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Novairi

nih.

refteroit dans la place en payant tous les ans un tribut. Après J. C. Les Ecrivains Orientaux attribuent le fuccès de cette enAlparflân. treprise à la piété & à la religion de Nedḥam-el-moulk. Le Vizir, pendant que le Sulthan étendoit les limites de Befchon- fes Etats, s'attachoit à étendre celles de l'efprit humain, & faifoit fleurir les fciences dans fes vaftes Etats. Nedhamel-moulk étoit devenu l'azyle & le protecteur des Sçavans, il faifoit bâtir des collèges dans les différentes villes. Le plus célébre est celui dont il jetta les premiers ondemens cette année dans Bagdad, & qui ne fut achevé que l'an 1066. Ce Collège étoit appellé Medrefet-el-Nedhamié.

Aboulfedha

L'an 1066.

Enfuite le (a) Sulthan s'occupa pendant quelque tems. Aboulfedha des affaires de Syrie. Il donna à Scharf-ed-doulet (b) Roy de Mouffoul, Anbar & Tecrit. La ville de Mara-elnooman fut confiée à un Khan Turc, originaire du Maouarennahar, & qui vint fe camper dans ce pays avec des Turcs, des Dilemites, des Kurdes & des Georgiens. Mais quelques tems après le Sulthan le tranfporta ailleurs, & donna cette ville à un autre Emir nommé Phars-eddoulet-yanes-ef-faleh. Tous ces Turcs répandus dans la Syrie. ne ceffoient d'inquieter les troupes Greques qui étoient L'an 1067. dans le voifinage, & à Malathie. Ils défirent la garnison de cette ville & pénétrerent jufqu'à Céfarée portant partout le ravage. Ils entrerent dans la Cilicie, dont ils furprirent les habitans, & après y avoir fait un grand butin, ils reprirent le chemin d'Alep. Ils étoient conduits dans ces expéditions par un certain Amertic qui commandoit auparavant les troupes de l'Empereur Grec, & que le défaut de provifions avoit obligé de fe jetter dans le parti des Turcs.

Scilitzes.
Zonare.

Ces peuples fe réunirent enfuite avec les Mardaschides qui regnoient dans Alep, & vinrent ensemble aux environs d'Antioche de Syrie, où ils enleverent beaucoup de prifonniers. Nicephore Botoniate y fut envoyé par l'Empereur Grec à la tête d'une bonne armée que l'avarice rendit inutile. Les foldats à qui on avoit retranché une

(a) L'an 45 de l'Hegire.

(E) Scharf-cd-doulet Mouflim fils de

Coraifch, fils de Badran, fils de Moclab, fils de Moufaib.

&

partie des vivres déferterent, & laifferent aux Turcs la li-
berté de courir le pays. On ne leur oppofa que
des trou-
pes mal difciplinées levées à la hâte dans Antioche
qui manquoient de tout. Botoniate fut contraint d'aban-
donner le commandement d'une pareille armée.

Ap:ès J. C.
Alparflân

Scilitzes:

Mais auffi-tôt que Romain Diogenes fut parvenu à l'Em- Zonare. pire de Conftantinople, il réfolut de chaffer de fes Etats L'an 10381 les Turcs, & d'arrêter leurs incurfions. Il fe rendit en conféquence avec d'affez mauvaises troupes dans la Phrygie, où le Sulthan étoit venu camper dans le deffein d'y prendre fes quartiers d'hiver pour recommencer fes courfes au printems prochain. L'arrivée de l'Empereur que le Sulthan regardoit comme un Prince belliqueux,ne lui permit pas de refter fitranquille,& dans la crainted'en venir aux mains avec lui, il se retira, partageant fes troupes en deux corps, l'un qu'il envoya vers le midi, & l'autre dans les provinces du nord. Romain Diogenes fuivoit le premier dans la Cilicie & dans la Celefyrie, lorfqu'il apprit que l'autre partie de l'armée Turque venoit de piller Neocefarée, & que ces Barbares fe retiroient chargés de butin. L'Empereur avec fes meilleures troupes, & après avoir laiffé à Sebaste ou Siouas tous fes bagages, traverfa les montagnes & joignit les Turcs, qui furent tellement étonnés de le voir prêt à fondre fur eux, qu'ils abandonnerent tout le butin pour prendre la fuite. La fatigue que les Grecs avoient effuyée dans leur marche précipitée ne leur permit pas de les pourfuivre, & c'eft ce qui fauva les Turcs qui perdirent peu de monde. L'Empereur reprit enfuite le chemin de la Syrie, il envoya un détachement vers Malathie ou Melitene, & alla ravager le territoire d'Alep, dans laquelle regnoit Mahmoud le Mardafchide. Il fe rendit maître d'Hierapolis. Mais pendant qu'il étoit occupé à battre une tour où l'on faifoit encore quelque réfiftance, Mahmoud avec fes troupes furprit une partie de l'armée Impériale qu'il mit en fuite fans que le refte fe hâtât de venir au fecours. Le Gouverneur de Khelat informé de cette déroute fe rendit aux Turcs avec les fiens. Dans l'efpérance de faire prifonnier l'Empereur, les Turcs environnerent

