peine fut-il arrivé à Rei qu'il tomba dangereusement ma- Elbondari. lade, & mourut (d) âgé d'environ 72 ans avec la réputation Elmacin. Aboulfad'un Prince doux, fage, prudent, autant aimé de fes fujets radge qu'il étoit craint & refpecté de fes ennemis. Comme il ne laiffoit point d'enfans, fon neveu Alp-arflân (e) fils de Daoud lui fuccéda.

Novairi.

Alparflân.

Dherbelot.

Ce Prince qui gouvernoit depuis dix années le Khora- Novari. fan en qualité de Lieutenant Général de Thogrul-begh, Aboulmacommença fon regne par renvoyer à Bagdad la Sulthane basen. fille du Khalif & (f) demanda en même-tems que l'on fit L'an 1064. dans cette ville la priere publique en fon nom : le Khalif le lui accorda dans une affemblée générale avec le titre de Dhiaeddin-adhad-ed-doulet. Amid-el-moulk qui avoit été

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Après J. C.

Alparflân.

Grand Vizir de Thogrul-begh éprouva (a) le premier combien il eft dangereux d'avoir été trop puiffant fous le regne précédent. Il fut arrêté par le confeil de Nedhamel-moulk nouveau Grand-Vizir, enfermé à Merou-erroud & enfuite fait mourir avec fix cens de fes amis. On rapporte qu'ayant été chargé autrefois par le Sulthan fon maitre d'époufer en fon nom une Princeffe, ce Sulthan l'avoit fait Eunuque. Il étoit accufé d'avoir abufé de fon autorité, & d'avoir commis plufieurs malverfations, dont il fut convaincu avant que de fubir le fupplice auquel il avoit été condamné. Son fucceffeurNedham-el-moulk fut un des plus grands hommes de l'orient, il ne s'occupa que de la gloire de fon maître & du bonheur des peuples.

Aboulfedha Le nouveau Sulthan avant que de fuccéder àThogrul-begh poffédoit le Khorafan, il le réunit à fes Etats, & forma un Empire très-vafte qu'il étendit encore par de nouvelles conquêtes. Il porta la guerre dans le Maouarennahar, où il enleva quelques places à fon oncle Bigou (b); il fe rendit maître de Saganian qui appartenoit à Moufa qu'il fit prifonnier. Mais il fut bientôt obligé de revenir dans l'Adherbidgiane où Coutoulmisch étoit à la tête d'une armée pour lui difputer l'Empire: il le défit proche Rei. Le Aboulfedha Prince rebelle fut trouvé parmi les morts, & le Sulthan nah. ne put retenir fes larmes; il entra (c) enfuite dans Rei. Nedham-el-moulk qui a rapporté plufieurs événemens du regne de ce Prince, dit que dès avant l'action, le cheval de Coutoulmifch s'abbattit & le bleffa, qu'auffi-tôt les rebelles demanderent quartier & l'obtinrent. Coutoulmifch eft l'ancêtre des Seljoucides d'Iconium.

Benfchou

L'an 1065.

L'année fuivante (d) le Sulthan retourna dans le Maouarennahar & paffa le Gihon, il alla à Jond, où il vifita le tombeau de fon ayeul Seldgiouk. Le Roi de Jond se soumit à lui, & fut confervé dans fon Royaume. De-là Alparflan fe rendit à Seiram, d'où il vint à Korkandge dans le Kharifme. Si l'on doit ajouter foi à Khondemir cité par

(a) Son nom étoit Abounasr Mansor Mohammed el khondari, quelques uns le nomment encore Abd-el-moulk.

(b) Fils de Mikhail, fils de Seldgiouc.
(c) Dans le mois Ramadhan.
(d) L'an 457 de l'Hegire.

Après J. C.
Alparflân.
L'an 1065.

d'Herbelot, il y avoit alors dans cette province un rebelle nommé Khazan, qui avoit une armée d'environ trente mille hommes. Elle fut entierement défaite, & Malek-schah fils aîné du Sulthan, fut pourvû du gouvernement du Kha- Khondemir. risme. Le même Hiftorien ajoute qu'Alp-arflan s'en revint par le Khorafan, où il vifita à Thous le tombeau de l'Iman-aly-ridha.

Après ce pélérinage Alp-arflan prit le chemin de Ra- Khondemir. decan, où il campa avec toutes fes troupes dans un lieu Dherbelor. fort agréable. Il y convoqua une affemblée de tous les Grands de fon Empire, en préfence defquels il déclara Malek-fchah fon fucceffeur & l'héritier de tous fes Etats; il fit affeoir ce jeune Prince fur un thrône d'or, & tous les Grands lui prêterent ferment de fidélité. Il leur annonça enfuite qu'il fe disposoit à entreprendre une nouvelle expédition dans le Maouarennahar, & de - là dans le Turkeftan. Après avoir ordonné que tout fut prêt pour cette guerre il partit, mais dans le même tems un de fes- Officiers nommé Phadhlouïeh qui venoit de réduire le Kerman où Cara-arflan s'étoit révolté, entreprit de fe rendre maître absolu dans cette province, & s'enferma dans un château très-fortifié où il avoit raffemblé de grands thréfors que fes concuffions lui avoient procurés. Nedham-elmoulk reçut ordre de le faire rentrer dans le devoir ou plûtôt de l'amener mort ou vif. Quoique la place parut imprénable, il falloit obéïr; le Vizir la fit inveftir, & en fit lui-même le tour. Les affiégés n'en parurent pas plus allarmés & refterent tranquilles, les attaques commencerent fans accun fuccès, & on paroiffoit menacé d'être obligé de lever le fiége. Le Vizir fe confoloit de ces difgraces par une entiere refignation aux décrets de la Providence, perfuadé que le chagrin qu'il pourroit prendre ne feroit qu'un nouveau furcroit de douleur, également inutile, foit que la chofe réuffit ou qu'elle ne réuffit pas. Ces refléxions l'agitoient, lorfqu'à la pointe du jour les affiégés demanderent à capituler. Ils manquoient d'eau, les puits & les citernes s'étoient defféchés; on convint que Phadhlouïeh rendroit hommage au Sulthan, & qu'il

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