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Moham

nah.

Aboulma

à Ispahan, il fit venir auprés de lui fon fils AboulcafemMahmoud âgé de quatorze ans & le déclara fon fucceffeur. Après J. C. Il l'embraffa les larmes aux yeux, lui mit fur la tête le Tad- med. ge ou la Couronne, aux bras les braffelets, & lui ordonna Benschoude monter fur le thrône. Mahmoud refufa de le faire, fous Benbatrick prétexte que ce jour-là n'étoit point heureux pour commen- Elmacin. cer fon regne. S'il n'eft pas heureux pour moi, répondit le D'Herbelots Sulthan, il l'eft pour vous. Il mourut enfuite âgé de trente hafen. fix ans, quatre mois & fix jours. Il laiffoit dans fes thréfors onze millions de piéces d'or, fans les bijoux & toutes les autres chofes précieufes qui pouvoient monter à une pareille fomme. Pendant fon regne il remit aux peuples tous les impôts dont ils étoient chargés, fit rendre la justice, & fut aimé de fes fujets; mais il négligea trop les interêts des Mufulmans.

Sandgiar:

Benelathir.

Quelques jours après fa mort on fit la priere (a) publi- Mahmoud. que au nom de Mahmoud:ce Prince (b) donna à Ac-fan- L'an 1119. car-el-bourski l'intendance de Bagdad qui étoit poffedée Abolfedh auparavant par Moudgiahed-eddin Bihrouz, que cette dépolition obligea de fe retirer à Tecrit qui lui avoit été donnée en appanage. Ratib-abou - Manfour fut fait grand Vizir. Mafoud frere de Mahmoud fut envoyé à Mouffoul & avec lui l'Emir Dgiousch-begh pour commander fous lui dans cette ville. Dobaïs fils de Sadaca, qui étoit retenu depuis long-tems à la Cour des Seljoucides, fut relâché & obtint la permiffion de fe retirer à Hella où il fut joint par un grand nombre d'Arabes & de Géorgiens.

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Dherbelot,

Benfchow

Cependant Mahmoud n'étoit pas tranquille fur le thrône Aboulfedha que fon pere lui avoit laiffé. Sandgiar (c) fils du fameux AboulfaMalek-fchah, & qui pendant vingt ans fous les regnes de radge. fes freres Barkiaroc & Mohammed, avoit été gouverneur nab. du Khorafan, en apprenant la mort de ce dernier, fe fit proclamer Sulthan, & s'avança (d) à la tête d'une puiffante armée dans l'Eraque Perfique où étoit fon neveu Mahmoud. Les deux Princes fe rencontrerent entre Rei &

(a) I e Vendredi 28 de Dzoul-hedgeh de l'an 511.

(b) L'an 512 de l'Hegire.

(c) Surnommé Moezz-addin Aboulha rech.

(d) L'an 513 de l'Hegire.

Saveh. Mahmoud fut battu & obligé de fe fauver dans la Après . C. derniere de fes places. Il auroit perdu ce qui lui reftoit Mahmoud. de l'Empire, s'il n'eut envoyé un de fes Vizirs vers Sand

Sandgiar.

Benelathir.

giar pour traiter d'accommodement. Le Vizir conduifit cette affaire avec tant d'adresse qu'il détermina Sandgiar à accorder la paix à fon neveu. Mahmoud obtint l'inveftiture de l'Eraque Perfique, à condition que Sandgiar seroit toujours nommé le premier dans la priere publique, que Mahmoud n'auroit point de quatriéme voile ou portiere dans fes appartemens, qu'on ne fonneroit point de la trompette lorfqu'il entreroit dans fon palais ou qu'il en fortiroit, & enfin que tous les Officiers que Sandgiar avoit établis dans l'Eraque feroient confervés. Par ce Traité Bihrouz redevint Intendant de Bagdad. Mahmoud fut trop heureux de figner ces conditions, quoiqu'elles ne le rendiffent que le Lieutenant Général de fon oncle.