le camp des Grecs. Romain Diogenes les vint attaquer (a) Après J. C. Iparflân. fans avoir donné le fignal du combat, ni fait retentir le L'an1969. bruit des inftrumens militaires. Les Turcs qui ne s'y attendoient point furent battus, & la victoire eut été complette, fi les Grecs les euffent pourfuivis. L'Empereur revint à Hierapolis ou Manbedge, dont il fit reparer le château, alla prendre enfuite quelques places & retourna (6) à Conftantinople par la Cilície.

Elmacin.

Scilitzes.
Zonare.

Au printems fuivant Romain Diogenes revint dans l'orient. Les Turcs qui s'étoient répandus en grand nombre L'an 1070. dans les environs de Cefarée, fe retirerent à l'approche de 1'Empereur qui paffa l'Euphrate, & fe rendit à Romanopolis dans le deffein de pénétrer jufqu'à Khelat. Il laiffa dans les environs de Malathie Philarete avec un corps de troupes; mais les débauches & l'avarice infatiable de ce Général le rendirent méprifable & odieux à fes foldats. Il fut battu, & perdit tout fon bagage. Ses foldats poursuivis par les Turcs rejoignirent Romain Diogenes à Celzene. Pendant ce tems-là les Turcs qui n'oferent s'approcher d'avantage de l'armée Impériale fe jetterent dans la Cappadoce, -où ils firent de grands ravages. Ils entrerent enfuite dans la Lycaonie & dans la Pifidie. L'Empereur fut obligé de ne plus fonger à Khelat pour venir promptement au fecours de fes provinces. Il apprit en chemin que les Turcs étoient entrés dans Iconium, mais que n'ofant l'attendre ils avoient évacué cette place. Il envoya une partie de fes légions pour rejoindre Cataturias qui commandoit dans Antioche de Cilicie, ordonnant que toutes ces troupes revinffent le joindre à Mopfuefte, par où l'on croyoit que Turcs repafferoient pour s'en retourner. Mais ces peuples prirent leur route par les montagnes de Seleucie, & vinrent dans les plaines de Tarfe, où après avoir effuyé quelque échec de la part des Armeniens, ils fe fauverent à Alep, pendant que l'Empereur faché d'avoir manqué cette occafion s'en retourna (c) à Conftantinople.

(a) Te zo de Novembre Indict. 7: l'an

462 de l'Hegire.

(b) Sur la fin de Janvier

les

(c) Zonare place cet événement à l'an 6578 du monde vers l'automne à la 8me, indiction.

Après J. C.
Alparflan.

Scilitzes.

Manuel Comnene Curopalate qui fut envoyé l'année fuivante à la tête d'une armée chercha les Turcs & remporta fur eux quelques avantages dans les environs de Cefarée; mais ayant pénétré plus loin pour faire lever le fiè- Zonare. ge d'Hierapolis; il fut vaincu & fait prifonnier. L'armée Glycas. Impériale ne fe fauva qu'avec peine dans une ville voisine. L'Empereur apprit cette nouvelle & en même-tems la perte de la contrée de Cone dans la Phrygie dont les Turcs s'étoient emparés. Il délibéroit à Conftantinople fur le parti qu'il avoit à prendre lorfque Manuel Comnene y revint accompagné du Turc qui l'avoit arrêté. Celui-ci mécontent du Sulthan fe refugioit auprès de l'Empereur, qui dans l'efpérance de tirer de lui des fervices importans lui donna

un gouvernement.

