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L'an 928

portoit en Tartarie celui de Kuen-tchi-khan. Il mourut cette année, & fon frere Tcieou-in lui fucceda fous le titre de Après J.C. Gin-yu-khan. Il obtint des Chinois en différens tems les titres de Chun-hoa-khan & de Fong-hoa-khan. C'est à ce Prince probablement qu'Elias s'adreffa pour avoir des fecours, qui le mirent en état de foutenir fa revolte. Une troupe de Turcs prit les armes en fa faveur ; mais toute L'an 943l'armée d'Elias qui montoit environ à trente mille hommes fut mise en déroute. Elias fe fauva de rechef à Ferghana, & après une feconde déroute, à Kafchgar qui appartenoit aux Hoei-ke. Le Khan de ces Turcs étoit prêt à prendre part encore dans une revolte contre les Samanides. Abdallah fils d'Aschkam qui en étoit le chef, implora son secours; mais Nouh Sulthan des Samanides qui retenoit à Bokhara un fils de ce Khan, le lui renvoya fur le champ. Il fçut engager par-là ce Khan à ne point prendre les armes & le rebelle abbandonné, fut obligé de quitter le Kharifme, & de fe rendre. Fong-hoa-khan eut pour fuccef- L'an 961. feur fon fils King-kiong qui envoya cette année des préfens aux Chinois. Il en renvoya dans la fuite en même- L'an969. tems que les peuples de Khoten.

L'an 992.

Les Hiftoriens Arabes donnent alors aux Turcs un Khan appellé Schehab-eddoulet, Bogra-khan-illik furnommé Haroun; ils nous apprennent que ce Prince s'approcha de Bokhara dans le deffein de s'en emparer. Nouh Sulthan des Samanides fut vaincu, mais dans une feconde action il battit le Khan & l'obligea de s'en retourner à Balafgoun Capitale de fon Empire. L'année fuivante Bogra - khan L'an 993. rentra dans les Etats des Samanides, & prit Bokhara. On remarque qu'il poffedoit alors Kafchgar, Balafgoun, Khoten, Tharas, & que fes Etats s'étendoient jufqu'aux frontiéres de la Chine, ce qui ne convient qu'au Khan des Hoei-ke. Quoiqu'il en foit Bogra - khan, à l'inftigation de Semjour gouverneur du Khorafan pour les Semanides, s'avança, dans cette expédition, jufques dans le Giorgian; mais peu de tems après qu'il eut été maître de Bokhara, il tomba malade, & voulut reprendre la route de fes Etats. Les habitans de Bokhara pillerent toute l'arriére-garde de

Après J. C.

L'an

997.

fon armée, & il mourut prefqu'auffi-tôt, laiffant fon Em-
pire à Illik-il-khan, furnommé Schams-eddoulet Abou-naf-
rahmed.

Lorfque ce nouveau Khan eut appris la mort de Nouh
Novairi Prince des Samanides, il accourut à Samarcande où il
fut joint par le rebelle Phaiq qu'il envoya à Bokhara. Mais
la mort de Phaiq qui arriva peu de tems après, obligea
L'an 999. Illik-il-khan d'aller lui-même à Bokhara avec tous les Turcs.
Plusieurs Emirs,entre autres Bactouroun fe rendirent à lui,&
il entra dans cette ville (a). Alors la Dynaftie des Sama-
nides qui avoit regné pendant 129 ans fut détruite. Ab-
d-ol-melek qui en étoit le dernier Prince fut fait prifon-
nier. Un refte du parti des Samanides commandé par Abou-
Ibrahim Prince de la même famille, qui avoit trouvé le
moyen de s'échapper de la prifon entreprit de fe fou-
tenir dans le Kharifme; il envoya des troupes contre les
Turcs, & reprit Bokhara ; mais Illik-il-khan les enchassa une
feconde fois & les obligea de fe retirer à Nifabour. Ces Sa-
manides fe joignirent enfuite aux Uzes, autre race de
Turcs; ils
ils attaquerent enfemble Illik-il-khan dans les envi-
Lie-tai-ki- rons de la ville de Samarcande; tous ces combats ne fervi-
Su.
rent qu'à retarder la ruine des Samanides. L'année d'au-
paravant un Khan des Hoei-ke que les Chinois nomment
Vam-lou-ching,& qui doit être le même qu'Illik-il-khan en-
voya des tributs à l'Empereur des Song. Les Chinois re-
marquent que fes Etats s'étendoient depuis les frontieres
de la Chine jufqu'au Maouarennahar.