I'an 1120.. Le peu d'autorité qui reftoit à ce Prince lui fut encore Aboulfedha difputée par ceux mêmes qu'il avoit comblés de bienfaits. Dobaïs à qui il avoit rendu Hella engagea (c) Dgioufchbegh à fe révolter, & à faire prendre à Mafoud le titre de Sulthan, en lui offrant tous les fecours néceffaires pour foutenir cette démarche. Le but de Dobaïs étoit de mettre la divifion entre les deux freres & d'en tirer quelque avantage. Mafoud à qui Mahmoud avoit donné Mouffoul & l'Adherbidgiane, fit faire la priere publique en fon propre nom, raffembla toutes les forces & marcha contre fon frere; mais au premier combat il fut vaincu & contraint d'aller fe cacher dans le Dgebal. De-là il traita avec fon frere, & obtint la permiffion de le venir trouver. Les deux Princes s'embrafferent en pleurant & fe réconcilierent. Dgioufch* begh, quoiqu'il fût en partie auteur de la révolte, fut également bien reçu. A l'égard de Dobais, lorfqu'il eut été informé de la déroute de Mafoud, il alla ravager les pays de la dépendance du Sulthan. Mahmoud lui écrivit plufiurs fois pour le faire rentrer dans le devoir : mais le rebelle n'ayant point voulu obéir, ce Prince fut obligé de

(x) L'an 514 de l'Hegire.

marcher

marcher contre lui. Dobais quitta auffi-tót Hella & fe refugia à Maredin auprès d'Il-ghazi. On convint enfuite qu'il Après J. C. Sandgiar enverroit fon frere Manfour en ótage, & le Sulthan lui Mahmoud. permit de revenir à Hella.

rage.

Il étoit important d'appaifer promptement ces troubles; Aboulfedha il s'avançoit du côté du nord une grande armée de Bar boulfabares compofée de Georgiens (a), de Khozars & de Cap- 4. tchaqs; ces deux derniers peuples demeuroient au nord Guillaume de la Georgie depuis le Tanais, & s'étendoient du côté de Tyr. de l'orient le long du bord feptentrional de la mer Cafpienne, jufques par-de-là le Jaïck. Ils entrerent dans les terres des Mufulmans par la Georgie, traverferent la Mefopotamie, & s'avancerent jufqu'à Tellbafcher où regnoit Tancrede; ils tinrent cette place affigée pendant un mois. De-là ils marcherent vers Alep où ils firent beaucoup de ravage. L'Emir Il-ghazi, Dobaïs, Thogrul-begh roi d'Arran & de Nakhdgiouan réunirent toutes leurs forces pour arrêter ce torrent. Leur armée montoit à trente mille hommes. Ils fuivirent les Khozars dans leur retraite jusqu'à Tephlis capitale de la Georgie, & fe rangerent en bataille proche de cette ville. Dans le temps que le combat alloit commencer, deux cens Captchaqs fe détacherent du reste de l'armée & s'approcherent des Mufulmans, qui s'imaginerent qu'ils venoient se rendre, & les laifferent avancer. Les Captchaqs entrerent dans les rangs & lancerent leurs fléches de tous côtés. Les Mufulmans firent quelques mouyemens qui firent croire à ceux qui étoient à la queue que l'on prenoit la fuite. Tous se culbuterent les uns fur les autres. Les Khozars profiterent de cette déroute, pourfuivirent leurs ennemis l'efpace de dix parafangues, firent quatre mille prifonniers, & allerent affiéger Tephlis (6), L'an 1121. dont ils s'emparerent. Thogru-begh, Il-ghazi & Dobaïs revinrent dans leurs Etats.

Le Sulthan Mahmoud étoit toujours attentif fur la conduite de ce dernier qui avoit porté Mafoud à fe revolter Aboulfedha contre lui. Ac-fancar-el-bourski qui avoit beaucoup con- Novairi,

T

(a) es Hiftoriens Arabes difent que les Géorgiens font des Khozars.

Tome II.

(b) L'an 515 de l'Hegire.

Hh

Benelathir.

Sandgiar.