L'an 1071

Conftantin

Aboulfedha
Benfchou-

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Elmacin.

Aboulma

Romain Diogenes n'attendit que le retour du printems pour repaffer en orient, il fe rendit à Théodofiopolis ou Erzeroum avec une armée de cent mille hommes de pied Scilitzes. & un grand nombre de cavalerie. Il ordonna à tous fes Zonare. foldats de prendre des vivres pour deux mois, à caufe des Manaffes. déferts dans lefquels il alloit s'engager. Il les partagea en différens corps; Ruffelie qui étoit un Latin fut envoyé vers a Khelat, un autre vers Malazkurd. L'Empereur garda le Aboulfarefte de l'armée, mais ce corps étoit fi peu nombreux qu'il lui radge. étoit difficile de tenir devant fes ennemis, cependant Ma- Soyouthi. lazkurd ne tarda pas de fe rendre. Les Turcs épouvantés de Novairi l'arrivée de ces troupes capitulerent & remirent la place à bafen. condition qu'il ne leur feroit fait aucun mal. Mais ils furent les premiers à enfreindre la capitulation; ils furprirent les Grecs qui étoient allés au fourage. L'Empereur qui s'étoit approché de Malazkurd envoya au fecours de fes foldats Nicephore de Brienne qui ne put repouffer les Turcs. Nicephore Bafilacie accourut au fecours de Brienne avec fes troupes. Les deux armées fe trouverent alors d'égales forces, Bafilacie fe jetta au milieu des Turcs & les obligea de reculer; mais fon cheval ayant été bleffé, il fur contraint de mettre pied à terre. La péfanteur de fes armes l'empêcha de fe deffendre & il fut fait prifonnier. On

Après J. C.

Alparflan.

L'an 1171

le conduifit (a) au Sulthan Alparflan, car c'étoit lui-même qui étoit venu au fecours de Khelat & Malazkurd. Ce Prince fit voir à fon prifonnier toutes fes forces, l'interrogea fur celles de Romain Diogenes, & lui rendit tous les honneurs qui étoient dûs à un Général d'armée.

Le Sulthan avoit appris l'arrivée de l'Empereur Grec dans l'Armenie, à Kouange ville de l'Adherbidgiane, & il n'avoit eu le tems que de raffembler quarante mille hommes (b) de cavalerie. Romain Diogenes avoit eu l'imprudence d'envoyer un nouveau détachement commandé par Jofeph Tarchaniotes au fecours des Uzes & des Francs & il comptoit avoir le tems, après la prise de Malazkurd, de réunir tous ces différens corps d'armée auprès de fa personne; mais il ignoroit que les Turcs qui repoufferent Brienne & Bafilacie fuffent commandés par le Sulthan lui-même. Cette conduite fi blamable fut la cause de fon malheur. Romain Diogenes' fortit de fon camp à la tête de fon armée & fe tint jufqu'au foir dans les montagnes d'où il obfervoit les démarches de fon ennemi. Sur le foir & lorsqu'il voulut fe retirer, les Turcs voltigerent autour de lui avec leurs chevaux, en jettant de grands cris & lançant une grande quantité de fleches. Toute la nuit fe paffa du côté des Grecs dans des allarmes continuelles. Le lendemain un corps des Uzes alla fe rendre aux Turcs. L'Empereur qui n'ofa plus mettre fa confiance dans ceux de cette Nation qui étoient reftés, manda fur le champ les troupes qu'il croyoit dans Khelat, mais il les attendit envain. Tarchaniotes & Ruffelie, en apprenant l'arrivée du Sulthan, s'étoient retirés par la Mefopotamie fur les terres de l'Empire. Le courage de Romain Diogenes ne fut point abbattu par ce facheux contre-tems & il refolut malgré le petit nombre de foldats qui lui reftoit de hazarder une bataille. C'eft ce qu'il devoit faire fi les Turcs le venoient attaquer; mais il n'étoit point de fa prudence de refuser la paix que le Sulthan lui offrit alors. Perfuadé que cette démarche d'Alparslan n'avoit été faite que par la

(*) L'an 463 de l'Hegire. (b) Abulfaradge n'en met que quinze mille.

crainte

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