L'an 1002.

L'an 1010. Ven-bien. tum-kao.

Un autre Khan des Hoei-ke nommé Ye-la-li, qui résidoit à Kan-tcheou fut battu par les Tartares Khitans, qui lui enleverent So-tcheou. Depuis environ l'an 907 ces Tartares avoient établi un puiffant Empire dans le nord de la Chine. Ils tiroient leur origine de ces anciens Sienpi que les Huns avoient vaincus autrefois. Ils étoient gouvernés par des chefs, & demeuroient au nord du Leaotong & du Petcheli. A-pao-ki les fit fortir de l'oubli dans lequel ils avoient été jufqu'alors. Il devint puiffant &

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chef de toute la Nation; il foumit toute la Tartarie qui eft au nord de la Chine, & fuccéda à la puiffance des Hoei-ke. Ses fucceffeurs firent de grandes conquêtes dans la Chine, y prirent le titre d'Empereur, & donnerent alors à leur Dynaftie le nom de Leao. Ils obligerent infenfiblement les Hoei-ke à fe retirer davantage du côté de l'occident, en leur enlevant les places qu'ils occupoient fur les frontiéres de la Chine.

tous,

Après J. C.

Novairi.

L'an 1017.

Ces Hoei ke étoient gouvernés par différens Khans. L'an 1011: Un d'eux nommé Ye-lou-ke demeuroit à Kan-tcheou, un autre appellé Gan-mi à Tin - tcheou, &. l'un & l'autre recherchoient la protection des Chinois contre les Leao. Il y en avoit un autre qui réfidoit à Akfou, fon Empire étoit très-confidérable & s'étendoit jufques aux pays des Mahometans. On lui donnoit le titre de Sse-tse-vam. C'est apparemment Illik-il-khan qui laiffa en mourant fon Empire à fon frere Toghan-khan. Sous le regne de ce Prin- L'an 1012. ce les Khitans firent une grande irruption du côté de l'oc- Aboulfedah cident; leur armée montoit à plus de trois cens mille hom- Aboulfames, ils s'approcherent de Balafgoun où ils mirent tout radge au pillage. Toghan-khan rassembla auffi-tôt fes armées, les obligea de retourner dans leur pays, les défit prefque & leur enleva un butin immenfe, beaucoup de vafes & plufieurs autres raretés de la Chine. Ce Prince mourut quelque tems après, & Aboulmodhaffer Arflan - khan lui fuccéda. Les Khitans firent une nouvelle irruption vers L'an 1025. Kan-tcheou, & furent battus par les Hoei-ke. Mais dans Lie-tai-kila fuite les Princes de la Dynaftie de Hia qui s'étoient L'an 1036. établis fur les frontiéres occidentales de la Chine enleverent aux Hoei-ke-So-tcheou, Kua-tcheou & Cha-tcheou. Il eft encore fait mention d'un Khan de ces Turcs nom- L'an 1043. mé Scharf-ed-doulet qui partagea fes Etats entre fes parens Bogra-khan, Toghan-khan & Aly-teghin. C'eft fous le premier que les Turcs Seljoucides commencerent à paroître. Les Hoei-ke d'Orient envoyerent alors des tributs aux Tartares Khitans. L'hiftoire nous apprend que deux de leurs Khans, l'un nommé Ho-li-khan, l'autre Houo-la-fan qui regnoit à Cha-tcheou en envoyerent enfuite aux Tar

fu.

Après J. C.

L'an 1257.

tares de Niu-tche qui fuccéderent aux Khitans ; ils continuerent à le faire pendant tout le regne de cette Dynaftie. Enfin ils en envoyerent aux Mogols fous le regne de Mangou-khan; depuis ce tems ils ont été confondus avec tous les autres Tartares. L'Empire de la Tartarie passa fucceffivement aux Tartares Khitans & aux Niu-tche qui le poffederent jufqu'au tems de Genghis-khan.