,

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tribué à rétablir la paix entre les deux freres, avoit eu pour Après J. C. récompenfe de fes fervices Mouffoul, le Dgeziret, la ville Mahmoud. de Sandgiar, Nefibin & les autres places voifines, Emad-eddin Zenghi, la ville de Vafeth. Le premier avoit ordre de veiller à la garde de Bagdad que Dobaïs, qui s'étoit brouillé avec le Khalif Mostarsched fe propofoit de détruire. Ac-fancar & Zenghi infiruits de fes deffeins s'approcherent d'Hella avec leurs troupes pour combattre Dobaïs; mais une terreur panique s'empara tout-à-coup de leurs foldats L'an 1122. qui rentrerent (2) dans Bagdad, où ils refterent pendant quelque tems. Ac-fancar y époufa la fœur de Mafoud & obtint le gouvernement de l'Eraque. Il eut enfuite quelques conférences avec Dobaïs; mais comme elles n'eurent point le fuccès qu'on en attendoit, Dobaïs fit marcher fes troupes vers Vafeth, au fecours de laquelle Ac - fancar envoya promptement l'Emir Altoun - tafch - el - annari & Emad-eddin-zenghi. Ces deux Généraux battirent l'armée de Dobaïs, & firent un grand nombre de prifonniers. Zenghi entra dans Vaseth, & eut à cette occafion le gouvernement de Bofra. Dobaïs s'approcha de Madain & pilla tous les environs de la riviere de Moulk qui eft auprès de cette ville. La plupart des peuples fe refugierent dans Bagdad. Il fit cependant demander la paix, mais le Khalif la lui ayant refufée, il jura de venir dans cette ville, de la détruire & de paffer au fil de l'épée tous les habitans. L'efpérance du pillage dans une ville auffi riche que Bagdad,attira auprès de lui tous les Arabes ; fon armée devint très-nombreuse. Le Khalif Moftarsched, en apprenant (b) cette nouvelle ne fe crut plus en sûreté dans L'an 1113. fon palais, & prit le parti de paffer dans l'armée d'Ac-fancar qui étoit campée à l'occident du Tigre. Ce Khalif fortit de Bagdad revêtu de tous fes habits de cérémonie. Il avoit fur fa tête le turban & le voile noir, le manteau de Mahomet fur fes épaules, & le bâton de ce prophête des Mufulmans à la main. Tous fes Officiers & une foule innombrable de peuples le fuivoient. Ac - fancar alla au

,

(a) le 2 de Rabi-cl-akher de l'an 516. ( b ) L'an 517 de l'Hegire.

devant de lui, & le reçut avec beaucoup de refpect. En-
fuite on fe prépara au combat. Emad-ed-din-zenghi com-
manda l'aile droite, l'Emir Aboubekr-el - yakhdgi l'aile
gauche, & Ac-fancar le centre. Le Khalif étoit derriere
l'armée en priere, ayant devant lui l'Alcoran. Dobaïs avoit
rangé de même fon armée; fon Infanterie étoit foutenue
par la Cavalerie, il avoit dix mille cavaliers & cinq mille
(a) hommes de pied. L'armée du Khalif étoit de huit mille
cavaliers & cinq mille piétons. L'aile gauche de Dobaïs
commandée par Antar chargea d'abord Aboubekr, mais
elle fut obligée de reculer. Elle revint à la charge une
feconde fois, & Aboubekr qui ne put foutenir ses efforts,
étoit prêt de prendre la fuite, lorsque Zenghi, qui s'en
apperçut, accourut à son secours avec les troupes de Va-
feth. Il attaqua l'ennemi par derriere & le mit entre deux
feux. Le Khalif qui avoit vû qu'Aboubekr ployoit, avoit
mis l'épée à la main, & vouloit se jetter dans la mêlée;
quoiqu'on l'en eût empêché,fon action cependant contribua
beaucoup à ranimer le courage des foldats; ils étoient
foutenus par Zenghi & par un nouveau corps de trou-
pes qu'Ac-fancar avoit mis en embufcade, & qui pendant
l'action étoit tombé par derriere fur l'armée de Dobaïs.
Celui-ci enveloppé de toutes parts fut mis en déroute & les
Arabes fe précipiterent les uns fur les autres dans une
petite riviere appellée Nil. Les Hiftoriens prétendent que
le Khalifne perdit dans cette action (6) que vingt cavaliers.
On fit un grand nombre de prifonniers qui furent tous
égorgés par
les ordres de Moftarfched. Les femmes de
Dobaïs furent envoyées à Bagdad. Dobaïs après avoir couru
un grand danger,fe fauva parmi les tribus des Arabes, chez
lefquelles il ramaffa quelques troupes & vint piller Bofra;
mais l'arrivée d'Ac-fancar l'ayant obligé de décamper, il
se rendit au château de Dgiaber, où il fe joignit aux Francs
& alla avec eux faire le fiége d'Alep. Après la levée du
fiége, il les quitta & se retira (c) auprès de Thogrul - begh

(a) Selon Novairi, Ben-el-athir en met douze mille.

(b) Ce combat fut donné dans le mois Mouharram de l'an 5 7.

(b) L'an 518 de l'Herire

Après J. C.
Sandgiar.

Mahmoud,

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