Les Hoei-ke furent les premiers peuples de la Tartarie qui eurent des liaisons plus particuliéres avec les Mahometans; ils ont été confondus par les Hiftoriens Arabes & Perfans, avec les autres Turcs qui étoient venus établir leurs campemens dans le Maouarennahar. Tous ces Turcs ne cefferent plus de faire des courfes dans l'Empire des Khalifs. Dans la fuite ils pénétrerent d'avantage du côté de l'occident, & formerent un grand nombre de Dynafties qui enleverent aux Khalifs la plupart de leurs Provinces. De fimples efclaves Turcs s'emparerent de l'Egypte, où ils s'établirent fous le nom de Thoulounides & d'Ykhschidites; d'autres appellés Ghaznevides fe rendirent maîtres du Khorafan & d'une partie des Indes. Après eux parurent les Seljoucides qui fe partagerent en plufieurs branches; l'une s'établit dans la Perfe & prit Bagdad, fa domination s'étendoit depuis Antioche jusqu'au Turkeftan. Une feconde branche regna dans le Kerman, & dans quelques autres Provinces de Perfe voifines des Indes. Une troifiéme ne fut arrêtée que par le détroit de Conftantinople, & enleva aux Grecs toute l'Afie mineure. Enfin une quatriéme s'établit dans Alep & Damas. Une foule de Turkomans fe répandit en même-tems dans l'Armenie & dans toutes les Provinces voifines où ils fonderent plufieurs petites Principautés. Quelques Officiers des Seljoucides, connus fous le nom d'Atabeks, formerent de puiffans Empires dans la Syrie. L'invafion de tant de barbares défola toutes ces contrées orientales; la Terre-Sainte conquife & reduite dans une dure captivité par les Turcs anima les Chrétiens; prefque toute l'Europe mit fur pied des armées innombrables, qui fous le nom de Croifés pafferent en Afie & chafferent de Jérufalem les Turcs.

Cetta.

Cette puiffance formidable commençoit à s'ébranler de tous côtés, Saladin la détruifoit dans la Syrie; les Kalifs Après J. C. avoient recouvré quelques-unes de leurs Provinces ; la divifion achevoit de détruire cette Nation barbare; les Sulthans de Kharizme, quoique de race Turque renverfoient l'Empire des Seljoucides; mais ils paroiffoient à leur tour ménacer toute la partie occidentale de l'Asie; ils avoient pénétré jufques dans la Syrie, & St. Louis fe hâtoit d'aller fecourir la Terre - Sainte, quand Genghizkhan fortit du fond du Turkeftan, traverfa d'immenfes pays, détruifit l'Empire des Kharizmiens, & inonda tout le refte de l'Afie. Ses enfants qui continuerent fes grands projets foumirent tout le vafte Empire de la Chine; la Perfe fut conquife, l'Afie mineure défolée, la Russie réduite en Province, & la Hongrie ravagée. Pendant ce tems-là,quelques reftes des Seljoucides qui s'étoient fauvés dans les montagnes de l'Afie mineure, fortirent de leur retraite & jetterent les fondemens de l'Empire des Turcs Ottomans qui enleverent dans la fuite Conftantinople aux Chrétiens.

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Le Turkeftan voyoit s'élever alors un chef de Horde qui renverfa le vaste Empire de Genghiz-khan; le fameux Tamerlan parcourut prefque toute l'Asie, & vint pour ainsi dire jufqu'aux portes de Conftantinople. L'Egypte étoit fous la domination d'une milice formée d'efclaves qui tiroient leur origine du Turkeftan. Tamerlan établit un puiffant Empire, dont les débris ont donné naissance à l'Empire des Indes. Les autres Princes de fa poftérité regnent encore dans la Tartarie qu'ils partagent avec des defcendans de Genghiz-khan; tel est le tableau des grandes revolutions qui vont former la fuite de cet ouvrage ; mais avant que d'entrer dans ce détail, nous allons rapporter l'histoire d'une branche de Turcs qui a poffedé l'Empire de la Chine.

Tome II.

E

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